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16 octobre 2019

Exil 20

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Jeudi 25 juillet

 

Tenues de camouflage.

La soldatesque franchouillarde joue à la guéguerre. A l’heure du crépuscule. Un hélicoptère en tenue de camouflage lui aussi survole la dent de Retz au-dessus de laquelle il bourdonne à la façon d’un hanneton (celui de mon enfance et de mes nuits d’été). Trop éloigné le témoin pour qu’il lui soit permis de deviner la nature de ces jeux bien évidemment infantiles. La guéguerre. Ses sophistications fallacieuses. Bourdonnement interrompu au bout d’une demi-heure. L’engin s’éloigne alors vers le nord. Son bourdonnement s’estompe peu à peu. La nuit qui vient de substituer au crépuscule se transforme en vraie nuit. Avec ses chauves-souris (ou ses pipistrelles ?) qui traquent mouches et moustiques. Pendant qu’une jeune compagne boit et ripaille, s’empiffre de fromages tout juste arrivés de Corse et des gâteries qu’une certaine Charlotte avait élaborées en début de soirée sous le regard impavide de deux enfantelets que l’enracinement contraint à la table des agapes a rendu moroses et grognons.

Fascinante nuit d’été où après chaque gorgée de rosé destinée à rafraîchir mon gosier puis à réjouir mon estomac et mes tripes, mon regard s’attarde sur la voûte céleste et ses myriades d’étoiles. Dont quelques-unes filaient à toute allure vers leur anéantissement. Des avions clignotaient. Des avions remplis de passagers qui ne me voyaient évidemment pas, moi qui savourais une nouvelle gorgée de ce rosé élaboré à Ruoms par des neuneurologues patentés. Un satellite – paraît-il – clignote à son tour. Un ciel grouillant d’une vie tumultueuse dont la signification outrepasse mon entendement.

Journée particulière. Celle au cours de laquelle je ressusciterai le cycliste que je fus. Les forçats de la route monteront à l’assaut de cols dit mythiques. L’Izoard abordé par son versant le plus exaltant. Depuis la vallée du Guil, l’interminable montée vers le hameau de Brunissard, puis une succession de lacets et l’irruption dans la Casse Déserte, une descente à tombeau ouvert avant l’ultime escalade jusqu’au sommet du col. La rapide et roulante descente vers Briançon et – enfin ! – l’apothéose qui débute par l’ascension du col du Lautaret (plutôt tranquille). Jusqu’à son sommet. Le virage sur la droite qui signifie le tout début de l’assaut du col du Galibier. Un col que j’ai dû gravir quatre ou cinq fois. Avec un souvenir particulier, qui m’est cher : le parcours de l’ultime kilomètre entre deux murs de neige hauts de deux ou trois mètres. En plein cœur du mois de juillet. Avant la découverte, à 2642 mètres d’altitude, des prodigieux paysages alpestres. La Vanoise au nord. La Meije au sud. Le Briançonnais à l’est. Mes vieux mollets tout fripés frémissent encore d’une fabuleuse émotion.

 

2698708-Galibier-Neige

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