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21 décembre 2020

(re)J+52

voyelles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

21 décembre.

Le solstice d’hiver.

L’I vert.

Je te dévoyelle, Arthur.

Dans ton sonnet, c’est l’U qui se pare de vert, non ?

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux…

Des vers qui point n’ont quitté ma mémoire.

Mais voici qu’à l’heure du solstice, je m’autorise cette trahison Arthur.

I vert.

Un mauvais jeu de mot, je te le concède.

Une trahison, peut-être ?

Quelle est la couleur du ciel, aujourd’hui, au-dessus de la place Ducale et du cimetière, là où je ne suis pas venu me recueillir devant ta tombe en cette année qui s’achève ?

Une dernière fois.

Charleville.

Les méandres qui engourdissent la Meuse.

Que disent les traces que tu as laissé sur les rives du fleuve ?

Ithyphalliques et pioupiesques

Leurs insultes l’ont dépravé ;

A la vesprée, ils font des fresques

Ithyphalliques et pioupiesques ;

Ô flots abracadabrantesques

Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé ;

Ithyphalliques et pioupiesques

Leurs insultes l’ont dépravé !

Printemps 1871.

Ca vous dit ?

Arthur a quitté la ville que la fureur de la guerre a ignorée.

Arthur est à Paris.

Plus que jamais nous bambochons

Quant arrivent sur nos tanières

Crouler les jeunes cabochons

Dans des aubes particulières !

Paraît-il, j’ai eu 17 ans.

En mon adolescence finissante, c’était aussi temps de guerre.

Des garçons à peine plus âgés que je ne l’étais alors jouaient à trompe la mort en Algérie.

1959.

Je te lisais, Arthur.

A marche forcée, je m’introduisais dans ton univers.

J’étais beaucoup trop sérieux l’année de mes 17 ans.

La guerre, que veux-tu, ça te paralyse l’esprit et étouffe tes velléités de révolte.

La peur.

La peur d’y aller là-bas, sur cette terre hostile, où le colonisateur prétendait affirmer pour l’éternité des temps à venir sa prééminence.

L’éternité c’est la mer allée avec le soleil

Napalm.,

Et la jubilation des tortionnaires.

Leur infâmes rictus.

Les corvées de bois.

Tout le décorum qui aurait si bien convenu aux gestapistes.

D’effarantes analogies.

1959.

La guerre de cette année-là, celle de mes dix-sept ans, que j’engluais dans tes vers, ceux qui laissaient entrevoir ce que fut la Commune de Paris.

Tu crachais à la face de Thiers.

J’essayais de cracher à celle de Massu et de Bigeard.

Je te lisais, Arthur.

Je gravais en ma mémoire des vers qu’aujourd’hui encore, je parviens à restituer.

J’avais 17 ans.

L’I vert.

Juste pour ce jour du solstice.

Demain, c’est promis, l’U retrouvera sa place légitime dans l’énoncé qu’indique ton sonnet.

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux…

 

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