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6 septembre 2013

Septembre

Mon François,

 

Ta Majesté !

 

 

Aujourd’hui (vendredi 6 septembre) Libé a fait dans la sobriété.

Du côté des images.

Quatre clichés quadricomiques, qui illustrent l’accueil que vous réserva Vladimir, à toi, mon François, ta Majesté, à Barack ainsi qu’à un visiteur turc et à un visiteur saoudien.

A Saint-Pétersbourg.

Là où, Vous, les Puissants, tenez votre raout annuel, le G20.

D’où il ne sort quasiment rien de bien utile pour les peuples concernés mais où vous réitérez votre expression d’une soumission toujours plus affligeante au Grand Désordre Capitaliste.

Je m’interroge au terme de ma lecture de l’Edito du jour (signé une fois encore par le Sergent Major) de ce Libé dont je dus aujourd’hui acquérir deux exemplaires, le premier ayant été réduit à l’état de serpillière par ma petite-fille.

Evoquant la question syrienne, le Sergent Major écrit en effet ceci : « Une solution qui doit aussi inclure les alliés russe et iranien du régime, aussi peu ragoûtants soient-ils, tout comme les pays voisins et les parrains de l’opposition. »

Je le reconnais bien volontiers et en donne donc acte au Sergent Major : les pouvoirs russe et iranien ne sont pas particulièrement ragoûtants.

Mais la question que je me pose, que je te pose, mon François, ta Majesté est celle-ci : nos pouvoirs à nous le sont-ils un peu plus ?

Pour toi qui règnes sur notre France de par la volonté de la souveraineté populaire, je ne doute pas que tu apporterais une réponse positive à cette interrogation si par le plus grand des hasards ma missive parvenait jusqu’à toi.

Tu es, toi, l’ancien énarchiant, l’instrument d’une machinerie étatique, instrument aux fonctionnalités transversales qui rendent désormais caduques les notions de droite et de gauche.

Tu ne peux en effet remettre en cause les dogmes qui façonnent ta pensée.

Oui, pour toi, nos pouvoirs sont infiniment plus ragoûtants que les pouvoirs russe et iranien.

Par contre, pour moi qui survis dans une sorte de précarité, celle qui résulte avant tout de mon grand âge, il m’advient, vois-tu, de me laisser submerger par le doute.

Surtout lorsque je me refuse à n’observer que les apparences.

Comme celle qui vous conduit, toi et tous tes pairs, à proclamer que nous, les citoyens, vivons dans des démocraties exemplaires.

Alors même, mais peut-être l’ignores-tu, que l’essentiel de ce qui façonne nos existences échappe à la décision démocratique.

Alors même que nous subissons des politiques économiques pour lesquelles nous n’avons pas été consultés.

Si je parviens à échapper à la seule contemplation des apparences, je découvre que la démocratie au sein de laquelle je survis est au mieux imparfaite, au pire une parodie de démocratie.

Je me permets par exemple de te faire remarquer qu’au terme de tes rodomontades électorales, à peine élu, tu as capitulé devant les Banquouilleurs, comme tu capitulas devant quelques-uns des Médéfieux parmi les plus Puissants.

A Saint-Pétersbourg, il en sera de même.

Tu capituleras devant le Grand Désordre Capitaliste.

Tu fus en effet formaté pour capituler.

Il ne te restera donc d’autre alternative, pour sauver tes apparences, qu’à t’arrimer à ta posture morale : punir, derrière (plutôt qu’aux côtés de) Barack l’ignoble dictateur syrien.

Sans toutefois ne rien dire sur les conséquences éventuelles de cette punition.

En dissimulant du mieux que tu le pourras les monceaux de cadavres que laisseraient du côté de Damas et d’Alep les frappes chirurgicales opérées avec des missiles parmi lesquels ceux que confectionnent de braves ouvriers franchouillards, salariés de nos valeureux trafiquants d’armes.

Nous sommes en septembre.

Nous sommes en septembre 2013.

Voilà tout juste quarante ans, le 11 septembre 1973, Pinochet et la soldatesque chiliennes, financés par les Médéfieux américains d’alors, assistés par la CIA et le Pentagone, oui, Pinochet et ses sbires mitraillaient et bombardaient les partisans d’Allende.

Allende, un socialiste, mon François, ta Majesté.

Allende, un homme de conviction, de courage, de générosité.

Allende, socialiste, mort au combat pour la liberté.

Pinochet et ses sbires s’installèrent au pouvoir.

Un pouvoir dictatorial soutenu, encouragé par l’un des prédécesseurs de Barack.

Un pouvoir de tortionnaires.

Un pouvoir de pleutres lorsqu’il se confrontait aux mots des poètes.

Pablo Neruda décéda quelques jours après le coup d’état.

Les tortionnaires coupèrent les doigts de Victor Jara avant d’assassiner le chanteur.

Si donc à Saint-Pétersbourg, vous vous retrouvez dans une relative intimité, Barack et Toi, mon François, ta Majesté, prenez le temps d’effectuer quelques immersions dans l’histoire récente des deux pays que vous dirigez.

Rappelle-lui que la soldatesque française fut la première au monde à faire usage du napalm. Au Viet-Nam, en 1951. Il te rétorquera que la soldatesque américaine y fit un usage beaucoup plus conséquent quelques années plus tard.

Peut-être alors, au fil des souvenirs évoqués tant par l’un que par l’autre, vous adviendra-t-il de vous interroger sur le bien-fondé des frappes punitives que vous voulez infliger au peuple syrien.

Peut-être ?

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