Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Comédies
11 septembre 2013

Salvador Allende

S’est-il souvenu de toi ?

Connaît-il ton nom ?

Lui qui règne sur la première puissance mondiale.

Lui qui à l’instar de ses prédécesseurs prétend imposer l’ordre américain sur cette planète qui n’est concevable pour lui que réduite aux seules valeurs américaines.

Dont le culte du Veau d’Or est le fondement.

Que nous importe après tout, Salvador !

Il me suffit d’écrire que nous sommes aujourd’hui le mercredi 11 septembre pour jaillisse le cri qui résulte de l’infinie douleur.

Celle-là même que je ne pus contenir voilà tout juste quarante ans.

Le 11 septembre 1973.

Lorsque la radio que j’écoutais alors, une radio de service public, France Inter, lorsque cette radio, je ne me souviens plus sur quel mode, annonça ce qui n’était, dans les premiers instants, qu’une tentative de coup d’état.

Dès cette annonce, je restai rivé au transistor, allant d’une station à l’autre, en quête d’une information plus précise, plus rassurante aussi.

Puisque cette tentative de coup d’état appartenait déjà et depuis plusieurs mois aux préoccupations des gens de gauche, que de nombreux indices laissaient déjà redouter le pire.

Mais tout de même convaincus que l’Union Populaire, que les forces vives du Chili seraient en mesure de s’opposer victorieusement aux factieux et à leurs mandataires.

Nous vivions, ici, en France, dans cet état d’exaltation qu’avait provoqué la récente signature du programme commun.

Les retrouvailles raisonnables des socialistes et des communistes.

La volonté de gouverner ensemble.

Quelque chose de ressemblant à ton Unité Populaire.

Dans un contexte bien évidemment différent.

Donc une attention de tous les instants à ce que vous réalisiez, toi et ton gouvernement, à Santiago.

Vos difficultés.

L’acharnement des patrons chiliens à combattre vos réformes.

De vraies réformes, favorables au monde du travail, aux exclus.

Des réformes authentiquement socialistes.

A ce point socialistes que toi, Salvador, tu te déclaras marxiste.

En ces années où en Europe, tant de dirigeants socialistes reniaient déjà le marxisme.

Nous savions (je savais), en ce mois de septembre 1973, que le patronat chilien et ses conseillers américains préparaient un mauvais coup.

Quelques doctes spécialistes tentaient de nous (me) rassurer en évoquant, en garantissant même le légalisme de la soldatesque chilienne.

« La seule armée du continent sud-américain qui ait toujours respecté la constitution, qui ne soit jamais intervenue dans la gestion des affaires de la société civile », nous serinaient-ils.

Le 11 septembre 1973, soutenue, conseillée, financée par les agents de la CIA, la soldatesque chilienne commandée par l’infâme Pinochet tenta et réussit son coup d’état.

Tu résistas.

Avec le peu des moyens dont tu disposais.

Tu parlas au peuple chilien.

Ta silhouette si familière dans les derniers instants du combat

A la Moneda.

Ta voix.

Celle d’un homme digne et courageux.

Celle d’un homme qui choisit la mort plutôt que la soumission à la barbarie fasciste.

Cette barbarie que, depuis lors, aucun président yankee n’a condamnée ni désavouée.

Les tortures les plus infâmantes.

Les assassinats.

Les milliers de cadavres.

Sous le regard et avec l’assentiment des conseillers américains.

Les dollars si généreusement accordés aux putschistes par le capitalisme américain.

L’achèvement voulu par Washington d’une aventure politique qui portait préjudice au capitalisme américain.

Je me souviens de toi, camarade Salvador.

Publicité
Publicité
Commentaires
Comédies
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité