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Comédies

26 avril 2024

Les oeillets de Lisbonne

Une chanson.

Une chanson que je fredonne depuis cinquante ans.

Une chanson qui me remue les tripes, comme elle me les remua en ce jour d’avril 1974.

Intacte, vivante, réveillant des émotions, les belles émotions qui s’assortissent de quelques larmes.

Un matin a priori comme un autre.

Se lever, sans doute aux alentours de sept heures.

Préparer le café.

Mettre en marche le transistor, quelques minutes avant que ne se fasse entendre le jingle préludant au bulletin d’information de France-Inter.

Le rituel du petit-déjeuner.

Tartines de confiture, puis tartines beurrées, et pour conclure le grand bol de café noir.

La litanie des informations auxquelles je n’ai prêté que peu d’attention ce matin-là.

Et puis, tout-à-coup, quelques mots qui m’incitèrent à réagir, à réveiller cette attention encore somnolente.
Quelques mots qui disaient…

Qui disaient quoi ?

Portugal. Lisbonne. Coup d’état militaire ? Putsch ?

Ma mémoire ne me restitue rien de net, de précis.

Sauf que, quelques mois seulement après un autre coup d’état militaire, ma sensibilité était à vif.

Était-on en train, à Lisbonne, de substituer à une dictature fasciste finissante une dictature militaire qui se chargera de parachever les guerres coloniales conduites par l’Etat portugais ?

Quelques mois auparavant, au Chili, à Santiago, la soldatesque à la remorque des USA instaurait une dictature sanglante.

Quelques années auparavant, en Grèce, à Athènes, la soldatesque à la remorque des USA instaurait une dictature sanglante.

J’étais échaudé, rendu plus que méfiant envers toutes les soldatesques.

25 avril 1974. Portugal. Lisbonne. Coup d’état militaire ? Putsch ?

L’ultime tentative pour sauver le pouvoir fascisant du désastre que laissaient entrevoir les guerres coloniales ?

Beaucoup d’interrogations sur les événements qui avaient cours en ce pays que je connaissais si mal.

Des interrogations auxquelles mes camarades bolcheviques répondaient alors si peu et si mal.

En ce 25 avril 1974, puis dans les jours qui suivirent.

Des réticences, et bien plus que cela, une méfiance assortie de sourdes condamnations.

Ce que à quoi j’aurais alors pu souscrire.

Sauf que France-Inter m’avait donné à entendre, (le surlendemain ou quelques jours plus tard ?) une chanson.

La chanson qui s’ouvrait sur le bruit de pas cadencés, lesquels pas semblaient se rapprocher de celle ou de celui qui les écoutait, qui enflait et atteignait à une sorte de paroxysme, avant que ne sa fasse entendre tout aussitôt la voix d’un chanteur.

La chanson du déclenchement des opérations militaires.

Diffusée par les militaires rebelles aux alentours de minuit.

Chanson alors interdite de diffusion par l’état fasciste.

Ce que j’apprendrai plus tard.

La chanson qui disait dans une langue que je ne maîtrisais pas des paroles qui n’étaient évidemment pas celles dont auraient pu faire usage des militaires empressés de sauver l’état fasciste du désastre.

Grândola, vila morena Terra da fraternidade

Les seules paroles que je fusse alors en mesure de retenir. Celles qui se gravèrent à tout jamais dans ma mémoire.

Il y avait là ce beau mot, fraternidade.

Il fut pour moi le révélateur que ce qui se passait à Lisbonne et dans tout le Portugal n’avait rien à voir avec le coup d’état fasciste soutenu par les Américains.

(Le Portugal fasciste avait été admis, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, au sein de l’OTAN !)

Fraternidade !

Ce qui se concrétisa dès les premières heures de la matinée de ce 25 avril dans les rues de la capitale portugaise par l’irruption de dizaines, de centaines de milliers de femmes et d’hommes qui de manière implicite accouraient apporter leur soutien aux jeunes officiers et aux hommes dits de troupe qui avaient pris le risque de s’en venir donner le coup de grâce à l’état fasciste.

Avec ce symbole des œillets.

Une marée d’œillets.

Dans les canons des fusils et des chars.

Dans les mains de celles et de ceux qui s’initiaient ce 25 avril 1974 à la liberté.

La suite ne fut évidemment pas à la hauteur de cette Révolution dont les acteurs majeurs ne s’accaparèrent pas le pouvoir.

Mais depuis 50 ans, chaque 25 avril, je commémore la Révolution des œillets.

A ma façon.

En écoutant Zeca Afonso.

Grândola vila morena.

En regardant quelques images de la liesse populaire qui s’empara de Lisbonne, lorsqu’il devient évident que Les capitaines d’Avril et leurs compagnons n’exigeaient rien d’autre que l’instauration de la démocratie et la fin des guerres coloniales (assortie de l’indépendance des pays africains concernés).

Fraternidade !

Fraternidade !

 

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22 janvier 2024

Tabellionne

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Le préposé déposa dans ma boîte aux lettres un courrier qui m’était adressé par certaine association intitulée ALERTE MONTPELLIER.

Je crus, avant même d’ouvrir l’enveloppe, qu’il s’agissait d’une missive transmise par les services de Météo-France et destinée à m’informer sur les éventuelles conséquences pour ma vie quotidienne du réchauffement climatique.

J’avais « tout faux »!

Ledit courrier aux tonalités quadricomiques provenait d’une certaine dame Perrein, tabellionne de son état.

Laquelle dame Perrein me sollicite pour la rejoindre et l’accompagner (moyennant le versement de la modique somme de 5 euros) dans son combat destiné à sauver la ville de Montpellier du désastre et, accessoirement, de l’aider à conquérir la mairie de cette belle cité lors des prochaines élections municipales (qui auront lieu en 2026, soit donc de longs mois après ma mort).

Isabelle (Perrein), la tabellionne, me déclare : « C’est aussi le moment de dresser le bilan de l’année écoulée et de constater ensemble une détérioration de notre cadre de vie, que ce soit en matière de sécurité, de propreté, de circulation ou de pouvoir d’achat. »

Un étrange amalgame qui n’éclaire pas sur la place que dame Perrein entend occuper sur l’échiquier politique dans une ville où il est vrai que le personnel politique (lui aussi) prend un malin plaisir à brouiller les cartes.

Mais dont le propos me laisse subodorer que ladite dame se situe sur le versant dextre, c’est-à-dire du côté des résidus de la vieille droite aujourd’hui dépendante du bon vouloir des amis de Marine, mais aussi solubles dans les eaux saumâtres de macronisme finissant.

Je ne puis donc offrir à dame Perrein que les rafraîchissantes et innocentes paroles de Les bourgeois, la chanson de Brel, chanson qui à la différence d’Isabelle, n’a pas pris une ride.

« Et quand vers minuit passaient les notaires
Qui sortaient de l'hôtel des "Trois Faisans"
On leur montrait notre cul et nos bonnes manières
En leur chantant:

Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons

Plus ça devient vieux plus ça devient c... »

 

 

 

12 janvier 2024

Rachida

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Cela tient du prodige !

Ce dont j’avais rêvé, ce que j’attendais, ce que j’espérais depuis des lustres s’est enfin produit.

Grâce soit donc rendue au Monarque !

L’esprit gaullien, l’âme gaullienne revivent en ces premiers jours de l’an 2024.

Le Ministère de la Culture n’est plus confié à des moins que rien, des sans intelligence, des privés d’imagination.

Le Ministère de la Culture est enfin attribué au seul et vrai (quoique très lointain) successeur d’André Malraux.

Quelqu’un qui certes n’a toujours pas abattu les chênes ni résolu les questions inhérentes à la Condition humaine.

Quelqu’un qui n’a pas eu l’opportunité de rendre hommage, au Panthéon, à Jean Moulin.

Mais quelqu’un doté d’une culture encyclopédique dont j’ai la conviction qu’elle s’est nourrie des plus grands textes que nous a légué le Siècle des Lumières.

Une femme.

D’une intelligence rare.

Une femme/homme politique, certes.

Mais une femme, soucieuse du Bien commun, et dont la seule exigence est de servir ce peuple qu’elle révère.

Rachida Dati.

La nouvelle Ministre de la Culture, dont les Lumières irradieront, j’en suis certain et conféreront enfin à la France dans le monde des Arts cette grandeur qui lui fait défaut depuis plus d’un demi-siècle.

L’intelligence triomphe !

Gloire au Monarque !

Gloire à Rachida !

Une brève et accessoire remarque à l’égard du Monarque.

Pourquoi n’a-t-il pas installé au Ministère des comptes publiques ce charmant et si distingué Jérôme Cahuzac dont le retour à la vie politique est lui aussi espéré par le peuple ?

Un homme si probe.

Un authentique socialiste vérolutionnaire.

Un grand et vivifiant rendez-vous manqué ?

 

 

 

 

 

 

14 décembre 2023

Gabriel Attal/Hoche

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Ah les braves gens !

Celles et ceux qui me (nous) gouvernent.

(Encore qu’en la matière, celle de l’exercice du pouvoir, la féminité n’a pas de sens : elle n’est que la stricte et conforme reproduction du comportement des mâles dominants… Donc, et à mes yeux, il n’existe dans la société politique, que des hommes politiques, mâles et femelles confondus.)

Je suis grand-père.

Je victorhugotte à mes heures perdues.

J’ai une petite-fille de bientôt treize ans qui fréquente un collège sis à Montpellier.

En classe de cinquième.

Laquelle classe est privée de son professeur de français depuis, si je ne me trompe pas, quelques semaines.

La professeure de français est « en arrêt maladie ».

Ce qui en soit n’a rien d’anormal.

Mais le non-empressement du Rectorat à pallier cette absence est condamnable.

Il constitue bien plus qu’une faute.

Il est le révélateur de la dégradation du service public d’enseignement.

Une dégradation voulue et organisée par les braves gens qui me (nous) gouvernent.

Avec l’arrière-pensée d’en finir avec la vieille machinerie étatique qui avait pris son essor au temps de Jules Ferry et de confier au seul secteur privé l’éducation des enfants et des adolescents.

Sous la houlette d’un Monarque qui n’a d’autre ambition que de bien servir les intérêts des Banquouilleurs et des Médéfieux.

Et qui est relayé au ministère de l’éducation dénationalisable par un post-adolescent dont les portraits quadricomiques laissent entrapercevoir des ambitions démesurées.

Un certain Gabriel Attal/Hoche.

Vous connaissez ?

 

 

30 novembre 2023

Un chêne est mort

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Il naquit au pays de mon enfance.

Voilà sans doute 400 ans.

Un noble et vigoureux vieillard, qui avait pris racine dans la terre d’Ardenne, est mort de sa belle mort.

Entouré de ses nombreux rejetons.

A Boult-aux-Bois.

Un chêne.

De ceux qui confèrent leur noblesse aux forêts, celles qui de l’Argonne jusqu’aux rives de Meuse et de Semoy, servaient de décors à Juliette, ma douce aïeule, ma conteuse, mon émerveillante.

350, 400, 500 ans ?

Les savants de l’ONF ne se sont pas encore prononcés sur l’âge exact de ce vénérable Seigneur.

Ils vont prendre le temps d’examiner la dépouille.

Avant qu’il ne lui soit rendu l’hommage, que ne s’exprime la gratitude des gens de là-bas.

Un arbre qui meurt.

Mais qui laisse derrière lui des générations d’arbres à sa ressemblance.

Un arbre meurt.

Et c’est un peu de moi qui meurt aussi.

 

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17 octobre 2023

Je me souviens

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Je n’avais pas encore vingt ans en ce 17 octobre 1961.

Sursitaire, j’avais échappé à la guerre d’Algérie.

Une guerre jalonnée de toutes ces horreurs que s’autorisent les Puissants.

Jusqu’au recours à la torture, comme une suite ignoble à ce qu’avait été l’ignominie de la collaboration.

Paris.

17 octobre 1961.

A l’appel du FLN, les Algériens s’en viennent manifester dans le cœur de la capitale.

Des gens aux mains nues.

Hommes, femmes, enfants.

Qui ne réclament rien d’autre que l’Indépendance de leur pays.

Une exigence intolérable pour les Darmanin de ce temps-là.

La police de la prétendue république tua dans les rues de Paris tant et tant de manifestants que le décompte des cadavres, soixante années après ces douloureux événements, reste toujours imprécis.

Des dizaines, des centaines de cadavres.

Dont ceux qui furent jetés en Seine.

Le crime d’Etat.

Perpétré par des spadassins placés sous l’autorité de Papon.

Papon qui avait auparavant, au temps de la collaboration, confié aux soins vigilants des nazis des enfants juifs.

Papon mort et enterré avec, sur la poitrine, cette légion d’honneur qui fut avec lui celle du déshonneur de la France.

 

Je me souviens.

 

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4 octobre 2023

Sa cabane au Canada

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« Ma cabane au Canada
Est blottie au fond des bois
On y voit des écureuils
Sur le seuil.
Si la porte n'a pas de clé
C'est qu'il n'y a rien à voler
Sous le toit de ma cabane au Canada. »

Que Line me pardonne : la ritournelle qu’elle chantait en mon âge d’enfance me fit longtemps imaginer une contrée paisible, peuplée de gens paisibles et, somme toute, un peu plus civilisés, un peu plus humains que nous ne l’étions, nous, les franchouillards, alors empêtrés dans nos guerres coloniales.

Force m’est de constater en ces premiers jours d’octobre de l’an 2023 que la réalité canadienne est beaucoup moins rose que celle que j’avais si longtemps imaginée.

Il s’est produit à Ottawa un « évènement » révélateur, lequel m’a contraint à réviser mes naïves positions si favorables au pays des grands espaces contés autrefois pour mon plus grand plaisir par quelques écrivains qui eurent en ces temps reculés l’heur de m’émerveiller.

En son Parlement, avec sa belle foule de parlementaires, avec son Président (un certain Trudeau), sous le regard émerveillé et complaisant du Président ukrainien, un ancien tueur nazi fut longuement ovationné après avoir été présenté aux béats canadiens comme un résistant hors normes à l’impérialisme soviétique.

Quand et dans quelles circonstances cet auteur d’une multitude de crimes contre l’humanité trouva-t-il refuge en ces contrées où l’on récolte le sirop de l’érable ?

Je l’ignore.

Les nazis qui avaient fui en 1945 l’Allemagne vaincue trouvèrent de ces refuges jusque dans les lointaines Amériques. (Leurs traces sont, par exemple, toujours présentes au Chili…)

Voici donc que se présente à Ottawa, à visage découvert, un vieillard, autrefois tueur d’enfants, massacreur impavide, capable encore d’esquisser le salut nazi, devant une assemblée prétendument démocratique, le pire de ce que l’humanité a jamais produit.

Voici le nazisme réhabilité, acclamé, encensé par des gens qui prétendent représenter ce que la civilisation occidentale a produit de meilleur, la démocratie.

Vue de France, elle est bien loin la cabane où réside la vieille, l’immonde ordure.

Encore ne faudrait-il pas oublier que le pays de Pétain, Laval, Doriot et consorts peine toujours à assumer sa collaboration à ce que l’Histoire de l’humanité a généré de pire dans l’abomination.

La Soha.

Un pays où Céline n’est toujours pas considéré pour ce qu’il fut vraiment, un nazi, pourvoyeur des camps de la mort.

 

 

 

 

28 septembre 2023

Un pays qu'on enchaîne

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De belles âmes me serinent avec insistance : Démocratie ! République ! Démocratie ! République !

Faisant ainsi référence au merveilleux pays dans lequel, selon les cas, nous vivons ou survivons.

(J’ai, pour ma part, la certitude d’y survivre. D’une part en raison de mon âge que j’ose ici qualifier de vénérable. D’autre part en raison de mes revenus que j’estime modestes, puisqu’ils ne m’accordent que l’usage du nécessaire à cette survie.)

Le pays des Lumières !

(Même si le Monarque et sa Cour, un ramassis de parvenus, d’aventuriers, de spadassins, ne connaissent, au mieux, que l’usage des lumignons…)

La Nation Phare à qui l’on doit l’essentiel de ce qui placerait leur France au-dessus de toutes les autres nations sur l’échelle des valeurs dites démocratiques et républicaines.

Depuis de longs mois, j’observe le silence.

Un silence qui n’est point celui auquel se soumet l’Apprenti.

Le silence d’un vieil homme fatigué, et qui pressent l’imminence de l’issue que l’on dit fatale.

Mais il arrive un moment, parce qu’il est tout de même resté un être pensant, où le vieillard culpabilise.

Son silence équivaudrait-il en effet à une acceptation de l’affligeant spectacle dont il est, malgré lui, un spectateur outré, blessé, outragé ?

Son silence traduirait-il de la complaisance, voir même une forme primitive de complicité, à l’égard des pratiques quotidiennes qui sont celles de ce Monarque (fruit blet de l’établissement public autrefois chargé de la formation des singes savants destinés à servir les Grands Maîtres es Capitalisme) et de sa Cour ?

Bien que quasi mourant, bien que privé de mon énergie vitale, il m’advient encore de rugir.

C’est vrai, je le confesse, je me suis tu en ces mois d’un hiver au cours duquel reîtres et spadassins éborgnèrent moult gens du peuple qui avaient alors eu l’outrecuidance d’endosser des gilets jaunes afin de signifier au dit Monarque et à sa Cour leur refus de subir plus longtemps les multiples avanies résultant de politiques qui ne profitent qu’à celles et ceux dont les fortunes ne connaissent, de la part de l’Etat, ni limites ni contraintes.

J’ai observé.

J’ai parfois applaudi à ce qui s’afficha, se proclama et se chanta Révolte plutôt que Révolution.

J’ai rugi de colère lorsque j’ai découvert les insoutenables images des mitraillages perpétrés par les reîtres et les spadassins commandés par des proto-fascistes installés dans le pire, le plus abjecte des ministères, celui auquel le Monarque confère l’exorbitant pouvoir non seulement de museler le Peuple mais surtout de le terroriser.

Cette colère-là, je ne l’ai alors pas exprimée sur la place publique.

Je fus silencieux lors des longs épisodes au cours desquels le Monarque contraignit son Peuple à la confination sous le prétexte qu’un mal sournois se diffusait à telle vitesse qu’il en allait du devenir de cette société exemplaire que Lui, ledit Monarque, propulsait vers un avenir radieux.

En dépit d’une longue débloguerie qu’un tout petit éditeur découvrit par hasard et me proposa d’en faire un livre qui aurait pu s’intituler Journal d’un confiné.

Ce que j’ai refusé.

Trop vieux, fatigué, me répétant sans cesse que la survie heureuse passe nécessairement par le repli, le silence, l’enfouissement au plus profond de ma tanière.

Alors même que quelques-unes de mes lectures m’informaient sur les turpitudes commises par celles et ceux qui figurent dans la catégorie supérieure, celle des Elites qui se proclament Irremplaçables.

Ces gens-là ont sauvé l’humanité de la catastrophe ultime en confiant à des apothicaires américains le soin de confectionner le remède miracle dont ils affirmèrent qu’il sauverait l’humanité d’une mort inéluctable.

Ces gens-là ont exigé des Irremplaçables le silence.

Ne rien divulguer des accords passés entre les Apothicaires et ces Irremplaçables chargés, en principe, de défendre les seuls intérêts des Peuples dont ils ne sont pourtant que les Mandants.

Madame Von, la Teutonne, la Présidente des Europes confédérables, ne révéla pas que son époux trafiquait avec l’un de ces surpuissants Apothicaires américains, lequel ami de Trump et de Biden engrangea en moins de deux ans de faramineux profits extorqués, au bout du compte, des poches des femmes et des hommes qui avaient naïvement cru que le remède miracle confectionné par cet Apothicaire américain les immuniserait contre cette mort pourtant inéluctable.

J’aurais dû rugir.

Je me suis quasiment tu.

Je fus ensuite très colère.

Le Peuple de France, celui des durs labeurs, celui des avenirs peuplés d’incertitudes, celui des souffrances endurées sous le regard même pas compatissant des Puissants, ce Peuple-là se dressa contre les iniques décisions du Monarque et de sa Cour, lesquels soucieux non seulement de complaire à Madame Von mais aussi d’appliquer scrupuleusement les lois infaillibles enseignées dans la défunte école où l’Etat/Mère forma tant et tant de singes savants qui énarchient aujourd’hui encore les glaireux étrons aux délicats relents néo-libéraux sous le regard énamouré des Médiatouilleux inféodés au Sérail.

Le Peuple chanta sa colère.

A son cœur, il accrocha le chiffon rouge.

Partout, en ce pays que le Monarque et sa Cour croyaient avoir anesthésié, il usa de ce si beau moment de la Démocratie, celui de l’expression de sa volonté.

Une volonté à ce point majoritaire que tout individu respectueux de la dite Démocratie en aurait tiré les conséquences qui s’imposaient alors.

Mais chez le Monarque la Démocratie n’a d’autre finalité que de concéder aux Puissants le droit de gouverner selon leurs croyances, des croyances dont je répète qu’elles leur furent enseignées au sein de l’Etablissement Public autrefois chargé de former les singes savants, répétiteurs des dogmes néo-libéraux.

Les damnés de la terre de France sont désormais condamnés, de par la volonté du Monarque, à travailler jusqu’au quasi-terme de leur existence (quand ce ne sera pas avant même qu’ils aient reçu l’autorisation de rompre le lien univoque que leur imposa leur patron de droit divin).

Mes vieilles jambes m’ont interdit de me mêler aux foules qui défilaient, ici, dans les rues de Montpellier, comme tant d’autres foules dans tant et tant d’autres villes de France.

J’ai somnolé.

Du plus profond de ma tanière, j’ai applaudi.

Et j’ai hurlé ma colère et mon indignation lorsque j’ai découvert les images des hordes de spadassins et de reîtres que le Monarque et sa Cour avaient tourné contre ces foules pacifiques et fraternelles.

Des hurlements muets puisqu’ils ne s’échappèrent pas des limites étroites formées par les quatre murs de ma tanière.

Donc des hurlements insignifiants.

Et voici qu’en ce début de semaine m’est parvenue, via la machinerie électroniquante, une information qui a remis en relation mes bataillons de neurones pourtant épuisés pour avoir été abusivement sollicités durant une bonne soixante d’années, celles de mes intenses (vive Moi !) activités intellectuelles.

Une jeune journaliste venait quasiment d’être embastillée (les autres Médiatouilleux si pudiques mais si peu solidaires firent usage dans leurs propos qui relataient l’affaire de garde à vue).

Trente six heures d’embastillement et d’interrogatoires menés par des sbires appartenant à ces services censés protéger l’Etat des curiosités incongrues.

Notre beau pays est en effet celui qui s’arroge le droit de vendre à celles et ceux qui en font la demande les armements, jusqu’aux plus sophistiqués.

Notre beau pays vend à tous les tyrans les engins de morts destinés à exterminer d’un seul mouvement le bon grain et l’ivraie.

Les massacres ne font plus la une de journaux dont les financeurs ont si souvent partie liée avec les marchands d’armes.

Leur France occupe une place de choix sur ce marché lucratif.

Tuez les tous, leur Dieu reconnaîtra les siens.

La jeune journaliste a enquêté sur ce marché infâme, sur ce marché indigne.

Les sbires ont reçu mission de la terroriser.

Trente six heures d’embastillement et quelles suites judiciaires ?

Pour l’exemple.

Afin que d’autres curieuses et d’autres curieux refrènent et contraignent leur possible désir de porter à la connaissance des citoyennes et des citoyens l’ignominie que constituent ces ventes d’engins de morts à des tyrans dont nul ne peut ignorer qu’ils sont tous des génocidaires.

Voilà, chères Belles Âmes, l’état de cette France dont vous me demandez qu’elle de croire qu’elle reste l’éclatant symbole des valeurs démocratiques et républicaines.

Un Etat qui terrorise afin que celles et ceux qui ressentiraient le besoin d’exprimer colère ou (et) indignation, de faire connaître des opinions contraires à celles qu’exprime sans jamais être contredit le Monarque.

Donc un Etat terroriste.

Qui n’est déjà plus ni républicain ni démocratique.
Réveillez-vous, Belles Âmes.

La France est déjà dans l’autre monde.

Le monde du fascisme camouflé sous les oripeaux qui avaient cour dans l’ancien monde.

Amis, Frères, Camarades n’entendez-vous pas les cris du pays qu’on enchaîne ?

Ne voyez-vous pas le vol des corbeaux sur nos plaines ?

L’ennemi ne vient pas d’Orient.

Il est confortablement installé au cœur de nos cités.
Il détient tous les pouvoirs, puisque sa démocratie n’est qu’un trompe-l’œil.

Que vos voix, que nos voix sont inaudibles si elles ne se rassemblent pas pour former le chœur unifié dont le chant fera vibrer les murs de ces cités.

Ohé partisans, ouvriers et paysans c’est l’alarme.

Avant qu’il ne soit trop tard.

Avant que le Monarque et la Gorgone n’annoncent leurs épousailles ?

11 septembre 2023

Salvador Allende

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Un jour d’automne. Le mardi 11 septembre 1973. Voilà donc tout juste cinquante ans. J’étais alors un jeune homme. Un jeune homme qui s’était pris d’une folle passion pour le Chili. Depuis ce jour, trois ans plus tôt (4 septembre 1970), où en ce pays de l’autre bout du monde, un socialiste fut élu président d’une république dont je ne connaissais que le stricte nécessaire – celui que décrivaient les journaux que je lisais alors. Salvador Allende. L’Unité Populaire. Autant dire toutes les gauches chiliennes. Socialistes et communistes, en tout premier lieu. Un possible qui s’ouvrait au sud des Amériques. Un possible à la mesure de mes rêves, en ces temps où je renouais avec le PCF, après m’être tenu en marge de lui au lendemain de l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie. (Une mise en marge mais qui m’avait été suggérée et à laquelle je m’étais résigné.)

Durant les trois années de la Présidence d’Allende, je n’ai eu de cesse de m’informer sur ce qui se réalisait entre Santiago et Valparaiso. Les informations si difficiles à obtenir en un temps où Internet n’existait pas, lorsqu’il n’était d’autre solution que de consulter la presse « bourgeoise », d’en appeler aux quelques amis et camarades qui disposaient des connaissances leur permettant d’exprimer des avis raisonnables sur les évènements en cours, là-bas, sur les rives du Pacifique. Je me suis alors décrété chilien de cœur. J’ai applaudi à l’expérience inédite initiée par Salvador Allende : cheminer vers le socialisme en empruntant les seuls sentiers qui sont ceux de la démocratie.

J’ai donc vécu ces années prodigieuses et je n’en rougis pas. Je suis resté et je reste encore un enfant de l’Union Populaire. Laquelle me fut comme un prélude au Programme Commun que communistes et socialistes français signèrent en juillet 1972, mais ceci est une autre histoire. Aujourd’hui, lundi 11 septembre 2023, j’affirme ici que je n’ai toujours pas fait le deuil de Salvador Allende et de l’Union Populaire Chilienne. Durant cinquante longues années de ma vie, j’ai cultivé le souvenir d’un homme admirable, mais aussi de toutes les femmes admirables, de tous les hommes admirables qui luttèrent pour changer leur monde à eux, un monde soumis aux féroces appétits d’un capitalisme national soutenu et porté à bout de bras par l’impérialisme yankee, figure tutélaire du capitalisme international.

Salvador Allende s’est sacrifié pour son pays et pour son peuple. Salvador Allende est mort le mardi 11 septembre 1973. La soldatesque fasciste s’est acharnée contre ce peuple qui avait eu l’outrecuidance de porter à la présidence un socialiste qui se savait investi d’une mission à laquelle il n’était pas possible de déroger : la construction d’un socialisme démocratique. J’ai conscience en associant aujourd’hui ces deux mots-là de me situer hors du champ des préoccupations de la grande majorité des hommes et des femmes qui constituent les forces vives du pays où j’attends la mort. Mais je sais aussi, parce que je continue à lire et à m’informer, que s’en viennent à toute allure les temps de l’anéantissement de l’animal humain, tant il est vrai que le capitalisme triomphant ne modifiera en rien ses pratiques mortifères. Et qu’il n’y aura pas, pour s’opposer à la catastrophe finale, de solutions intermédiaires, celles des remèdes des rebouteux écologistes, mais que se pose bel et bien la question de l’instauration d’un socialisme démocratique, porté par une vaste union populaire, afin de mettre un terme à ce capitalisme brutal, cynique, cruel, barbare, dont les ravages ne sont plus supportables.

Salvador Allende. Un peu de lumière au cœur d’une nuit profonde. Je me souviens.

30 août 2023

Oukyva?

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Oukyva ?

A Libreville ?

Peut-être…

Entouré de quelques parachutistes et d’une poignée de légionnaires ?

Mais de braves pioupious commandés par qui ?

Le plus valeureux de tous les généraux des armées franchouillardes, le Héros que je pleure, vient de casser sa pipe (non pas en chutant du haut des tours de Notre-Dame mais à la suite d’une malencontreuse glissade sur un sentier de randonnée pyrénéen).

Qui reste-t-il en effet, au sein de l’Etat-Major, pour commander l’assaut sur Libreville ?

Qui, si ce n’est Manu le Mal Aimé lui-même, puisque Chef Suprême des Armées de la Raie Publique ?

Notre Bienfaiteur (et accessoirement Bienfaiteur de la Françafrique).

Bingo Bongo.

Un nouveau coup d’état.

A peine réélu, bingo Bongo !

L’ami Totalement fidèle à l’archaïque puissance colonisatrice.

N’en peut plus, Manu.

Tant de trahisons, de coups fourrés, de manigances.

A ce rythme-là, que lui restera-t-il de l’héritage ?

Voilà quelques jours de cela, il avait tancé les Zambassadeurs, la fine fleur de la diplomatie franchouillarde.

« La Françafrique, c’est nous ! »

Et vlan, bingo Bongo !

Un coup d’état militaire.

L’antépénultième.

Perpétré par des généraux dont nombre d’entre eux, je n’en doute pas, furent formés dans les instituts militaires que Manu leur ouvre sans compter.

« Foutez le camp ! » clament en substance des populations Nigériennes et Gabonaises qui n’ont même pas la reconnaissance du ventre.

De même manière que les populations Burkinabées et Maliennes.

Trop, c’est trop.

Mort à la Françafrique !

Mort au colonialisme camouflé sous les oripeaux de démocraties invertueuses, vendues corps et âmes aux descendants des colons de l’autrefois.

Je jubile.

Le vieux monde vacille.

A nonante et deux ans, et bien que rendu à l’état de survivance au terme d’une caniculaison qui me laissa exsangue, cette accumulation de bonnes nouvelles – tous ces multiples affronts faits à la Françafrique et à son Chef, Manu le Mal Aimé – m’a fait m’extirper de mon grabat et entamer une danse folle autour du feu de joie que j’alimente avec les plus récentes éditions du quotidien de référence (et accessoirement porte-parole de la cellule Etranges Affaires Etrangères de l’Elysée)!

 

A Voce Rivolta !

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