11 septembre 2001 année zéro?

La une de Libé du samedi 11 septembre.

New York.

11 septembre : 2001, année zéro

Pourquoi pas ?

Si tant est que l’histoire s’arrête (ou recommence ?) à tel instant pour qui décrète qu’il doit en être ainsi.

Pour qui donc s’inféode à l’idéologie dominante.

Ne vous méprenez pas : je fus révulsé par les attentats du 11 septembre 2001.

Mais quoi que prétendent les Médiatouilleurs, l’Histoire ne s’est pas arrêtée ce jour-là, pas plus qu’elle ne prit alors un nouvel élan.

La preuve ? La récente et pitoyable désertion des armées américaines et de leurs alliés d’Afghanistan.

L’Histoire ne s’écrit pas selon les seuls intérêts de ceux qui s’arrogent le droit d’imposer aux sociétés humaines leurs prétendues valeurs dont les fondements démocratiques prêtent à sourire.

Le 11 septembre fut également, mais en 1973, le jour noir, ce jour sinistre que Libé n’évoque pas.

Le 11 septembre 1973, le gouvernement des Etats-Unis ordonna aux factieux et fascistes chiliens d’en finir à Santiago avec Allende et son gouvernement d’Union Populaire.

Les factieux et fascistes chiliens s’en donnèrent à cœur joie : leurs puissants amis yankees leur avaient fourni tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de leur œuvre mortuaire.

D’autres amis des yankees se réjouirent.

A commencer par Georges Pompidou, Monarque déjà moribond, mais si ravi d’assister à la mise à mort d’une aventure politique qui inspira en partie les gauches européennes.

La fascination qu’exercent les USA sur tant d’intellectuels franchouillards ne cesse pas de m’effarer.

Comme si les crimes perpétrés par la Puissance Impériale ne constituaient que d’innocentes anecdotes.

Hiroshima ? Nagasaki ?

Je regardais, voilà quelques jours de cela, le bouleversant film japonais Pluie Noire (film qui est toujours visible sur Arte).

Ce film montre ce que fut l’ampleur du crime.

Les USA sont, à ce jour, la seule nation à avoir fait usage de l’armement nucléaire, avec toutes les conséquences que nul être humain ne peut ignorer.

Depuis l’accomplissement de ce crime, les USA ont persévéré.

Directement, comme au Viet Nam, où ils firent un usage extravagant du napalm pour détruire des centaines de milliers d’hectares de forêts et de terres agricoles.

Indirectement, comme au Chili, afin d’éliminer des gouvernements démocratiquement élus et de leurs substituer des dictatures fascistes soumis aux volontés yankees.

Je ne puis comprendre cette fascination.

Je ne puis donc accepter qu’un quotidien, Libé en l’occurrence, qui feint de se réclamer des idéaux de gauche manifeste dans son traitement de l’Histoire une indécence qui frôle la forfaiture.

Les USA ont beaucoup fait pour la survie des fascismes.

C’est ce que leurs hérauts appellent la démocratie.