Bon apôtre

Faut pas pousser pépé dans les orties…

Il ne faut surtout pas exiger de lui plus qu’il ne peut offrir…

Je ne suis ni politotologue ni cartomancien ni diseur de bonne aventure.

Je ne tire pas les tarots.

D’autant moins que, je le rappelle, je ne naquis pas à Marseille mais sur les rives de Meuse, en la même cité que celle où Arthur composa avant que ne survienne la Commune, en latin, ses premiers poèmes.

Oui, je l’avoue, ce récent scrutin dominical ne m’inspire rien de rien.

Comment, en effet, commenter le néant (ou ce qui s’en rapprocha) ?

Sinon en m’écriant : la Démocratie est morte, vive la Démocratie.

Un vieil ami taquin me suggère de fêter le recul de la Bête Immonde, tant il est vrai que qui n’avance pas recule et qu’à tout prendre il est réjouissant de n’avoir pas eu l’obligation de subir les ricanements des descendants directs de la Pétainerie.

Mais ce recul lui-même a-t-il un sens ?

Ces élections, en leur globalité, ont-elles d’ailleurs un sens ?

Expriment-elles autre chose que le divorce entre le Peuple souverain et la petite caste de celles et ceux qui aspirent à la représenter (quitte à la bâillonner puis le bastonner dès le lendemain du scrutin) ?

Bon, je ne vais pas faire la fine gueule.

Mieux encore, j’accepte de me montrer généreux à l’égard de moi-même : je m’en vais déboucher une bouteille de chiroubles puis boire à la santé de vous autres deux ou trois verres de ce nectar.

Oui, je suis un confusionniste.

Et je l’assume.

Va pour un quatrième verre.

Il me vient comme de fugaces instants d’euphorie quasiment érotisante.

Des rires incontrôlables.

Lorsque j’observe les images quadricomiques des spécialistes de la Marche arrière.

Les petits-enfants de Lecanuet, cul par-dessus tête.

Le ministre des Seaux en tout premier lieu.

Mais aussi leur Maître à penser, l’idéologue récessif, l’énarchiant formaté pour ne servir que beaucoup plus puissants que lui.

Les voici tout nus, celles et ceux qui depuis cinq ans marchent à contresens de l’Histoire.

Le Monarque, ses Chambellans et leurs redevables, infâmes Godillotistes qu’angoisse la perspective de l’imminente perte de leurs juteuses sinécures.

Va pour un cinquième verre et douze tranches épaisses de jésus.

Le sang coulera très bientôt.

A titre symbolique, bien entendu.

L’Enarchiant avait promis la lune.

Et voilà que s’annoncent les tranchées, de la Somme à Verdun, de la Bretagne à la Provence.

La boue dans laquelle patauger.

La pluie, le froid.

Les plaies béantes.

Les baïonnettes qui transpercent les bedaines.

Les jouvencelles promises aux soudards.

Le carnage.

La Raie Publique les appelle.

Va pour un sixième verre et douze épaisses tranches supplémentaires de jésus.

Je ne suis pas un bon apôtre.