(re)J+5

La traversée de la ville endormie.

Egayée par les cavalcades de belles jeunesses : collégiens et collégiennes, lycéennes et lycéens.

Dans le tram qui ignore, lui, ce qu’implique la reconfinitude.

L’empilement.

Le vieillard sous l’amoncellement de tant de ces belles jeunesses déjà prisonnières des obligations que leur infligent les machineries électroniquantes.

Que leur importe après tout : le capitalisme aux règles duquel elles se conforment les a déjà privées d’avenir.

J’entends les propos sentencieux du nouveau Bourgmestre, ses phrases à ce point conformes, alambiquées, qu’il n’est pas interdit d’imaginer qu’un jour ou l’autre le récent intronisé fera allégeance à plus puissant que lui et qu’il se verra alors confié quelque fonction de Chambellan.

Demandez-vous belle jeunesse…

Jaurès, n’est-ce pas.

Le socialisme, me direz-vous ?

Les Solférinistes l’ont confiné dans l’armoire aux souvenirs.

Ainsi que tout ce qui va avec : liberté, égalité, fraternité.

Le temps de la reconfinitude pourrait, devrait être celui d’un nouveau Hussard, lequel n’hésiterait pas à s’affranchir de la pesanteur et à cavaler sur les toits de la cité, afin d’y mesurer l’ampleur du désastre.

Et non le temps des paisibles gestionnaires et des protecteurs prenant plaisir à anesthésier les foules.

Qui se souvient ?

Angelo.

Non point celui d’un assez médiocre cinéaste mais celui de Giono.

Vous remarquerez qu’en ces premiers jours de la reconfinitude, je m’en reviens une fois encore vers Jean le Bleu.

(Et non vers Camus, le pâle et si falot Camus.)

Giono, la fureur.

Giono, le brasier.

Si je rengaine mes confidences c’est précisément que je pense être en présence de personnes raisonnables, eu égard à leur sympathique physionomie et nonobstant cet âge ingrat qui pousse facilement aux extrémités. Bénissez la jeunesse qui permet d’approcher la mort sans méfiance ni terreur.