COMEDIE (60)

Le Libre Midi s'essaie bien souvent à prendre la tête des combats contre le Désordre Moral.

Le voici donc, circonstances obligent, qui proclame sa foi inébranlable dans la lutte contre la prostitution, lutte initiée dans un même élan par deux parlementaires appartenant à chacun des deux camps.

Soit donc un bel unanimisme autour d'un projet de loi visant à sanctionner les "consommateurs".

Pourquoi pas?

Encore que ce consensus m'apparaît suspect....

Comme tout consensus, puisque le consensus vise à contenir le débat dans des limites raisonnables.

Il est par exemple beaucoup plus simple de sanctionner les clients des prostitué(e)s que d'engager une réflexion sur les causes de l'existence de la prostitution.

Le consensus ne vise après tout rien d'autre qu'à la légitimation de l'existence des Pères Fouettard.

Le Libre Midi se complait donc dans cet exercice-là.

Oublieux toutefois qu'il est un journal proxénète.

Un journal qui publie d'assez conséquentes listes de petites annonces payées par des personnes qui exercent ce qu'il est convenu d'appeler le plus vieux métier du monde.

La direction du Libre Midi n'a toujours pas effectué, au nom des vertus morales défendues par quelques-uns de ses journalistes, le grand ménage purificateur.

Il est vrai que le devenir du Libre Midi est plus qu'incertain. Même si une chape de plomb est retombée sur la délicate question du licenciement de 150 "collaborateurs".

L'argent de la prostitution ne règle évidemment pas le problème d'un abyssal déficit. Mais peut-être permet-il de colmater quelques brèches dans la gestion hasardeuse du quotidien qui se feuillette mais ne se lit pas! D'où une certaine persévérance?

"Collaborateurs"?

A peine écrit, ce mot me remet en mémoire un certain I Grec Pet, journaliste fantôme qui a gravi quelques échelons dans la hiérarchie du journal des localismes languedociens.

Le seul journaliste capable de signer un article relatant la réunion de certain conseil municipal dont il était absent.

Une banale histoire vieille de trois ou quatre ans.

Mais si révélatrice de la soumission de quelques encartés à une double exigence: celle imposée par leur direction et celle imposée à leur direction par des financeurs publics.

L'ascension de ce cher I Grec Pet, journaliste flatulent, relève en effet de l'art de la soumission.

Même larbinisme dans le gratuit qui pompe une partie des finances du Libre Midi.

Sur la question du vote des étrangers, un titre imbécile: "Bataille idéologique au Sénat".

Comme s'il y avait quelque chose de malsain de répugnant dans l'idéologie.

Alors même que la démocratie n'a de sens que dans la confrontation des idées!

Le mensuel régional, financé sur les deniers des contribuables, chante lui les louanges de Christian.

Parfois dans la précipitation.

Comme dans les cinq pages consacrées à LoRdi.

L'ordinateur portable offert à tous les lycéens entrant en classe de seconde.

Qui, si j'en crois un rapide survol du Libre Midi, connaîtrait quelques ratés au démarrage.

Auxquels il sera bien vite remédié.

Donc, la publication de décembre 2011.

J'ai observé avec une certaine attention la photo publiée en page cinq, photo qui illustre l'article intitulé "Naissance du premier Parc naturel marin".

On y voit Nathalie et Christian, la ministre de l'Ecologie et le Président de notre si belle région.

Christian cause.

Christian explique.

Christian justifie peut-être?

De son côté, Nathalie écoute.

Ou, du moins, donne l'impression d'écouter.

Comme irritée cependant.

Un reproche dans le regard.

Un reproche que la Ministre adresse au Président.

Sur des questions de résurgences gastriques?

Sur de subtiles arômes aillés?

La légende de la photo évite de traiter de cette importante question protocolaire.