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14 juillet 2020

EVA

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10 mars 2020.

Il n’était ce jour-là question que d’un cruel virus déterminé à en finir avec l’animal humain.

A Berlin comme à Paris.

Un tintamarre qui ne laissait aucun répit, qui remplissait tout l’espace médiatique.

10 mars 2020.

J’essayais de me prémunir non pas tant contre une éventuelle attaque du dit virus que du déferlement dont je commençais à prendre conscience qu’il n’avait d’autre fonction que de me pousser à réintégrer le troupeau des Veaux.

Quatre mois m’auront été nécessaires pour savoir.

Quatre longs mois d’un assourdissant silence médiatique.

L’information qui jamais ne fut relayée et dont je ne pris connaissance que le 10 juillet 2020.

Parce qu’au soir de ce jour-là, j’avais décidé de fréquenter le site qui autorise des retrouvailles avec des visages qui me furent familiers, d’écouter des voix qui dans un lointain passé m’avaient émerveillé.

J’avais assemblé les trois lettres, celles d’un prénom : EVA.

Ce que j’effectue quatre ou cinq fois l’an.

J’avais délaissé le patronyme : Gougueule mémorise en effet chacune de mes recherches et me les restitue chaque fois que je les renouvelle.

Un patronyme évoquant l’Europe orientale : KILLUTAT.

EVA.

C’est donc ce 10 juillet 2020 que j’appris qu’Eva était décédée le 10 mars 2020, à Montréal.

Eva.

Une voix prodigieuse, une voix envoûtante au service de textes et de musiques qui avaient alors pour moi du sens (et qui, plus de 50 ans plus tard, n’ont rien perdu de leur actualité).

Eva, la jeune berlinoise qui était née en 1943 dans ce qui était encore la capitale du Reich.

Eva qui, le bac en poche, avait choisi de s’exiler à Paris pour perfectionner son maniement de la langue française.

D’abord les chansons des autres.

Les prénoms de Paris, de Brel.

Dis quand reviendras-tu, de Barbara.

Où vont les fleurs ?, de Pete Seeger (paroles françaises de Francis Lemarque)

Puis Eva s’émancipa, créa ses chansons, pour atteindre à une évidente notoriété, celle dont témoigne son passage dans l’émission de Denise Glaser Discorama.

(Une interview émouvante, toute pleine des silences, de la retenue, de la pudeur des deux femmes…)

Puis l’oubli, sauf pour celles et ceux pour qui les chansons et la voix d’Eva étaient à tout jamais gravés dans les mémoires.

L’autre exil enfin, à Montréal, un exil dont je ne sais rien.

Eva.

Je trifouille dans mes souvenirs.

Une première partie de Brassens à Bobino ?

L’Echelle de Jacob ?

Quels autres cabarets ?

Puisque en ces années vieilles de bientôt soixante ans, je fréquentais les cabarets, portant en moi le rêve de devenir chanteur.

(Et écrivant alors de mauvais textes qui ont disparu dans un brasier en compagnie de tentatives romanesques avortées.)

La voix envoûtante d’Eva.

La luminosité de son sourire.

Et la force de ses convictions.

Eva n’était de toute évidence pas faite pour œuvrer au service de l’industrie du show-biz.

Les industriels ne voulaient pas d’elle.

Elle ne voulait pas d’eux.

Une belle dame à l’âme si lumineuse est décédée à Montréal le 10 mars 2020.

Je laisse d’Elle cette trace qui me survivra peut-être.

Eva.

Dis quand reviendras-tu ?

 

eva

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