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11 septembre 2020

Allende

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11 septembre.

Hier.

11 septembre 1973.

La nuit chilienne.

Mon cœur bat à tout rompre.

La soldatesque assassine Allende.

Sous les ordres des bienfaiteurs de l‘humanité, les Américains englués au Viet Nam dans une guerre d’anéantissement.

(J’ai la rage au ventre quand aujourd’hui même je lis dans Le Monde, journal de référence s’il en est : La Chine est devenue un adversaire dont les prétentions hégémoniques doivent être combattues.

(Le plumitif  éditorialisant, cet étron visqueux sait-il qu’un homme de mon âge n’aura rien connu d’autre que les prétentions hégémoniques des USA, le pays des assassins d’Allende et de tant d’autres de ces hommes qu’autrefois nous appelions des leaders progressistes ?)

Allende.

Ce 11 septembre 1973.

Si lointain, c’est vrai.

Mais ô combien révélateur du mépris américain à l’égard des « petits » peuples et de leurs libertés.

Je relis Neruda.

Son J’avoue que j’ai vécu.

Les dernières pages.

Alors que la mort rôde autour du Poète.

Neruda, le communiste, ami et soutien d’Allende, le socialiste.

J’écoute Neruda.

 

« Partout où je suis allé, dans les pays les plus lointains, les peuples admiraient Allende et vantaient l’extraordinaire pluralisme de notre gouvernement. Jamais au siège des Nations Unies à New York, on n’avait entendu une ovation comparable à celles que firent au président du Chili les délégués du monde entier. Dans ce pays, dans son pays, on était en train de construire, au milieu de difficultés immenses, une société vraiment équitable, élevée sur la base de notre indépendance, de notre fierté nationale, de l’héroïsme des meilleurs d’entre nous. De notre côté, du côté de la révolution chilienne, se trouvaient la constitution et la loi, la démocratie et l’espoir…

Allende ne fut jamais un grand orateur. Gouvernant, il ne prenait jamais aucune décision sans consultations préalables. Il était l’incarnation de l’anti-dictateur, du démocrate respectueux des principes, dans leur moindre détail. Le pays qu’il dirigeait … (disposait)… d’une classe ouvrière puissante et bien informée. Allende était un président collectif, un homme sui, bien que n’étant pas issu des classes populaires, était un produit de leurs luttes contre la stagnation et la corruption des exploiteurs… La nationalisation du cuivre fut une entreprise titanique. Sans compter la destruction des monopoles, la réforme agraire et beaucoup d’autres objectifs menés à terme sous son gouvernement d’inspiration collective.

Les œuvres et les actes d’Allende, d’une valeur nationale inappréciable, exaspéraient les ennemis de notre libération. Le symbolisme tragique de cette crise se manifeste dans le bombardement du palais du gouvernement ; on n’a pas oublié la Blitzkrieg de l’aviation nazie contre des villes étrangères sans défense, espagnoles, anglaises, russes ; le même crime se reproduisait au Chili ; des pilotes chiliens attaquaient en piqué le palais qui durant deux siècles avait été le centre de la vie civile du pays.

J’écris ces lignes hâtives pour mes mémoires trois jours seulement après les faits inqualifiables qui ont emporté mon grand compagnon, le président Allende. On a fait le silence autour de son assassinat, on l’a inhumé en cachette et seule sa veuve a été autoriser à accompagner son cadavre immortel. La version des agresseurs est qu’ils l’ont découvert inanimé, avec des traces visibles de suicide. La version publiée à l’étranger est différente. Aussitôt après l’attaque aérienne, les tanks – beaucoup de tanks – sont entrés en action, pour combattre un seul homme : le président de la République du Chili, Salvador Allende, qui les attendait dans son bureau, sans autre compagnie que son cœur généreux, entouré de fumée et de flammes.

L’occasion était belle et il fallait en profiter. Il fallait mitrailler l’homme qui ne renoncerait pas à don devoir. Ce corps fut enterré secrétement dans un endroit quelconque. Ce cadavre qui partit vers sa tombe accompagné par une femme seule et qui portait toute la douleur du monde, cette glorieuse figure défunte s’en allait criblée, déchiquetée par les balles des mitrailleuses. Une nouvelle fois, les soldats du Chili avaient trahi leur patrie. »

 

Depuis lors, quarante-sept longues années se sont écoulées.

Aujourd’hui, 11 septembre 2020, je continue à exprimer dans mes phrases décousues mon infini respect et  ma vive admiration à l’égard de

Salvador Allende et de son grand compagnon Pablo Neruda.

Le superbe élan que fit naître l’Unité Populaire Chilienne restera à tout jamais un des plus beaux, des plus exaltants moments de mon existence.

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