(re)J+66

737 tetebre 6329

Pas encore mort.

Quoi que…

Ca y ressemble.

Point de jour qui ne soit consacré au tricotage d’un suaire.

Ou d’un linceul.

Mes ultimes parures.

C’’est selon mon humeur, laquelle résulte de mes consommations matutinales de vodka, dosées selon des prescriptions que je m’administre une fois tous les trois mois et donc dans le respect des règles édictées autrefois par feue la Sécurité Sociale.

(Merci à toi, Ambroise, pour cette belle et fraternelle machinerie que haïssait la classe des capitalistes et qu’elle a anéanti dès qu’elle disposa des services de larbins dociles issus des rangs des Enarchiants !)

Des foules de coronavirus cohabitent en mon intime charnure.

Les savants ne savent plus.

Les savants ne savent plus définir ce que sont ces corps étrangers relevant de l’infiniment petit.

Cadavérés les savants.

Chaque jour, il en surgit de nouvelles de ces choses-là.

Par dizaines et par centaines.

Des mutants.

Qui transforment les animaux humains en zombies.

Soit donc des moribonds vite réduits à l’état de cadavres.

Des cadavres que l’on n’enterre ni ne brûle plus.

Puisqu’il n’est plus de Croque la Mort pour accomplir les besognes funéraires.

Des cadavres qui pourrissent là où ils ont cessé d’êtres des animaux humains.

Magmas informes au profond desquels germent les plus innocents des végétaux.

Car le monde change.

Sans que l’action des animaux humains y soit pour quelque chose, puisqu’ils ne sont déjà plus, ces malheureux bipèdes, qu’un ramassis de fantômes.

J’ai fermé à double tour les portes de ma tanière.

J’attends.

Il n’est plus de calendrier pour m’aider à mesurer le temps qui passe.

Il n’est plus rien.

Rien que des ombres.

Un an nouveau ?

Trois rois mages ?

Une galette et sa fève ?

Un Jésus débité en tranche ?

A quoi bon ?

J’ai bu avant-hier le contenu (qui avait bien mal vieilli) de ma dernière bouteille de Saint-Amour.