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12 janvier 2013

Arcole

Mon François !

Ta Majesté !

 

Grandiose !

Ta guerre !

Mais Juste, comme de bien entendu !

J’exclame, ce qui n’est sans doute pas convenable, mais c’est ma façon à moi de t’exprimer mon enthousiasme.

Te voici donc qui t’introduit sur un mode tonitruant parmi ceux et celle dont le nom figure dans les manuels destinés à retranscrire les plus héroïques des épopées franchouillardes.

La liste en est longue, je le sais.

Mes maîtres de l’école de la République me l’enseignèrent autrefois, me contraignant même à « apprendre par cœur » des dates et des batailles, une geste qui n’appartient qu’à nous les franchouillards. 

Depuis Vercingétorix jusqu’à Nicolas.

(Sans omettre la seule femme, la Jehanne…)

D’Alésia jusqu’à Tripoli.

Combien de siècles, combien de guerres et de victoires ?

Je n’ose entreprendre le décompte.

J’en laisse le soin aux historiens, beaucoup plus habiles que je ne le serai jamais pour tripatouiller puis mettre en forme dans une écriture appropriée et donc conventionnelle la multitude des actions glorieuses au fil desquelles s’est construite notre grande et généreuse nation.

Je t’ai écouté ce vendredi 11 janvier, et cette heure crépusculaire durant laquelle j’épluchai puis découpai en fines lamelles deux blancs de poireaux destinés à accompagner quelques coquilles Saint Jacques.

Tu parlas sobrement.

Si peu de phrases, bien senties cependant.

Pour rappeler le droit.

Le droit international.

Pour déclarer l’urgence de bouter hors du Mali des cohortes d’exaltés.

Afin de sauver le si peu de démocratie dont se pare cette contrée ignorée des dieux.

Celui du Vaticancaneur comme celui des fidèles d’Allah.

Donc la guerre.

C’est-à-dire le fracas des bombes.

Tu es le Chef de nos valeureuses armées.

Celles qui s’essaient à intervenir de façon chirurgicale, sur le modèle américain.

Au laser, chaque fois que cela est possible.

Et lorsque cela s’avère impossible, en se résignant à ordonner des corps à corps si peu différent de ceux qui furent le lot quotidien de tant de ces jeunes gens dont les noms sont gravés, aujourd’hui encore, sur les monuments aux morts de chacune des communes de France.

Ce sont bien de vrais cadavres qui se décomptent, aujourd’hui même, sur le « terrain des opérations », au terme d’une opération dont je suppose qu’elle n’aurait dû être qu’une formalité.

Mais qui n’a pas si bien tourné que ne l’avaient prévue nos engalonnés.

Reste tout de même que tu as démontré à la communauté internationale que tu en avais.

Du courage, bien entendu.

Du beau courage franchouillard.

Une notation qui me renvoie à mon propos initial.

Te voici déjà installé au niveau des plus grands.

J’hésite.

A dire vrai, je n’en vois qu’un : Charlemagne.

Même si n’est pas parvenu jusqu’à mes oreilles le cri déchirant délivré par l’olifant dans lequel souffla tant et plus ce pauvre Roland.

A moins que ?

Bonaparte, avant qu’il ne devienne Napoléon.

Au pont d’Arcole, par exemple.

Oui, au pont d’Arcole.

Tu remarqueras que je te porte d’ores et déjà au pinacle.

Mais la guerre, mon François, ta Majesté, oui la guerre est une affaire fort complexe.

Bonaparte devint Napoléon.

Et ses guerres à lui s’achevèrent à Waterloo.

Note toutefois que moi qui commis la maladresse de t’aider, via mon humble suffrage, à accéder au Trône, note bien que je ne te souhaite pas un sort comparable à celui qui se proclama Empereur.

Tes pioupious qui ne sont plus des conscrits mais des sortes de mercenaires vont croiser sur les pistes sahariennes des fous du dieu des musulmans.

Des illuminés, sans doute.

Mais dotés d’armements sophistiqués qui échurent en leurs mains aussitôt après la mise à mort du dictateur qui régna, lui, sur Tripoli.

De ces armements que le Monarque qui te précéda sur le Trône fit don à ceux que l’on nous présenta alors, et avec forte insistance, comme des parangons des vertus démocratiques.

Ce sera donc la guerre, la vraie.

Des balles qui perforent cerveau, foie, cœur et poumons.

Des cadavres à emballer dans des suaires de fortune.

Je fais dans la sobriété.

Mais c’est vraiment dégueulasse la vraie guerre.

Nous aurons à n’en pas douter à l’évoquer au cours des prochains jours ou des prochaines semaines.

 

Pace è Salute,

Mon François,

Ta Majesté !

 

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