Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Comédies
25 mars 2011

COMEDIE (14)

Vendredi 25 mars 2011.
Je ne mitraillerai pas l'ambulance.
Celle de la Mutualité.
Je balancerai deux ou trois crottins.
Ceux qu'un vieux cheval ardennais délaissa sur le bord d'un sentier forestier.
A la face du Grand Manitou, qui pilote l'ambulance de la clinique affublée d'un nom point si commun et qui tient du prodige.
Vous avez quelqu'un qui vous est cher, quelqu'un qu'une Eminence Médicale a convoqué à huit heures du matin.
Quelqu'un qui doit être opéré selon des modalités qui sont du seul ressort de l'Eminent Praticien.
Ce quelqu'un se présente au service "accueil" de la clinique une bonne vingtaine de minutes avant l'heure fixée.
Ce quelqu'un attend.
Normal, puisque le service accueil s'engorge de toutes celles et de tous ceux qui, de toute évidence, ont été convoqué(e)s à (ou pour) huit heures.
Quelqu'un qui, au préalable, a toutefois observé le jeûne imposé par le Bistouricoteur et qui s'est, par la même occasion, délivré de ses superflus.
Ce quelqu'un a attendu jusqu'à ce qu'en s'en vienne son tour.
Puis, après avoir été administrativement inscrit sur les registres de l'établissement, fut transféré illico vers les salles annexes du Grand Théâtre des Opérations.
Et là, sans perdre une seule minute, le quelqu'un fut immédiatement préparé pour subir les épreuves de l'Intervention.
La suite, seul le quelqu'un est en mesure de le narrer par le détail.
Un exercice que je ne lui imposerai pas puisqu'il se remet (à l'heure où j'écris ces lignes) du "choc" de l'anesthésie et qu'il est englué dans une douce somnolence consécutive à l'absorption de substances hallucinogènes.
Je précise toutefois qu'il me fallut près de quatre vingt dix minutes pour, en début d'après-midi, pouvoir enfin retrouver la trace de ce quelqu'un.
Après avoir visité deux chambres dans lesquelles séjournaient deux personnes (différentes) ne présentant aucunes des apparences qui, du premier coup d'oeil, me permettent d'identifier instantanément mon quelqu'un.
Normal: mon quelqu'un avait patiemment attendu qu'une chambre soit enfin libérée.
Ce qui demanda du temps.
D'où les voltes et virevoltes auxquelles je fus contraint.
Donc, et je le précise une seconde fois,  je ne mitraille pas l'ambulance.
Mais je m'interroge.
En l'espace de quelques heures, j'ai découvert que ce qui prétend relever de la mutualité adopte des comportements qui n'ont rien à envier à une gestion capitaliste de très stricte obédience.
Or, à mes yeux, l'esprit mutualiste et la cupidité capitaliste sont antinomiques.
Alors que, dans la clinique incriminée, c'est bien la cupidité capitaliste qui semble  prendre le pas sur l'esprit mutualiste.
Même si le personnel, lui, s'évertue à accomplir sa mission avec dévouement et compétence.
C'est vers le Pilote de l'ambulance que convergent donc mes griefs: ce zélé gestionnaire, sans doute familier de tous les critères de la gestion capitaliste, s'acharne à détruire, tel est du moins mon ressenti, le bel esprit mutualiste qui prévalait en ces temps si lointains où je reçus, non sans fierté, ma première carte d'adhérent (et donc de citoyen participant à un processus collectif).
Voilà qui met en exergue, une fois de plus, mon excessive naïveté.
Mais je ne créverai pas sans avoir préservé au plus profond de moi ce que les vendus à la cause indécente de l'argent roi quelques-unes de mes illusions.
 
 
 
Vendredi 15 mars.
Mon regard s'arrête sur quelques chélidoines qui brandissent de manière fort ostentatoire leurs printanières floraisons.
Je me souviens qu'au pays d'Ardenne, il était fait usage du suc de cette plante pour éradiquer les si disgracieuses verrues.
J'ai fait un rêve.
Que tous les sucs de toutes les chélidoines de France soient récoltés puis introduits dans une bombe.
Puis que cette bombe soit installée dans le ventre d'un avion.
Un Rafale, par exemple.
Un Rafale du sieur Dassault VI, ami du Grand Chef de nos glorieuses armées.
Puis que cet avion s'en aille larguer la bombe sur l'Elysée.
Et que tous les sucs de toutes les chélidoines de France se répandent sur le Palais et sur ceux qui l'occupent.
Des sucs qui éradiqueraient alors deux verrues.
Une verrue "symbolique": ce Palais vers lequel convergent les regards de celles et ceux qui considèrent disposer des aptitudes à occuper les fonctions de roi de la raie publique.
Une verrue persistante: le Monarque lui-même, ce si couillu Grand Chef de nos glorieuses armées.
Quant à passer du rêve à la réalité? 
 
 
 
Publicité
Publicité
Commentaires
Comédies
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité