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2 septembre 2022

Rafle du Vel d'Hiv

Rafle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je venais tout juste de m’extirper du ventre de ma génitrice.

Je ne croquais pas encore les racines de rutabaga qui constituèrent, avec les pommes de terre, les aliments de base pour tous les gens d’Ardenne placés malgré eux (du moins je l’imagine ainsi) sous la tutelle des nazis.

Je tétais le sein a priori généreux que Marguerite Toupet/Rose tendait, je n’en doute pas, vers mes lèvres déjà gourmandes.

Juillet 1942.

Les 16 et 17 juillet 1942.

A Paris.

Soit donc à quelques deux cent cinquante kilomètres de Charleville.

A Paris.

Où le Vel d’Hiv avait, sous les ordres du cacochyme Maréchal et de ses sbires, été transformé en antichambre des camps de la mort.

13 000 personnes (dont un tiers d’enfants) y furent entassées dans d’effroyables conditions avant d’être transférés dans des wagons à bestiaux vers Auschwitz.

Raflés par des policiers français, commandés par des officiers français.

Sous le regard indifférent de tant de bons français.

Un documentaire récemment diffusé par Arte retrace cet évènement parmi les plus sinistres et qui sont le Déshonneur du pays qui se proclame pourtant celui des Lumières.

J’en ai essentiellement retenu les témoignages des quelques unes et quelques uns qui échappèrent au voyage sans retour.

Témoignages bouleversants qui entremêlent larmes et cris de colère chez celui qui veut bien les entendre, qui génèrent l’indignation, qui lui interdisent l’oubli.

Je plains celles et ceux qui se privent de mémoire sous le fallacieux prétexte que depuis la Rafle, il coula beaucoup d’eau sous les ponts et que ce qui fut ne sera plus.

Je rends grâce à celles et ceux qui me transfusèrent une indélébile trace des pages les plus lumineuses comme des pages les plus noires de l’histoire du pays où je naquis par hasard le 6 juin 1942.

Qu’elles et ils soient remerciés de m’avoir révélé, entre autres, que le 8 mai 1945, la France rendue à une apparente dignité se livra en Algérie, du côté de Sétif, à ce qui outrepassa l’exemple sanglant de la Rafle des 16 et 17 juillet 1942.

Il n’est rien de pire que l’oubli.

A un certain moment, le documentaire diffusé par Arte montre des flics français faire, en cet été de soumission, de leur soumission, le salut hitlérien face à leur hiérarchie (et, peut-être, devant quelques dignitaires nazis, mais sur ce point-là, ma mémoire est incertaine).

Ces images quasiment furtives, je n’ai alors pu m’interdire de les relier à d’autres images, celles de flics français d’aujourd’hui humiliant voilà quatre ou cinq ans, plusieurs dizaines de lycéennes et lycéens d’une ville de la banlieue parisienne, les contraignant à l’agenouillement, goguenards, ridicules autant qu’immondes (quoique sous le regard bienveillant de Ségolène Royal).

Et puis m’est revenue, sans coup férir, le souvenir du nazi Louis-Ferdinand Céline.

Avec cette question qui ne cesse de me tarauder ?

Combien d’enfants, de vieillards, d’hommes et de femmes parmi les treize mille personnes qui furent raflées les 16 et 17 juillet 1942 doivent à l’exceptionnel écrivain gallimardisé le rare privilège d’avoir été conviées au voyage sans retour ?

 (Pardon pour la confusion! En greffant l'image à mon texte, je m'aperçois que le documentaire ne fut pas diffusé par Arte pais par FR3! L'AVC m'a réellement ramolli ler cerveau!)

 

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