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4 novembre 2016

Daniel Blake

moi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hello, Ken !

Juste quelques mots pour t’exprimer ma gratitude.

Submergé par l’émotion que je fus !

Par la grâce d’un film, ton film, « Moi, Daniel Blake ».

(Palme d’or du dernier Festival de Cannes, ce qui ne relève que de l’anecdote.)

La mise à mort ordinaire d’un homme, Daniel Blake, dans une société policée, civilisée, démocratique.

La tienne, celle des Grands Bretons.

Qui, et je tiens à te rassurer, ne diffère guère de la nôtre, celle des Franchouillards.

Daniel Blake, un charpentier, avec un long parcours professionnel derrière lui.

Parcours brisé en raison d’un grave dysfonctionnement cardiaque.

Veuf, donc solitaire, Daniel Blake va progressivement disparaître des écrans qu’impose une société moderne et soumise aux impératifs du Marché..

Ni invalide ni chômeur.

Donc réduit à néant.

Peu à peu.

Dans la proximité d’une jeune femme et de ses deux marmots qui tente, elle, de se reconstruire afin de sauver sa progéniture du désastre.

Une jeune femme qu’il a rencontrée dans un de ces lieux de la déshumanisation, un lieu semblable chez les Grands Bretons aux « Pôles Emploi » de chez nous, les Franchouillards.

Leur cheminement chaotique, le partage du presque rien camouflé derrière l’effervescence des solidarités.

L’humain, quoi.

Tu fais un cinéma qui me parle, Ken.

Et ce film en particulier.

Cheminant hier soir vers mon chez moi, dans les rues de Montpellier, au cœur d’une nuit porteuse des désagréments marins et d’une fraîcheur pré-hivernale, j’ai croisé quelques-uns des fantômes qui se rapprochent chaque un jour un peu plus du désastre.

Frères et sœurs de tes deux personnages.

Frères et sœurs de misères.

Abandonnés, rejetés, privés de leurs droits pourtant légitimes.

Les non-citoyens.

Tous ceux qui ne se voient pas, qui ne se remarquent pas.

Enfermés dans des espaces concentrationnaires qui, à Montpellier comme à Newcastle, se ressemblent.

Des espaces que nos bien-pensants qui sont d’authentiques malfaisants qualifient, comble de l’ironie, de sociaux.

Sais-tu, Ken, que chez les Franchouillards, ceux qui gouvernent (et que les larbins de la Médiatouillerie continuent de qualifier de « socialistes ») ont établi un nouveau record : celui du nombre d’expulsions de pauvres des logements dont ils ne parviennent plus à payer les loyers.

En recourant, les ordures, à la « force publique ».

Soit donc à la flicaillerie qui accepte d’assumer ces missions indignes, puisque si peu républicaines.

Merci Ken, pour ton cinéma de l’Humain.

Ce matin, comme tous les matins, j’ai croisé cette jeune « sans dents », une gamine qui ose à peine solliciter l’aumône face à une boutique portant l’enseigne du groupe Carrefour.

Une vraie « sans dents ».

En marche forcée vers le néant.

En dépit du peu que lui concèdent quelques passants.

Son pauvre sourire, sa bouche qu’elle n’ose ouvrir pour ne pas révéler le vide qui la défigurerait et qui lui ôterait le peu qu’il lui reste du charme et de la beauté de sa jeunesse.

Pauvre jeunesse détruite sans que ceux qui gouvernent ne lui accordent les soins et l’attention qui l’aideraient à se (re)construire, à (re)trouver sa place au sein de la société des Humains.

Une Daniel Blake.

Si seule dans l’immense foule des Daniel Blake.

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