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Comédies
29 novembre 2012

COMEDIE (98)

Quelles sont donc les motivations qui ont poussé une Juge à s’en prendre à deux frêles vieillards ?

Mon atterrement ne connut pas de borne lorsqu’aux aurores de ce jour, après avoir découvert l’immonde gazouillis de une, je me fus rué sur les pages intérieures de l’hebdomadaire local (dont, contrairement à certaines rumeurs autant malveillantes qu’infondées, le sémillant directeur ne me remet pas gratuitement un exemplaire chaque semaine, derrière une porte cochère sise dans l’Ecusson, mais dont je fais l’acquisition, chaque jeudi matin, chez mon buraliste attitré).

Quoi donc, m’écriai-je muettement ?

Cette accumulation de ragots ?

Ce fatras d’informations évidemment infondées dont il est évident qu’elles furent colportées par un Cergypontain installé par-dessus les réalités palavasiennes comme le serait un cheveu sur la soupe ?

Trop c’est trop !

J’en témoigne, moi qui vécus durant dix longues années dans cette cité paisible où tout n’est que luxe, calme et volupté.

Ni Christian ni Albert ne méritent cet opprobre que quelques médisants jettent sur deux hommes dont la bravitude fait mon admiration.

Que sont, en effet, ces quelques affaires qui leur seraient reprochées par une Jugeuse sur la foi de prétendus rapports libellés par les Honorables affectés à la Cour Régionale des Comptes ?

Quoi donc, sinon un ramassis d’insanités ?

La concession de quelques mètres carrés sur l’une des plages les moins prisées de Palavas à l’une des filles d’Albert ?

Pour l’installation d’une guinguette où le touriste est convié à se repaître de mets familiaux pour des prix à ce point si modestes que l’observateur impartial se demande par quel miracle la dite fille d’Albert parvient à vivre de ce négoce?

Qu’y peut-elle, la malheureuse, si son compagnon fut condamné pour d’infantiles broutilles par un tribunal de la République ?

Comment ne pas applaudir Christian lorsqu’il déclare que « la ville de Palavas a pu indirectement contribuer à remettre dans le droit chemin l’homme qui avait commis des fautes graves et qui a payé le prix de sa turpitude » ?

Si cela n’est pas de l’Humanisme, au sens le plus noble du terme, il ne me reste plus qu’à jeter à la poubelle mon équerre et mon compas (dont je ne fais d’ailleurs plus usage) !

Le port et son amodiation ?

Tout de suite les grands et gros mots, ceux-là même qui sont incompréhensibles au commun des mortels !

Et qui donc vous flanquent des frissons.

La ville rachète-elle à Albert quelques commerces situés sur le port ?

Quel mal y a-t-il à cela ?

Albert, alerte septuagénaire certes, ne peut-être au four et au moulin.

Il valait donc mieux que ces commerces fussent confiés à des gestionnaires avisés.

L’esprit impartial voit bien là le sens du bien commun, du bien familial, puisque Palavas n’est rien d’autre qu’une grande famille, dont Christian et Albert entretiennent l’esprit depuis plus d’un quart de siècle !

L’affaire du Gecko ?

Le républicain impénitent, celui qui se réclame de l’Egalité, ne peut supporter qu’il y ait deux poids deux mesures.

Le fils d’Albert fait l’acquisition d’une modeste chaumière dont il souhaite transformer le rez-de-chaussée en garage ?

Quoi de plus normal ?

Chaque citoyen dispose non seulement du droit au logement mais encore de la transformation de ce logement selon ses besoins.

Qu’ensuite, et dans l’environnement économique que chacun connaît, ce brave garçon prenne le risque insensé de se lancer dans l’aventure de la création d’un restaurant, faut-il l’en blâmer ou bien l’encourager ?

Les détracteurs blâment ; le propriétaire du Gecko, si peu partageux, proteste parce que la mairie ampute sa terrasse de quelques mètres carrés afin de donner un coup de pouce au jeune entrepreneur qui, lui aussi, a un vital besoin d’un peu d’espace pour y installer deux ou trois tables ainsi qu’une dizaine de chaises bancales.

Alors même que ce n’est que justice et intransigeante défense du principe d’égalité.

Le Splash ?

Ce joli manège dont le charme désuet fait l’admiration de tous les visiteurs ?

Au prétexte qu’il serait indûment installé sur le domaine public ?

Alors qu’il autorise à peine la survie des enfants d’Albert ?

Qu’Albert lui-même y donne de son temps (et de ses forces déclinantes) lorsque s’en revient la belle saison et que les touristes, gavés de frites et de barbe à papa, n’ont qu’une envie : faire splash dans des eaux javellisées selon les normes européennes.

Non, non et non !

Christian et Albert sont deux hommes qui méritent et le respect et l’admiration.

Deux hommes qui ont consacré la plus grande part de leur existence à réussir ce que personne n’avait imaginé avant eux : bâtir de toutes pièces la station balnéaire la plus laide d’Europe.

Selon, bien entendu, des normes esthétiques désuètes.

J’ose la formulation : deux talentueux bétonnouilleurs.

Dont la dernière réalisation, ce fastueux parking qui marquera à tout jamais l’identité de la ville.

Pourquoi donc leur chercher des poux dans la tonsure à ces deux hommes dont le dévouement n’a point connu et ne connaît toujours pas de limites ?

Deux hommes qui ont consacré tout leur temps et toute leur énergie à réussir Palavas.

Eh oui, messieurs les pisse-froid, la réussite de Christian et d’Albert est incontestable.

Et c’est sans doute ce qui transcende votre jalousie avec tout ce qui l’accompagne, dont le fatras des calomnies que j’ai succinctement évoquées.

Palavas est l’œuvre de deux hommes d’exception.

Regardez par exemple comment, par touches successives, le casino de Palavas est devenu le symbole d’une réussite exemplaire.

Bâtiment amiral dont la proue sert de repères aux navigateurs de l’impossible jusque dans les nuits les plus affolantes.

Observez la richesse des offres culturelles concoctées par Christian, poète émérite.

(Je parenthèse afin de méaculpater : j’eus grand tort, cher Christian, de vous affubler du titre de « Pouêtepouête Calamiteux » ! Je confusionne. J’accorde aux remords l’autorisation de me submerger. Vous êtes d’ores et déjà, cher Christian, bien autre chose qu’un Vermifugeur. Vous êtes l’essence de la Poésie. Ne vous manqua que la fortuite rencontre, sur la rive gauche, d’une quelconque Elsa dont vous eussiez alors chanté le regard en alexandrins chaotiques qui restent votre apport principal aux belles lettres françaises.)

Face au talent, face (et je n’ai pas peur du mot) au génie des deux bâtisseurs, les insinuations calomnieuses révèlent la piètre qualité des détracteurs de Christian et d’Albert.

Il ne suffit en effet pas de se parachuter depuis Cergypontoise pour prétendre donner des leçons à deux hommes dont la rigueur, dont la probité, dont la générosité sont appréciées de tous leurs concitoyens.

Ne faut-il d’ailleurs pas admirer cette belle persévérance qui les a conduits au cours du dernier quart de siècle, beaucoup mieux que ne l’auraient fait des bataillons de dames patronnesses, à maintenir un conséquent contingent de pauvres et d’assistés ?

Car à quoi bon faire preuve de générosité s’il ne reste plus ni des uns ni des autres vers lesquels tourner cette générosité ?

La réussite de Christian et d’Albert fait des envieux ?

Parce qu’elle vise au bonheur tant individuel que collectif ?

Christian et Albert laisseront une trace indélébile dans l’histoire.

Si tant est que l’histoire ne s’interrompe brutalement et que la cité ne soit enfouie sous les eaux, ce que des oracles inconséquents (et bien qu’universitaires) ont annoncé dans l’enceinte même du musée où les traditions locales s’exposent.

Une hypothèse qui laisse tout de même imaginer que dans vingt ou trente siècles, des chercheurs s’essaieront alors de retrouver les vestiges de la cité qui fut, à l’aube du 21° siècle, le Phare de la Méditerranée.

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