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10 septembre 2020

Exil 2020 4

rhin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lundi 20 juillet

 

Nuées orageuses. Par-dessus la ligne bleue destinée, selon la légende, à arrêter les élans des hordes teutonnes. L’Alsace en première ligne. L’Alsace sacrifiée. Isolée de l’ennemi quasiment éternel par le fleuve dont l’héroïque percée, plus au nord, ne constitue pas réellement une frontière. Capitalisme oblige, il est aujourd’hui la voie navigable par laquelle transitent les productions minières, industrielles et agricoles, richesses interlopes et interchangeables jusque dans les moments les plus sanglants d’une Histoire à ce point commune qu’elle confond et brasse les identités revendiquées.

Ce matin, il m’est venu l’envie d’acquérir l’édition locale des DNA. Pour ce faire, je me rendis dans la boutique du buraliste (et accessoirement kiosquier). Une boutique vide de tout autre client que moi. Ce qui n’empêcha pas le boutiquier de me refouler hors ses murs sous le prétexte que je n’étais pas emmasqué et que donc je contrevenais aux impitoyables exigences consignées dans je ne sais quel décret portant la signature du Monarque, décret qui stipule l’obligation de se dissimuler derrière un tissu la partie inférieure du visage dès lors que l’on pénètre à l’intérieur d’un espace collectif clos. Alors que JT (qui n’a, c’est certains, rien à voir avec TF1) constata de visu, une trentaine de minutes plus tard, que le même décret, dans la même boutique, ne s’appliquait pas de même manière, lorsque se présentait plutôt qu’un vieillard décati une accorte trentenaire, non emmasquée, mais frivolement tétonnante.

Je persiste et je signe : la France jusqu’en ses terres alsaciennes, est peuplée d’une multitude de pétainistes dotés de qualités qui feront d’eux, dans l’éventualité où, de zélés dénonciateurs, d’antisémites post-céliniens et même de milichiens aux crocs acérés. Il est certes commun de prétendre que les leçons furent tirées de l’Histoire et qu’en conséquence de quoi le franchouillard (fut-il alsacien) aurait enfin acquis les vertus propres à l’humanité universaliste. Mais chassez le naturel et le voici qui s’en revient au grand galop. Un chœur qui s’agrège spontanément et qui entonne, à l’instar des bourgeoises et des bourgeois montpelliérains, celles et ceux qui en février 1942 acclamaient sur la place de la préfecture du chef- lieu du canton occitendu le cacochyme Maréchal et le Caudillo, cet air qui empuantissait l’atmosphère du pays des droits de l’homme (et du citoyen) Maréchal, nous voilà/Devant vous…

Céline. C’est pas l’autre. C’est bien lui. Bagatelles pour un massacre. Combien d’enfants juifs entassés, à Drancy, dans des wagons à bestiaux tractés par une locomotive à vapeur jusqu’au camp d’Auschwitz et ses crématoires. Céline. C’est lui, cet enragé, ce nazi dont le « génie » littéraire a nourri de ses belles phrases si bien ficelées la folie meurtrière des collaborateurs, de leurs féaux et de leurs laudateurs franchouillards.

Les nuées nuent. La ligne bleue s’estompe. A quand la prochaine ? Chassez le naturel ? Il s’en reviendra au grand galop ! Je m’en vais retrouver Langlois, le capitaine. Langlois sous les habits que lui façonna Giono. Giono qui fit de Langlois son Roi sans divertissement.

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