Ecrin

Voilà donc le chef d'oeuvre avec lequel Monsieur 100% a scandé ses voeux.

Si fier de sa production, Monsieur 100%, qu'il a tenu, selon certaines sources bien informées, à lire ses alexandrins lors d'une récente cérémonie.

"Que la nature est belle, parfaite, harmonieuse,

Je l'admire toujours, je la trouve somptueuse,

Je demeure sans mot devant la création

Qui m'apporte toujours de vraies satisfactions.

(Les versificateurs émérites noteront ici et là certains déséquilibres dans la construction des alexandrins. Mais ce qui doit être surtout retenu, c'est un profond bouleversement dans le regard que porte le Poète sur son environnement. La perfection et l'harmonie lui ont longtemps échappées. Je pense en particulier à la destruction programmée de quelques étangs, qui faisait suite à la destruction déjà réalisée d'autres étangs et qui permirent aux bétonnouilleurs patentables d'exprimer la plénitude de leur talent. Il fallut le combat acharné de deux associations et une quinzaine années de procédure pour que le Poète soit enfin en droit d'admirer ce que détruisaient les bétonnouilleurs: la nature, parfaite et harmonieuse à la fois!)

Plus je vais dans le temps et moins je me l'explique

Tous mes sens en éveil par l'infini lexique

Tentent de justifier toute l'immensité

Pour comprendre le sens de sa réalité.

(On sent, chez l'homme vieillissant, le désir de s'inventer une éternité, fut-elle provisoire, mais aussi de comprendre un monde qu'il observa durant tant d'années du haut des remparts de la Redoute.)

Ici, la fleur des champs n'est que pure merveille,

(Et tout particulièrement celle du palmier, monocotylédone intégré à l'insu de son plein gré au milieu palavasien.)

Là-bas vole l'oiseau aux couleurs sans pareilles,

Là-haut, au firmament, le ciel couvert d'étoiles

Dessine dans la nuit une superbe toile.

Le miracle est partout, dans le ciel, sur le mer

Le grain de blé séché que l'on enfouit sous terre

(Aïe!!!!!!)

Reprend de la vigueur et nous donne l'épi,

Tout cela chaque année sans repos, sans répit.

Le mystère est présent, tout le monde y souscrit

Dans l'infiniment grand et dans le plus petit.

Les milliers de savants avec leurs téléscopes

Et les nombreux chercheurs avec leurs microscopes

N'auront pu découvrir de l'immense système

Qu'une infime partie des règles et théorèmes.

(Aïe!!!!)

Aussi n'arrivant pas à expliquer les causes,

Certains ont décidé de simplifier les choses

Avec le supposé big-bang providentiel

Qui aurait tout créé, y compris l'Eternel.

Je n'adresserai pas de reproches ou critiques

(Aïe!!!!!!!)

Simplement un appel à bien plus de logique.

(Le Poète atteint au Sublime! La Vérité, chez lui, se fait Verbe!)

Car j'ai le sentiment que toute cette "action"

Ne peut pas s'expliquer par la déflagration.

(Aïe!!!!!!!!!!

La Vérité se relativise. Elle se dissimule derrière le sentiment qui n'est évidemment pas certitude.)

Dans tout le processus qui permit ce chef-d'oeuvre,

Le hasard n'est pour rien car toute la manoeuvre

Est si parfaitement rythmée, organisée,

Que seul un grand génie a pu réaliser

Ce spectacle grandiose et cette partition

Nés de la volonté d'un être d'exception.

(Qui n'est pas l'Être Suprême. Le génie du Poète transcende celui de l'être d'exception. Ou l'inverse.)

Devant la perfection de l'homme et l'animal

Ou la subtilité du règne végétal.

(Comme surpris par sa propre audace, qui dépasse, et de loin, celle du Chanoine de la Transe, le Poète conclut sur ses naïfs et si récents émerveillements!)

Je souhaite pour vous tous en cette année nouvelle

(Aïe!!!!!!)

Que le Père Noël mette dans l'escarcelle

La santé et la paix dont nous avons besoin

Pour vivre ensemble dans ce somptueux écrin.

(Aïe!!!!!!!!)

Voilà l'intégralité du chef d'oeuvre.

Je ne doute pas que le Petit Jean, succédant à son papa Nicolas à l'horizon 2040/2050, n'imposera sa lecture, dans ce qu'il restera des écoles de la république, à tous les petits français en quête d'identité.