(re)J+46

Il pleut.

Heu…

Je ravaude mon suaire à la façon militaire.

Avec du fil de fer barbelé.

De maille en maille, il n’y a que maille qui m’aille.

Mon pied a écrasé des fèces de bouc.

Accidentellement.

Figaro-ci, Figaro-là.

Ce matin-même.

La fierté du nouveau Bourgmestre de Montpellier : le quotidien des Dassaulteurs lui tresse des lauriers.

Figaro-là, Figaro-ci.

J’ai beau tenter de me raisonner, rien n’y fait.

Figaro, dis-je ?

Des tas d’immondices immergent ma mémoire.

Le fade et insignifiant d’Ormesson.

Et la voix de Ferrat, en contrepoint.

Mais regardez-vous donc un matin dans la glace
Patron du Figaro songez à Beaumarchais
Il saute de sa tombe en faisant la grimace
Les maîtres ont encore une âme de valet

La droite suinte de tous les recoins de ce journal obèse.

L‘outil des guerres idéologiques que mènent les Médéfieux et les Banquouilleurs contre cette frange du Peuple qui n’a toujours pas honte d’user du mot socialisme.

Je ravaude.

Le suaire de mes nuits.

Dont je ne ferai pas un cache-sexe.

Je suis bien trop maladroit pour cela.

Il pleut.

L’inondation est annoncée.

Ce soir ? Cette nuit ?

Demain, la ville redeviendra fréquentable.

S’il pleut, comme cela est prévu par les techniciens de Météo-France.

Un grand nettoyage d’hiver, d’avant Noël.

Alors que Marie n’a toujours pas perdu ses eaux.

Montpellier n’est pas Bethleem.

Les bourgeois d’ici acclamèrent voici bientôt 80 ans, devant la Préfecture de ce qui n’était plus une République, Pétain et Franco, soit donc la fine fleur du fascisme sud-européen.

Les amis du Führer.

Ici, et en ces années-là, les descendants de Joseph et de Marie n’étaient pas les bienvenus.

Pire, ils étaient les malvenus, dont le transfert vers Dachau ou Auschwitz réjouissait des gens qui se disaient braves.

Ah, la bravoure, lorsqu’elle devient bravitude…

Non ?