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4 février 2013

Tombouctou

Mon François,

Ta Majesté !

 

Tu me teutonnas.

Là-bas, à Berlin, ce cliché sur lequel on te devinait.

Minuscule, à peine identifiable, à la tribune du Reichstag.

Mais si grand dans le symbole.

L’Allemagne et la France réconciliées.

Depuis ce jour où Charles et Konrad eurent l’excellente idée de solder les comptes et d’appeler les deux peuples au partage.

Que de chemin(s) parcouru(s).

C’est que moi, j’avais vingt ans, lorsque Charles et Konrad décrétèrent que la France et l’Allemagne n’avaient d’autre recours que d’unir leurs destinées.

Ce que confirmèrent ensuite François et Helmut, puis Jacques et Gerhard.

Pour faire court, très court.

Et donc toi, François, désormais aux côtés d’Angela.

Oui, tu me teutonnas.

Mais plus encore !

Ces derniers jours, tu m’émervouillas.

Tu m’émervouillas tout long de la guerre que conduisirent au Mali nous héroïques armées.

Des armées que tu commandas à la façon de Bonaparte.

Des armées qui boutèrent hors de Tombouctou les meutes barbares.

Celles-là mêmes qui y avaient instauré l’ordre islamique et qui menaçaient de fondre sur Bamako, là où s’étiolaient les survivances de la démocratie.

Sous ton commandement, nos valeureuses armées ont donc permis de sauver ce qui pouvait encore l’être de cette démocratie-là.

L’Histoire, toujours majusculable, te concédera une place de choix : celle qui revient au Chef qui mena la guerre pour que s’impose la plus juste des causes.

La cause de la démocratie.

A l’égal de ton prédécesseur, l’Inestimable Nicolas, lequel terrassa le Raïs libyen afin que s’établisse enfin, du côté de Tripoli et dans ses environs immédiats, une grande et belle démocratie.

Ou, tout au moins, ce qui y ressemblera un jour.

Voilà donc le Mali libéré des barbares.

Tu as effectué le voyage de Tombouctou.

Tombouctou libérée.

Après que nos aéronautes aient déversé ce qu’il fallait de bombes afin de terroriser les terroristes.

Lesquels prirent si vite leurs cliques et leurs claques qu’il ne fut même pas nécessaire de livrer combat.

Au sol, comme le disent si bien nos généraux.

Quelques opérations chirurgicales, le déversement de ces bombes sélectives qui opèrent le tri entre le bon grain et l’ivraie.

Et l’affaire était bâclée.

A Tombouctou comme à Bamako, le peuple malien t’érigea des arcs de triomphe.

Tu lui parlas, au peuple malien.

Ne me tiens pas rigueur si je n’ai rien retenu de tes brillants discours : je m’interdis depuis fort longtemps de subir les mensongeries déversées par les télévisions qui accomplissent avec tant de belle persévérance la mission de conduire l’autre peuple, le tien, le mien, à ne jamais poser les questions qui fâchent.

Je ne dispose que de quelques bribes, des lambeaux de phrases entendus grâce à un vieux transistor qui accompagne mes matutinales ablutions, dans une anachronique salle de bain.

(Je parenthèse afin de te préciser que je maintiens le mot « bain » en sa forme singulière en raison des coûts exorbitants du gaz et de l’électricité.)

Bribes et lambeaux qui me font toutefois accroire que tu leur causas à bon escient.

La France et ses glorieuses armées n’ont rien à foutre au Mali.

J’acquiesce et j’applaudis.

Que les maliennes et les maliens reprennent en main les affaires de leur nation.

J’acquiesce et j’applaudis.

Que le Mali redevienne un parangon des vertus démocratiques.

J’acquiesce et j’applaudis.

Après Tunis, Tripoli, Le Caire.

Et bien avant Damas.

Tu fus prodigieux, mon François, ta Majesté.

C’est le peuple malien lui-même qui l’a clamé.

Avec force enthousiasme.

Même qu’en écrivant ces phrases inconséquentes, quelques larmes perlent à mes yeux.

Tu symbolises, mon François, ta Majesté, le triomphe du Progrès contre l’obscurantisme, tous les obscurantismes.

La France des Lumières se revivifie grâce à toi.

A Tombouctou, elle est enfin redevenue ce Phare de l’Humanité qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.

Parce que tu fus pugnace, courageux, téméraire.

Seul.

Mais sans jamais baisser les bras.

Pas la moindre arrière-pensée.

La pureté originelle qui sied à l’homme qui puise son énergie dans ses plus intimes convictions.

La démocratie, rien d’autre que la démocratie.

Les questions triviales, celles de l’intendance, ne sont pas de ton ressort, mon François, ta Majesté.

Un avenir radieux attend désormais le peuple malien.

Parce que tu osas et que ton entreprise fur couronnée de succès.

 

Pace è Salute !

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