Moumoutes
Etrange, non ?
L’année nouvelle commence de la même façon que la précédente s’acheva.
Et je mettrais ma main au feu que celle-ci ne sera qu’un copier/coller de la précédente.
A quelques variantes près.
Quelques dizaines de milliers de licenciements de plus ou de moins.
Une poignée de milliardaires en plus.
Et des cohortes de pauvres, de déshérités, d’exclus, de paumés sans avenir, de crève la faim que les Restos de Coluche ne seront peut-être plus en mesure de nourrir.
Je ne prétends pas que le monde étant ainsi fait, il n’y aurait rien à entreprendre pour en changer la face.
Non : je constate que l’inertie de la société fait que la face du monde se ravale à grands coups d’un rimmel vendu en exclusivité par nos Médéfieux.
Avec l’onction de notre Bon Monarque et de ses Chambellans.
Tout plein de cautères sur des jambes de bois payés par cette brave nourrice qu’est la Sécurité Sociale, soit donc nous-mêmes qui cotisons pour que des rapaces se repaissent.
J’ouïssais ce matin même les chauffeurs de taxis qui clamaient leur colère contre cette pauvre Sécurité Sociale.
De braves gens, ces chauffeurs, qui sont de tout petits capitalistes, mais qui se sentent viscéralement capitalistes, et qui hurlent leur dépit dès lors que la dite Sécurité Sociale prétend imposer de nouvelles règles du jeu.
Des règles qui relèvent de la libre concurrence, laquelle n’est rien d’autre que le b.a.-ba du capitalisme, sa loi fondatrice en quelque sorte.
Nos tout petits capitalistes montent pourtant sur leurs grands chevaux et vous foutent le bordel sous le prétexte que l’Etat, qui est devenu la caution du capitalisme, entend faire respecter les dites règles.
Nos tout petits capitalistes exigent de cet Etat/Mère qu’il continue à garantir leurs privilèges de tout petits capitalistes un peu frontistes.
Et même pour quelques-uns d’entre eux lourdement frontistes.
C’est à n’y plus rien comprendre, non ?
Réfléchissons : un tout petit capitaliste ruiné devient un chômeur, soit donc un prolétaire.
Ce qui pend évidemment au nez du chauffeur de taxi que la Sécurité Sociale aura mis en concurrence avec d’autres capitalistes.
Donc un cadavre au bord de la route.
C’est vrai.
Mais, et si j’ose l’image, un cadavre consentant.
Le capitalisme, c’est la guerre, et pour l’emporter cette guerre là, il est essentiel de se montrer plus féroce que son concurrent et même, au bout du compte, d’être capable d’exterminer son concurrent.
Si le dit chauffeur de taxi doit bientôt être réduit à l’état de cadavre (économique) c’est qu’après tout, il l’a bien cherché.
Et c’est bien parce qu’il n’a pas appliqué les lois immuables de ce capitalisme que par ailleurs il vénère qu’il en est déjà réduit à passer commande au près des 3 Suisses de son suaire.
Les lois qui régissent le capitalisme sont immuables, foutre dieu !
Regardez notre Chambellan Accessoire dont il se murmure qu’il serait Ministre du Budget.
(Je conditionne, car j’ai appris à me méfier des certitudes…)
Voilà un garçon dont la réussite personnelle, au sein du système capitaliste, est citée en exemple.
Spécialiste des dysfonctionnements cardiaques (qui ne sont pas les zémois zamoureux) avant de se mettre au service des si lucratifs laboratoires pharmaceutiques puis de passer à l’implantation de moumoutes en poils de guenons pour vieilles rentières des beaux quartiers parisiens !
Voilà l’exemple même d’une belle réussite sociale au sein de l’invertueux système capitaliste.
Un exemple dont devraient s’inspirer les chauffeurs de taxis.