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30 avril 2015

Pourriture

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Un matin ordinaire, celui du mercredi 29 avril.

La médiathèque Emile Zola.

Une place fortifiée.

Des stands dressés par de jeunes gens.

« Engagez-vous ! »

Oui, belle jeunesse de France, engage-toi !

Engage-toi dans cette armée qui guerroie au nom de causes que les Puissants nous disent nobles puisqu’elles en référent aux libertés et à la démocratie.

Engage-toi, gamin de 17 ans qui jamais ne saura qu’à cet âge-là on a surtout le devoir de ne pas être sérieux.

Engage-toi, afin de ne pas connaître les affres du chômage, de subir dans ton quotidien l’humiliation de devoir quémander ton pain quotidien.

Me voici, moi, au cœur de cette enceinte consacrée à Emile Zola, l’homme du « J’accuse ! », l’homme que la vieille droite si peu républicaine mais si viscéralement antisémite voua aux gémonies, me voici contraint de frayer mon chemin vers la Culture et les Lumières parmi la soldatesque, étranger en mon chez moi, cerné par de jeunes gens formatés pour mener des missions dont les objectifs réels me sont dissimulés.

Je ne ressens ni haine ni mépris pour ces jeunes gens qui ont choisi l’inconfort de la servitude.

Je comprends que la société dans laquelle il leur fut suggéré de s’inventer les espaces de leur survie ne leur offrait rien qui se situât à la hauteur de leurs rêves plus que de leurs ambitions.

En cet instant-là, je me suis refermé sur moi-même après avoir endossé ma carapace, celle que le vieil homme s’est confectionné et qui le protège des agressions commises au quotidien par ceux qui exercent jusqu’aux plus hautes fonctions.

Engage-toi belle jeunesse !

Dans quelques mois, tu embarqueras vers de lointaines destinations, là où au nom de la France, donc de moi-même, des engalonnés te donneront l’ordre de tuer.

Puisque telle est la vocation du soldat.

Tuer l’ennemi, ou ce qui ressemble à l’ennemi, ou ce qui pourrait prendre les apparences de l’ennemi.

Je me suis alors immergé dans la Culture et les Lumières.

Puis je m’en suis revenu jusqu’à mes espaces familiers, là où la Culture et les Lumières occupent également une place de choix.

J’ai repris contact avec le monde que l’on dit réel, via la station de l’information itérative.

Enoncée par une voix neutre, une voix éminemment professionnelle, l’abomination censée avoir été perpétrée en Centre Afrique par quelques jeunes gens me foudroya.

Bien que j’eusse appris depuis fort longtemps que toutes les soldatesques, dans des contextes identiques, finissent toujours par commettre des actes qui constituent autant d’outrages aux valeurs qui me furent enseignées dès ma plus tendre enfance.

Des jeunes gens chargés d’une mission prétendument fort noble auraient violé des gamins que des organismes aux apparences humanitaires entassent dans des centres qui ne les protègent de rien.

Et surtout pas du pire, en surajoutant à leurs souffrances et à la peur toujours plus de souffrances et de peurs.

Au prix de quelques rations alimentaires, tant il est vrai que ces gamins-là souffrent également de la faim.

Je conditionne, puisque les diffuseurs de cette terrifiante information la conditionnent eux aussi.

Ce que l’on appelle dans le jargon officiel « la présomption d’innocence ».

Mais tout de même, et c’est en raison de ce « tout de même » que je suis submergé par une effroyable envie de vomir.

Le pire du pire se situe-t-il dans les actes commis par des jeunes gens affublés d’un uniforme ?

Ne se camoufle-t-il pas et même un peu plus dans la volonté, dans l’acharnement mis en œuvre par tous ceux qui depuis un an connaissaient les tenants de cette affaire qui me fait outrage (comme elle devrait faire outrage à toute la communauté nationale) ?

Les bureaucrates de l’ONU, c’est vrai, qui s’en prennent à celui qui osa révéler l’affaire à l’opinion pulique, un renégat, un traître aux yeux de ces bureaucrates.

Mais encore et surtout la haute hiérarchie militaire française, le ministre de la défense (et accessoirement marchand d’armes au service de Dassault) et qui sait d’autre encore au sein de cette bulle étatique où grenouille la caste des Enarchiants convaincus qu’ils n’ont aucun compte à rendre au Peuple.

Un crime, plus abominable encore que les crimes peut-être perpétrés par des post-adolescents formatés pour reproduire les vieilles mais toujours vivaces mythologies qu’exalte une armée qui ne fut jamais celle de la République.

Massu, Bigeard et consorts ne sont pas tout-à-fait morts.

Le fait colonial lui non plus.

La France, leur France à eux tous est pourrie, gangrenée, abîmée, défigurée.

Elle ne l’est pas seulement en raison de cette affaire-là.

S’accumulent depuis l’accession du Roi François au trône tant et tant de scandales, de Cahuzac en Dassault, de Jouvenceau en Jouvencelle si prompts à abuser des deniers publics, qu’il me faudrait des pages et des pages pour dresser la liste des turpitudes commises par des individus auxquels le Peuple n’a confié d’autre mandat que de servir le Bien Public.

Cette caste, qui n’est rien d’autre qu’une aristocratie décadente, m’inflige les pires outrages.

Elle me les inflige d’autant plus qu’elle feint de se parer des atours du socialisme, ce mot d’un avenir désormais forclos, tant il est vrai que de reniements en reniements, de trahisons en trahisons, elle l’a vidé de toute sa substance, faisant naître au sein du Peuple un désespoir qui augure de funestes perspectives.

Le délitement atteint à un tel niveau qu’en dépit de ses propres turpitudes, le parti que fonda l’Immonde Facho apparaît chaque jour un peu plus comme le seul recours aux yeux de tant de femmes et d’hommes de ce pays dans lequel je ne puis plus me reconnaître.

Je m’exile de cette communauté nationale afin de ne pas l’accompagner dans la marche vers l’avilissement, vers la décomposition, vers l’instauration d’un système autoritaire et très probablement totalitaire dont ce pays dans lequel je ne naquis que par hasard est si familier.

Je ne puis continuer à me voiler la face et continuer à faire semblant de croire en une démocratie qui ne m’accorde d’autre pouvoir que de participer à l’entreprise de dépérissement de cette démocratie, un dépérissement initié par l’aristocratie décadente que j’évoquais ci-dessus.

Une aristocratie repliée sur elle-même, une aristocratie sans noblesse ni de cœur ni d’âme ni d’esprit.

Une aristocratie de vils roturiers, d’aventuriers, de spadassins dévoués à la défense des intérêts des Médéfieux.

Je m’exile.

Je ne voterai plus.

Je n’apporterai plus la moindre caution à une caste qui, sous le couvert d’une phraséologie aux apparences conformes à l’idéal républicain, crée aujourd’hui les conditions de l’émergence du parti qui véhicule les miasmes de la peste et du choléra.

Je suis en souffrance.

Mais j’ai la conviction que ma survie tout autant que celle de mes contemporains m’imposera, m’impose déjà de me délivrer de ce qu’il me reste de mes vieilles pesanteurs, celles qui m’ont contraint depuis si longtemps à me figer dans un immobilisme et un conformisme indignes de mes rêves de jeunesse.

Le peu de la Culture dont je dispose m’oriente vers les Lumières et non vers les ténèbres.

Je redresse ma vieille carcasse.

Je ne renonce pas.

J’essaie tout simplement de m’extraire du vieux monde.

Donc de renaître.

 

A Voce Rivolta !

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