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Comédies
15 août 2013

Midi-Libre

Libé avait publié, le 20 juin dernier, un article intitulé « Sauve qui peut à Midi-Libre ».

Un article dont je partageais l’essentiel du propos : le quotidien languedocien qui part de bien bas ne cesse de régresser en dépit de ravalements de pure forme.

Le Midi-Libre est en effet le prototype même du journal qu’il n’est nullement besoin de lire, qui se feuillette sans qu’il soit nécessaire de le parcourir.

Le Midi-Libre symbolise le vide dans lequel se complaît une profession dont les dirigeants, à force de vouloir s’attirer les bonnes grâces des prétendus partenaires politiques et économiques, ont oublié qu’ils oeuvraient d’abord et avant tout au service de ces cochons de payants que sont les Lecteurs.

Je n’ai pas réagi lorsque, quelques jours plus tard, le président du directoire du Midi-Libre a obtenu de Libé  la publication « d’un droit de réponse ».

Un droit dont le sieur Plombat  usa pour démontrer que le journaliste de Libé (Antoine Guiral) n’avait pas respecté les règles protocolaires qui auraient dû le conduire à attendre une hypothétique rencontre avec le Grand Manitou avant de publier son article.

Car, sur le fond, le président du directoire n’apporte aucune réponse crédible aux propos d’Antoine Guiral (lire documents ci-contre).

Le Midi-Libre est bel et bien dans la panade.

120 emplois furent supprimés l’an dernier.

Combien le seront dans un proche avenir ?

Avec quel journal à la clé ?

Un bref, un rapide détour sur le site du dit journal, le mercredi 14 août, aux alentours de 20h15, fournit peut-être d’utiles indications sur les évolutions possibles de la ligne éditoriale.

Dix sujets étaient alors proposés aux visiteurs.

Dix sujets dont voici, au mot près, les titres.

Dans l’ordre de leur apparition à l’écran.

1)   Montpellier : dans le tram, il met le sexe de ses neveux dans sa bouche.

2)   Bain de sang en Egypte : au moins 149 morts après la dispersion des pro-Morsi.

3)   Narbonne : le jeune homme filmait sous les jupes des filles.

4)   Roquemaure : ivre, il s’en prend à des retraités puis cambriole une maison.

5)   Hérault : un enfant blessé sur un manège du Luna Park du Cap d’Agde.

6)   Vidéo : il pirate un baby phone et insulte l’enfant qui dort.

7)   Gard : de multiples contrôles routiers attendus du 15 au 18 août.

8)   Sondage/Suède : les garçons regardent du X en moyenne à 12 ans.

9)   Un quelconque chanteur régional dont je n’ai pas pris le soin de relever le nom.

10)                  Foot….. L’évènement du jour….

Un panorama complet auquel se greffe une vidéo : le « JT » consacré aux fêtes « vomitives » locales.

Soit donc une surabondance de faits divers avec l’omniprésence des culculteries fort ordinaires.

Ce qui présente bien des analogies avec la matrice mère, celle de l’édition papier.
Car voilà belle lurette que la direction du Midi-Libre a emboîté le pas de tous les frénétiques dénonciateurs de « l’insécurité » (sans jamais cependant dénoncer la pire des insécurités, l’insécurité sociale).

Une ligne en équilibre stable entre l’ancien et le nouveau locataire du ministère de l’intérieur.

Avec quelques connotations relevant de la morale, entre le « c’est pas bien » et le « fais pas ci, fais pas ça ».

Qui ne sont que de fausses culteries, le journal tirant des revenus non négligeables de petites annonces libellées par des personnes exerçant certain commerce relevant des relations humaines.

Oui, le Midi-Libre agonise.

Parce qu’il n’est plus un journal.

Parce qu’il n’est qu’une sorte de fourre-tout, une quasi poubelle, la mieux à même de susciter l’intérêt non pas de Loulou mais de Nanard.

 

Une anecdote pour en finir.

Une illustration en quelque sorte de l’anéantissement de la déontologie professionnelle.

Au lendemain de l’élection municipale, en mars 2007, à Palavas-les-Flots, se tient une réunion particulièrement houleuse du conseil municipal.

Quelques jours plus tard, le Midi-Libre publie un article qui, pour l’essentiel, reprend les thèses du Calamiteux Pouêtepouête, Christian Jeanjean, une fois encore réélu maire.

L’article est signé par un fringant journaliste, déontologiquement irréprochable.

Sauf que le dit journaliste brilla par son absence tout au long de la réunion.

Il accepta cependant de témoigner sur un évènement qui lui fut totalement étranger.

La marque donc d’une exceptionnelle conscience professionnelle !

Dont il fut non pas plombé, mais grâce à laquelle il a depuis lors gravi des échelons dans la hiérarchie du journal !

 

 

 

 

ARTICLE ANTOINE GUIRAL 20 JUIN 2013

 

Du sang, des larmes... et toujours plus d’économies. Dans sa lettre adressée fin mai aux salariés du groupe des Journaux du Midi, le PDG, Alain Plombat, aux trente-cinq ans de carrière interne, a le verbe churchillien pour décréter le sauve-qui-peut. La situation financière de l’entreprise (qui compte trois quotidiens régionaux — Midi libre, l’Indépendant, Centre Presse — ainsi que l’imprimerie du Midi et la régie MidiMédia) se dégrade plus vite encore que les plus sombres prévisions budgétaires... « A la fin avril, nous sommes en retard de 1,7 million d’euros sur nos recettes. Ce décrochage étant dû pour 60% à la publicité et pour 40% à la diffusion, avec des situations nuancées d’un titre à l’autre », écrit-il. Et pour éviter un niveau de pertes en fin d’année qui mettrait en danger ce groupe appartenant à Sud Ouest (GSO), il en appelle — rien de moins — à une « puissante révolution journalistique, commerciale, technique, organisationnelle et sociale ».

Est-il en mesure de la conduire avec son équipe ? Une grande majorité de la rédaction comme les syndicats en doutent ouvertement. « Faute d’être en capacité éditoriale, managériale et maintenant financière de projeter le journal vers d’autres horizons, la direction actuelle se contente de gérer le déclin », affirme Anne-Marie Schaller (SNJ), secrétaire du comité d’entreprise.

En plein marasme, les Journaux du Midi (JDM) et son quotidien phare Midi libre (environ 120 000 exemplaires vendus par jour) sont un cas d’école de cette fameuse crise de la presse qui voit, ces derniers mois, des titres historiques dégringoler à une vitesse accélérée. Pour colmater les brèches financières, le réflexe est alors de lorgner la masse salariale... au risque d’appauvrir toujours plus l’offre éditoriale. En position de quasi-monopole sur son aire de diffusion, Midi libre a longtemps (et bien) vécu sur sa rente de situation avant d’être balloté entre rachat — le Monde, époque Jean-Marie Colombani en 2000 — et revente — à Sud Ouest, fin 2007, pour le prix prohibitif de 91 millions d’euros.

Mais, au cours de cette décennie de grande mutation numérique et de bouleversements des modèles économiques de la presse, les actionnaires comme la direction n’ont guère poussé à l’innovation. Ils ont même conforté jusqu’à aujourd’hui un modèle classique de PQR (presse quotidienne régionale) qui accompagne davantage les pouvoirs en place qu’elle ne les bouscule, « privilégie le compte rendu à l’enquête », déplore un chef d’agence, et bride l’audace journalistique pour tenter la conquête de nouveaux lecteurs.

Au siège de Saint-Jean-de-Védas, dans la banlieue de Montpellier, comme dans les agences locales présentes dans cinq départements, les journalistes de Midi libre ont le moral en berne. « C’est la grande déprime, beaucoup carburent aux cachetons et ont peur pour leur emploi », rit jaune cette rédactrice. « On connaît la situation, on n’a pas la solution pour relever la tête. Il y a une sorte de fatalisme et de chacun pour soi », s’attriste un de ses collègues. Cette désillusion est entretenue au quotidien par une baisse des ventes au numéro qui peut s’effondrer jusqu’à — 12% pour certaines éditions par rapport à l’an dernier. La pub est aussi catastrophique, selon le courrier d’Alain Plombat aux salariés. Ce qui accroît encore la dépendance économique aux annonceurs institutionnels locaux (ville, agglo, région...) à quelques mois des élections municipales.

L’an dernier, un plan de départs volontaires a conduit à supprimer l’équivalent de 120 emplois. Mais à peine remis de cette saignée, les JDM doivent à nouveau traquer les économies : CDD non renouvelés, fermetures d’agences envisagées, coupes dans les actions promotionnelles... Depuis hier, Midi libre est passé en monocahier avec une page « Votre Vie » réalisée par une agence extérieure au journal, et de la couleur partout. Un ersatz de nouvelle formule d’abord pensé pour faire des économies.

Reste l’incontournable transition numérique, bien peu avancée ici et dont chacun sait qu’elle est lourde d’incertitudes au regard du faible potentiel des contenus web monétisables. « La question des contenus rédactionnels est totalement taboue, alors qu’elle est centrale. Or nous manquons de profondeur et de plus-value journalistique pour les vendre sur le Net, explique un haut responsable de Midi libre. On peut proposer des applications, des abonnements sur tablettes et envisager un paywall [accès payant à une partie du site, ndlr], mais tout cela générera très peu de revenus si l’on se contente de l’offre actuelle. » Certes, le site internet de Midi libre, boosté aux faits divers, est un succès d’audience. Mais il rapporte très peu, cannibalise souvent des articles mis en ligne gratuitement avant même leur publication sur papier, et cristallise bien des tensions avec les syndicats et au sein de la rédaction. Quant à l’imprimerie du Midi (IDM), où la CGT du Livre est toute puissante, elle imprime désormais le Monde pour plusieurs départements du Sud, mais à un prix si bas que cette activité serait déficitaire.

Enfin, pour rajouter aux incertitudes, une rumeur début mars faisait état de l’intérêt de Bernard Tapie pour le rachat de Midi libre. Le propriétaire, Sud Ouest, lui-même en proie à des grosses difficultés et en manque de liquidités pour financer un plan social, entretient le flou sur cette option.

 

 

DROIT DE REPONSE ALAIN PLOMBAT

 

La publication le 20 juin d’un article de M. Guiral Intitulé «Sauve-qui-peut à Midi Libre» me conduit à dénoncer le caractère destructeur de cette «enquête».

1. Une lettre à mes collaborateurs sert de prétexte à cette charge injustifiée. Si elle évoquait la dégradation sur le premier trimestre des chiffres d’affaires de la publicité et de la diffusion en magasin, elle n’avait pas le caractère apocalyptique décrit. Elle aurait pu être signée par la plupart des éditeurs de la presse française confrontés à une crise historique. Mon souci de transparence constituait le préalable à un dialogue social constructif. Car si j’annonçais des mesures de rigueur, j’ouvrais aussi des perspectives encourageantes pour nos équipes. Cette partie de ma lettre a été occultée pour ne retenir que «le verbe churchillien». Et ce qu’il sous-entend…

2. Quand vous écrivez «qu’une majorité de la Rédaction et des Syndicats doute ouvertement que je sois en mesure de conduire la puissante révolution à laquelle j’appelle» vous vous appuyez sur une poignée de déclarations. Toutes anonymes sauf une, alors que notre Groupe compte un millier de salariés ! De surcroît cette appréciation se trouve contredite par la décision du Conseil de Surveillance du 14 juin qui a renouvelé mon mandat de Président du Directoire de Midi Libre. Les résolutions relatives à ce troisième mandat ont été votées à l’unanimité des membres du Conseil dont la représentante de la Société des Journalistes et celui du Fonds Commun de Placement des salariés. Si le climat était aussi sombre, leurs votes auraient été négatifs !

3. Toujours à propos du «moral en berne», votre jugement aurait été plus nuancé si vous aviez lu le rapport sur l’exercice 2012 de la Secafi, l’expert qui conseille le syndicat Filpac-CGT et le Syndicat National des Journalistes. Que dit la synthèse présentée aux élus ? «2012 a confirmé la capacité d’évolution du Groupe grâce à un dialogue social mature.» Un tel satisfecit émanant de cet organisme connu pour son intransigeance mérite d’être souligné.

4. Vous estimez notre diffusion payante «à 120 000 exemplaires environ». La consultation du procès-verbal de l’OJD 2012 mentionne pourtant au total 136 429 journaux achetés en moyenne chaque jour. Cette diffusion, sur la région qui connaît un taux de chômage record, baisse effectivement, mais elle peut être comparée avec les 119 418 exemplaires de Libération sur l’Hexagone…

5. Le nouveau Midi Libre qui se présente depuis le 19 juin sous la forme d’un mono-cahier tout en couleurs ne serait qu’un «ersatz». Rien sur les modifications du chemin de fer ; rien sur l’offre du week-end ; rien sur les études qui nous aident à adapter progressivement le contenu éditorial à l’environnement médiatique. Et bien entendu pas une ligne accordée au Directeur de la Rédaction, Philippe Palet, qui anime nos équipes avec talent malgré les contraintes budgétaires. A défaut de vous faire changer d’avis, il aurait au moins pu s’expliquer sur «l’ersatz». Un jugement un rien divinatoire puisque le nouveau journal est sorti la veille !

6. «Le site Internet de Midi Libre, boosté aux faits divers, est un succès d’audience mais rapporte très peu.» Un regard sur midilibre.fr aurait suffi à vous convaincre que notre audience ne tient pas aux seuls faits divers, ni à la reprise systématique des articles du journal. Nos statistiques le prouvent, encore fallait-il les demander. Nous aurions pu vous parler de notre stratégie de monétisation qui va se concrétiser à la rentrée.

7. Plus grave, vous écrivez que nous imprimerions le journal Le Monde à «un prix si bas que cette activité serait déficitaire». Au contraire ! Nous avons obtenu ce marché grâce au bon rapport qualité-prix de nos prestations, mais sans travailler à perte ! Pour confirmation, je vous renvoie à un autre rapport de la Secafi :«Les résultats de l’imprimerie devraient encore progresser en 2013 grâce à l’effet année pleine de l’impression du Monde.»

8. Pour terminer, vous ressortez la rumeur qui verrait M. Tapie acquérir Midi Libre ! Or, notre actionnaire majoritaire, le Groupe Sud Ouest, a officiellement déclaré n’avoir établi aucune relation avec M. Tapie.

9. Tout cela aurait pu être évité si M. Guiral avait eu la patience d’attendre le 14 juin pour échanger avec moi. Ce message lui a été transmis trois jours avant le renouvellement de mon mandat de Président du Directoire. Ensuite, entre le 14 et le 19 juin, jours précédant la publication de l’article, je me suis tenu à sa disposition sans être sollicité ! Les impératifs du bouclage justifiaient-ils cette précipitation qui prive d’expression la direction de Midi Libre et rend l’article totalement déséquilibré ! Je ne suis pas du genre à me dérober, j’avais déjà longuement reçu M. Guiral le 11 octobre 2011.

10. Pour toutes ces raisons, je veux dire ma déception et ma tristesse. Deux sentiments partagés par mes collaborateurs. De tels agissements provoquent en effet d’irréversibles dommages chez ceux qui les subissent en victimes impuissantes.

 

 

 

REPONSE ANTOINE GUIRAL

 

Dans Libération, la rubrique Médias - l’une des premières créées en France - a pour objet de traiter de l’ensemble du secteur de la presse et des médias, comme tout autre «objet» journalistique. Il s’agit donc d’information et non de communication. Pour cette enquête sur Midi libre, un titre historique de la presse française, onze personnes appartenant à l’entreprise ont été contactées et nous ont parlé sans langue de bois. Parmi elles, des journalistes «de base», deux chefs d’agence, des responsables de la rédaction en chef et même un membre du directoire du groupe des Journaux du Midi (auquel appartient Midi libre). Tous ont réclamé le fameux «off» pour pouvoir s’exprimer le plus librement possible, ce qui a été respecté, selon une pratique journalistique courante. Seule une syndicaliste protégée par son statut a souhaité parler de manière non anonyme. Nous maintenons donc l’ensemble de nos informations, qui ne nous ont pas valu le moindre commentaire négatif des salariés interrogés de Midi libre - bien au contraire.

Comme nombre de journaux en France, Midi libre est en crise, confronté à une baisse massive de ses ventes et de ses recettes publicitaires. En dépit d’un plan social qui a vu le départ de plus de cent de ses salariés en 2012, le groupe des Journaux du Midi (auquel appartient Midi libre) a vu ses comptes se dégrader à nouveau sévèrement depuis le début de l’année. C’est la raison pour laquelle son PDG, Alain Plombat, s’est adressé par lettre aux collaborateurs du groupe.

Son constat pour le moins alarmant pourrait, certes, être partagé par la plupart des éditeurs de la presse française. Mais l’objet de notre enquête était aussi de s’intéresser à la question des contenus de Midi libre, sur le Web et sur le papier. Comme le dit un responsable du journal dans notre enquête, cette question reste un «tabou» absolu pour une partie de la direction du journal. Ceux-là mêmes qui ont tenu à nous répondre.

 

 

 

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