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5 novembre 2020

(re)J+4

gréco

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je n’y avais pas prêté attention.

Mais ce temps de la reconfinitude m’autorise à des vagabondages dont quelques-uns m’ont renvoyé vers les lointaines années où il m’advint de t’écouter dans l’un ou l’autre des établissements parisiens où il t’arrivait de présenter ton tour de chant.

Hier soir, après avoir contemplé durant de longs moments la chute des feuilles mortes – celles d’un savonnier et celles d’une vigne vierge – il m’est venu l’envie d’en ramasser quelques-unes que je te destinerais ensuite selon des modalités indéterminées.

Puisque je ne savais rien de ce qu’il était advenu de toi au lendemain de ton décès.

J’ai donc effectué quelques recherches par le truchement de ma machinerie électroniquante.

Je fus sidéré, Juliette !

Sidéré, lorsque je découvris que tu avais confié ta dépouille à ce que le Grand Jacques appelait le flic sacerdotal.

Soit donc un larbin du ciel parmi les larbins qui agrémentent la vie des Vaticancaneurs.

Je ne t’en tiens pas rigueur, Juliette.

Je t’exprime mon étonnement, moi qui t’avais imaginée, femme si libre, loin de cette engeance-là.

C’est tout.

Je sais : chacun se débrouille comme il le peut avec sa mort.

Simplement, il y avait donc des choses que je n’avais ni lues ni décelées chez toi.

Bon.

Que vais-je faire de la douzaine de feuilles mortes que j’ai rassemblées pour toi ?

Les introduire ( ???) dans une enveloppe sur laquelle j’écrirai :

Madame Juliette GRECO

Cimetière du Montparnasse

PARIS

Avec l’espoir qu’un gardien recevant cette étrange missive s’en ira illico déposer mon humble présent sur ta tombe.

Tombe devant laquelle il s’arrêtera quelques instants, où il fredonnera la vieille ritournelle née de l’imagination de Prévert et Kosma.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle

Les souvenirs et les regrets aussi

Et le vent du nord les emporte

Dans la nuit froide de l’oubli

Tu vois je n’ai pas oublié

La chanson que tu me chantais…

Je n’ai pas oublié, Juliette, la chanson que tu nous chantais.

Malgré la reconfinitude.

Malgré les vents mauvais qui conjuguent l’hiver à l’anéantissement.

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