Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Comédies
7 mars 2010

Jabot

Un jour de grand vent.

Un grand vent fripon.

A vous retrousser le duvet qui protège des intempéries le cloaque de Germaine.

Germaine que j'héberge en raison du retour inopinable des froidures et des absences de son Edouard qui argue de lointains voyages. De solitaires errances qu'il justifie par le pressant besoin de trouver une pitance devenue rare.

Dont je dois cependant reconnaître qu'il s'en revient toujours le jabot plein, le dit Edouard.

Tout plein des victuailles dont se satisfont de nos jours les goélands.

Qui, désormais, ignorent tout de l'odeur de la daurade Frêche.....

Pardon: de la daurade fraîche......

Nous regardons vers de lointains horizons, Germaine et moi.

Des horizons coutumiers: l'Aigoual et le Ventoux, plus que jamais enneigés, l'un et l'autre.

Germaine attend, espère des jours meilleurs.

Elle a délaissé son tricot.

Elle lit le Libre Midi.

Tout le Libre Midi, sauf  les avis de décès.

"Ils ont tenté d'empoisonner monsieur Revol?"

(Monsieur Revol? Le monsieur qui conjugue les archaïsmes des élans révolutionnaires du siècle défunt et les inaccessibles rêves de celui qui balbutie ses premiers égarements. Le lideur de la liste des gauches en état de rénovation permanente.)

"Eh oui, Germaine! Rien ne les arrête! Les ignobles crapules! Sournoises et retorses. Elles ont profité d'un voyage à Mende du seul candidat qui prenne le parti des Travailleurs pour lui inoculer un insidieux poison!".

Le regard de Germaine se tourne vers le Ventoux en sa déclinable pente jusqu'à l'Orient.

"Un mauvais coup de monsieur Georges, vous croyez?"

Germaine a l'hypothèse facile depuis que je lui ai donné à lire ma collection complète des Maigret d'un certain Simenon.

"Non, Germaine: ces deux-là se rabobicheront dans la nuit du 14 au 15 mars. Au nom de la Liberti, Liberti chérie. D'ailleurs, je vais vous dire Germaine, il me semble inadéquat de chercher un assassin potentiel du côté des prétendants."

Un regard perplexe de Germaine sur le vol chaotique d'une tourterelle.

"Même pas monsieur Couderc?"

Ma main gauche effleure l'aile droite de la goélande.

"Non, Germaine, ni ce faux derche, ni le Roitelet de Palavas, son compère de l'autrefois.... enfin, non: son compagnon....."

Germaine insiste.

"Alors, madame Hélène?"

Je m'esclaffe.

"Germaine! Je vais vous priver de vos lectures! Vous imaginez, vous, Madame Hélène, qui prêta serment à Hippocrate, attenter à la vie d'un homme qui a toujours pris le parti des Travailleurs? Vous n'êtes pas sérieuse Germaine. Madame Hélène, à sa façon, prend elle aussi le parti des Travailleurs. Je m'en vais vous imposer la lecture de la Gazouillette de cette semaine."

(Je fais ici référence à la Gazouillette de Montpellier qui publie, dans son numéro de cette semaine, l'interview de Sainte Hélène qui explique pourquoi et dans quelles conditions elle terrassera le Dragon, avec le soutien de Roumégas de France, le flatulent itinérant.)

"Si vous le dites, André....."

J'ai dit, Germaine!

Le candidat qui toujours prit le parti des Travailleurs a survécu à l'ignoble tentative d'empoisonnement qui relève des méthodes dont usaient autrefois les bolcheviques lorsqu'ils cherchaient à éliminer les adeptes de l'Evangile selon Saint Léon.

L'Aigoual tressaille.

Effet d'optique?

Rien n'est stable.

Et surtout pas le côté senestre de la politique.

Germaine feuillette les pages "cinéma" de la Gazouillette.

Son Edouard regagnera le nid conjugal à l'heure crépusculaire. Le jabot plein de victuailles avariables.

Je fredonne une bouzyguette à l'oreille de quelques huîtres.

Pace è Salute!

Publicité
Publicité
Commentaires
Comédies
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité