Scandale à Fresnes

Il y eut les heures intempestives du déchainement médiatique, déchainement auquel mes oreilles ne se sont toujours pas familiarisées.

Il y eut les quelques minutes maintes fois diffusées, ces minutes indignes au cours desquelles un ancien ténor du Barreau, désormais Gardien de je ne sais plus trop quoi et dont la voix sur-joua du sinistre registre de l’indignation, cette indignation qui offre à la droite-extrême de nouveaux bataillons d’électrices et d’électeurs.

Et puis, il y eut, voici quelques jours, une voix singulière, une voix réconfortante, une voix réellement humaine.

La voix de Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

Une voix qui ce jour-là me réconforta.

Une belle voix.

Fidèle aux convictions de la femme qui en fait usage.

Les faits ?

Dominique Simonnot qui fut journaliste (d’abord au Libé d’autrefois puis au Canard Enchainé) les résume de pertinente manière.

« Qu’avons-nous vu sur cette vidéo de vingt-cinq minutes aujourd’hui supprimée en raison du « scandale » ? Des détenus et des surveillants riant ensemble, heureux que, pour une fois, tout se passe dans une ambiance bon enfant, sans heurts, ni tension, ni violences qui sont hélas le lot des journées carcérales. En fait, ces images, pour bien faire, n’auraient dû ne jamais être diffusées. Quelle hypocrisie ! Ainsi ne sont ni filmés ni connus, les matchs de boxe, de volley, de football entre surveillants et détenus, les concerts de rap, de rock, ni les sorties en VTT ou à escalader. Mais chut ! Ni vu ni connu, ça n’existe pas… Hypocrisie encore ! »

Pire que faux culs ces défaiseurs d’opinions !

Dominique Simonnot poursuit un peu plus loin :

« Que retenir de ce faux scandale du karting à Fresnes ? Sinon qu’il sert à masquer le vrai scandale du ratage total de notre politique pénale et pénitentiaire, et de cette innommable surpopulation carcérale. Pour faire plaisir, il faut donc que les prisonniers souffrent dans leur chair, s’ennuient à crever et subissent, pour finir, ce qu’il faut bien nommer une forme de châtiment corporel. »

Le Moyenâgeux auquel le Monarque a confié la garde de je ne sais plus trop quoi tonitrua dans les micros destinés à reproduire à l’infini, sans que cela soit trop apparent, la servilité des traficoteurs d’une information qui n’informe plus.

La voix de Dominique Simonnot survint pour troubler l’harmonie du concert qui fait les délices des sbires de la droite extrême.

Elle peut être lue intégralement dans l’édition du vendredi 26 août du quotidien Le Monde.