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9 septembre 2019

Exil 15

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Mardi 9 juillet

 

Feuilletaison matutinale à l’heure où mes intestins évacuent des superflus qui n’ont plus aucune ressemblance avec les aliments que j’avais ingurgités la veille. Evacuation destinée a priori à enrichir des territoires agricoles, l’une ou l’autre des vastes prairies parmi lesquelles des comtoises paissent une herbe grasse, laquelle subira elle aussi une transformation (plus qu’une mutation) qui s’achèvera de bouses répandues à même le sol et sur lesquelles se repaissent des insectes balourds mais ô combien efficaces. La longue chaîne de la vie. L’interdépendance. La prodigieuse interdépendance.

Quelques salers tiennent compagnie aux comtoises dont les mamelles, d’heure en heure, s’alourdissent du lait que l’éleveur transformera en fromage. Le Comté. Le fromage le plus vendu dans les épiceries franchouillardes. Donc, et toujours a priori, le plus apprécié. Les salers, elles aussi, broutent l’herbe d’ici. Un ici qui n’est pas leur chez elles. Sont-ce des traces de nostalgie qui transparaissent dans leur regard torve, lorsqu’elles tournent leur museau vers le visiteur qui n’avait fréquenté, en ses vertes années, que des françaises frisonnes pis noirs ? Leur Alto Branco ? Ces salers qui chez elles produisaient du lait que les éleveurs de là-haut transformaient en fromages dont la renommée, pour ceux-là, ne dépassa guère les limites de leur contrée natales. Malheureuses salers destinées, ici, aux abattoirs où, selon la sanguinolente propagande distillée par les véganiens, des SS les exterminent de manière éhontée avant de les débiter en côtes, entrecôtes et autres morceaux dont je persiste à faire mes délices, quoiqu’il puisse m’en coûter en déboires annonciateurs de l’imminence du trépas.

Donc la feuilletaison matutinale. Une addition de gazouillis qu’un Pierrot facétieux collecte puis revend à des languedociens avides de ne rien apprendre qui fut susceptible de les importuner. Un hebdomadaire ? Celui de la contrée où je réside d’ordinaire et que j’avais emporté dans mes bagages de passer d’un train à grande vitesse singulièrement réduite. Ne portant, ce jour-là, qu’une attention inattentive au « grand » sujet d’une édition conforme à la ligne éditoriale édictée par le clan des anciens maoïstes fidèles toutefois au culte des Puissants, ceux qui fricotent avec d’autres Puissants et dont nos anciens inébranlables militants louent la grandeur et la magnanimité dans les pages où leur soumission se camoufle derrière une déontologie évidemment irréprochable. Une interrogation existentielle dans cette édition-là : comment et à l’aide de quoi joindre Montpellier à la mer ? Le tram ? Le train ? Le bus ? Le funiculaire ? La bicyclette ? Le bateau-mouche ? La mer. Qui danse le long des golfes plus très clairs. Mais dont je sais qu’elle s’obstine. Encouragée dans cette obstination par l’animal humain qui, lui, persévère dans sa volonté de réchauffer l’atmosphère de la planète. Soit donc d’aider la mer à élever chaque année un peu plus son niveau. Et donc d’élargir ses territoires, d’en conquérir de nouveaux. Compte-tenu de la configuration du territoire qui relie la bonne ville de Montpellier à cette mer, d’une part, et sachant que la hausse du niveau de la dite mer est semble-t-il inéluctable, il est raisonnable d’imaginer que les flots bleus atteindront dans un avenir point trop lointain les limites sud de la cité de la cité conquise par l’Hercule des foires électorales. La sagesse autant que la raison devrait donc conduire les Notables qui régentent ce territoire à prendre leur mal en patience et à attendre que ce soit la mer qui s’en revienne jusqu’aux portes de Montpellier, après avoir balayé et enseveli sous les profondeurs marines les baladurettes, les palavazouilleries et tous les résidus autrefois érigées sur les rivages par des animaux humains, bâtisseurs insouciants d’éphémères paradis.

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