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Comédies
4 juin 2011

Les lendemains de l'autrefois

Quelques interpellations jetées à la va vite sur les pages pas si blanches que cela de nos messageries respectives par des amis socialistes.
Des embryons de phrases qui juxtaposent les reproches aux interrogations.
Donc je précise.
Sans me justifier.
Oui, la mort politique brutale de DSK peut être la meilleure des choses pour le parti socialiste.
Puisque ce décès inopinable (ré)ouvre aux militants socialistes, trente après l'élection de Tonton, les portes de l'imaginaire.
Lesquelles s'étaient refermées sous la pression conjointe de celles mais surtout de ceux qui n'ont eu de cesse, au cours de ces trente années, de faire du vieux parti une machinerie d'accompagnement d'Idoles.
D'Idoles inconséquentes, mais solidement arrimées à un système qui depuis des lustres érige des forêts de barbelés afin de contenir, hors les murs de la cité, les meutes barbares lancées aux trousses du Capitalisme.
J'ai vécu mon enfance et mon adolescence dans un environnement qu'aujourd'hui encore certains qualifient de social-démocrate.
Cet environnement a diffusé une culture, des manières d'être qui ont concouru à façonner l'homme que je suis devenu.
Un environnement d'hommes et de femmes que ne répugnait pas la lecture des oeuvres de Marx ou de Bakounine.
Un environnement dans la proximité duquel on était tout à la fois socialiste et libertaire.
Un environnement qui vivait en symbiose avec l'ensemble de la société.
L'instituteur et l'ouvrier socialistes d'alors participaient aux activités du ciné-club, du club de foot ou de basket, géraient la bibliothèque, organisaient les fêtes locales.
Les militants socialistes d'alors vivaient en symbiose avec ce qu'il est désormais convenu d'appeler la société civile.
L'élection de Tonton, le 10 mai 1981, tient sans aucun doute à la personnalité et au charisme du candidat.
Mais elle résulte d'abord et avant tout de ce que fut l'enracinement du parti socialiste dans les milieux populaires, à travers ce que je viens succinctement de rappeler.
Depuis 1981, ce lien au Peuple s'est délité.
Depuis 1981, une bande de Ploutocrates énarchiants a colonisé le parti socialiste et lui a inoculé une contre-culture que j'ai maintes fois dénoncée dans mes chroniquouillettes.
Le parti socialiste, au niveau de ses superstructures, ne vit plus en symbiose avec le Peuple: il lui est devenu étranger.
Sa seule ambition est d'assumer, dans une prétendue alternance, non plus la gestion des affaires de la Cité mais celle du système.
Car il n'entend plus que les avis conformes formulés par une élite "transversale", celle qui rassemble dans des cénacles informels des philosophes de pacotille.
(Aubry aura au moins tenté de rétablir des liens entre la société des intellectuels et le parti socialiste, d'écouter d'autres voix que celles des transversaux.)
Pour l'essentiel, le parti socialiste a déserté la gauche.
Dans ses modes de fonctionnement, il s'est trop souvent délesté de cette démocratie interne qui constitua sa spécificité mais qui, désormais, entrave les ambitions de ceux que la Médiatouillerie appelle les "Eléphants".
Puisqu'il n'est plus nécessaire de confronter des projets.
Puisqu'il s'agit simplement d'exprimer son soutien et sa fidélité à un individu.
D'où l'enfermement dans des clans à l'intérieur desquels il est devenu inutile de "faire" de la politique.
D'où l'émergence d'une forme pas si nouvelle que cela du culte de la personnalité.
D'où des tendances à la religiosité qui excluent les débats contradictoires et qui condamnent les élans libertaires.
Celle ou celui qui n'a pas ou n'a plus la foi en l'individu providentiel est voué aux gémonies.
La gauche (et le parti socialiste en particulier) ne gagne pas la confiance du Peuple en s'inscrivant dans les schémas politiques instaurés par la droite.
Or, les évolutions successives des institutions de la cinquième république ont renforcé les tendances vers la mise en place d'un pouvoir de plus en plus personnalisé.
(Certaines de ces évolutions furent initiées par un dirigeant socialiste certes consacré par les sondages mais désavoué par le Peuple lors du moment électoral.)
La gauche (et le parti socialiste en particulier) gagne la confiance du Peuple en dialoguant avec lui, en l'écoutant, en inventant avec lui les solutions d'un autre devenir que celui qu'imposent les Médéfieux et leurs collatéraux.
En est-elle encore capable, engluée qu'elle est dans les luttes de clans?
N'a-t-elle pas franchi ce seuil au-delà duquel, engoncée dans les conformismes, elle n'est déjà plus en mesure d'exprimer le désir de changer le monde?
 
Curagiù!
 

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