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7 juillet 2016

Michou

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Mon pauvre Michou…

Je me déconnecte de la Médiatouillerie.

Le chœur des pleureuses me révulse.

Mais promis juré, Michou, lors de mes prochaine séjours en Balagne, j’emprunterai plus souvent la route du Reginu, afin de traverser Monticellu, de frôler le cimetière où seront déposées tes cendres, avant de descendre à Isula Rossa où, paraît-il, nous fréquentions toi et moi le même établissement.

Le Café des Platanes, dont les murs témoignent encore des luttes ouvrières qui scandèrent l’histoire de cette bourgade.

Avais-tu remarqué que sur le panneau placé à la gauche de l’entrée, survivait un reflet de Lionel, psychorigide de l’île de Ré, d’origine protestante lui aussi ?

En visite de courtoisie dans la cité de Paoli, ce cher Lionel.

Je ne t’ai jamais croisé à la terrasse de ce café où je me suis installé tant de fois, ce qui semble indiquer que nous n’avons pas fréquenté la Balagne aux mêmes saisons.

Mais était-il nécessaire que nous nous croisions là ?

Je suppose que non.

Notre seule vraie rencontre remonte à des temps immémoriaux.

1960 ? 1961 ?

En ces années où la Guerre d’Algérie s’achevait dans d’effroyables convulsions.

Où je me cherchais des repères.

Et dans le fatras de ce qui m’advint, il y avait les informations communiquées par un tout jeune inspecteur des finances.

Toi, Michou.

Les camps de « regroupement », les deux ou trois millions de paysans entassés dans d’effroyables conditions, les dizaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes morts de faim.

C’est à toi, Michou, que je dois d’avoir pris l’exacte mesure de l’abomination qui résultait de « nos » politiques coloniales.

A toi, mais aussi à ceux par le truchement desquels je découvris la terrifiante réalité des pratiques mises en œuvre par la soldatesque franchouillarde (qui comptait alors dans ses rangs un certain Jean-Marie Le Pen).

Tu es de ceux qui décillèrent mon regard.

Et je t’en fus infiniment gré.

Au point que je te rejoignis durant quelques semaines (ou quelques mois ?) au sein du PSU.

J’avais vingt ans.

La suite ?

Elle n’offre qu’un très relatif intérêt.

Je suis resté curieux de l’homme, de son parcours.

De ton parcours.

Ta vision politique me reste, aujourd’hui encore, étrangère.

Marché et socialisme sont-ils conciliables ?

Je ne le crois pas.

Mais ceci est un autre débat.

Je m’en tiens aux souvenirs de l’autrefois, ceux de ces temps où la Guerre gangrenait la société française, ceux de ces années des ténèbres au cœur desquelles tu fus une de consciences qui parvinrent à faire passer un peu de lumière.

J’ignore si tes cendres enrichiront la terre de Corse.

Mais depuis les hauteurs de Monticellu, une belle partie de côte occidentale de la Corse s’offre aux regards des marcheurs qui savent donner du temps au temps.

 

Pace e Salute !

 

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