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24 février 2014

Gastrouillaison

L’irruption sournoise d’une gastrouillaison m’a permis de vérifier que l’homme, en l’occurrence l’individu réductible à moi-même, ne pense pas avec son cerveau mais avec ses tripes.

Pour une raison bien simple : en moins de vingt quatre heures, mon cerveau s’est vidé de tous ses superflus.

Des superflus emportés par les flots cascadants qui opèrent les transferts d’un lieu dit d’aisance vers l’espace collectif où leurs sont apportés les traitements adéquats destinés à rendre à l’eau une configuration quasiment naturelle.

Encore que ce lieu en ces heures des vidanges irrévocables ne se conformât guère à l’aisance que d’aucuns lui prêtent.

Mais je confinerai l’exposition de mon indécence dans des limites conformes à votre capacité de supporter d’aussi affligeantes prestations.

Reste tout de même cette effroyable et affligeante réalité : toute pensée s’évacue d’abord par le cul.

Ce qui me permet, soit-il précisé en passant, de mieux comprendre le vide de la pensée politique contemporaine qui s’est enclose, elle, dans des prés carrés, propriétés exclusives des déféqueurs.

Soit donc des chieurs.

Dont les étrons s’empilent dans des fosses prétendument septiques plus communément appelées Médias.

Lesquels Médias les recyclent jusqu’à l’instant de l’accomplissement de leur purification idéale, lorsqu’elles deviendront enfin consommables, au sens intellectuel de la chose, par la foule des consommateurs avides de ne rien apprendre mais empressés de s’émouvoir.

A ma modeste échelle, durant toute une nuit, dans un réduit à peine fréquentable, je me suis donc délivré des miasmes idéologiques qui s’étaient accumulés dans ce qui me sert de cerveau.

Miasmes emportés par les cascadaisons, avec les rares papiers sur lesquels je n’avais pas pris le temps de consigner mes mémoires.

Je les résume donc.

Quitte à sombrer dans la caricature.

Les récents soubresauts.

Révolutions frelatées.

Peuples cocufiés.

De Tunis au Caire, en passant par Kiev.

Un itinéraire évidemment raccourci en de telles circonstances.

Kiev, tenez.

A peine eurent-ils liquidé le tyran que des miraculistes ressortirent des placards, toute naphtalisée, une Icône entressouillée.

« Lève-toi et marche ! »

Illico, l’Icône se redressa et marcha.

L’Icône causa.

Le cul tout aussi dégueulasse que le cul du tyran déchu.

Mais une icône ne cause pas en usant de son cul.

Une icône est une sainte.

Consacrée par tous les crapouilleux oligarques.

Appartenant à leur très sainte famille.

Les prétendues révolutions d’aujourd’hui n’ont en effet d’autre fonction que d’étendre le Grand Désordre Capitaliste, de l’universaliser.

Les peuples n’y jouent que le rôle d’accessoires.

D’ailleurs, vous noterez que, sur les barricades, plus personne ne se hasarde à chanter « Ah, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne ! ».

Non !

Bien au contraire.

Les Peuples sont priés de vénérer par avance leurs futurs despotes, leurs futurs tyrans.

L’Entressouillée, Elle, baisera le cul de Poutine.

Je vous le certifie.

Au cours des prochains jours ou des prochaines semaines.

Le Peuple ukrainien, lui, continuera à crier misère.

Me serais-je égaré bien au-delà des conséquences de ma récente gastrouillaison ?

Celle ou celui qui se hasarderait à formuler une telle hypothèse aurait bien évidemment tort.

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