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10 novembre 2020

(re)J+10

comment-instiller-un-collyre

 

 

 

 

 

 

 

J’ai Chu.

Auprès de mon ophtalmologeuse préférée, celle qui circonvint de belle manière la cataracte qui affectait ma vision (de près comme de loin).

J’ai Chu, mais je vois.

Même en me privant de mes bésicles.

Indifférent à la reconfinitude.

La ville endormie, anesthésiée peut-être.

Ni milichiens ni gestapistes.

Mon Ausweis n’a pas quitté la poche intérieure de ma veste.

Ni à l’aller ni au retour.

Un retour tout plein d’incertitudes : mes deux yeux, préalablement aux examens, avaient été atropinés.

Troubles, la ville endormie, ses rues et ses trottoirs.

Indistinctes les belles jeunesses en cavale de collèges en lycées.

Séquelles de l’atropinisation.

Qui m’interdit le seul exercice qui me soit désormais familier : la lecture.

Un roman américain enclos dans mon cartable, celui d’une Auteure que je découvre et qui sait d’emblée m’enthousiasmer, Regina Porter.

Une inconnue.

Qui peint l’Amérique sous des couleurs d’un réalisme cru.

Des couleurs primaires qui s’entrechoquent.

Je vois.

Malgré la conviction qui s’est ancrée en moi : en ces temps de reconfinitude, il serait plus sage de ne rien voir.

Et tout premier lieu, la multitude des saloperies accomplies par ceux qui nous gouvernent.

Je viens de lire, je ne sais plus trop dans quel torchon, cette phrase imbécile : Prenez soin de vous et de votre entourage.

Un coglione notoire revendique peut-être la paternité de ce conseil aux relents comminatoires.

Alors qu’il vidangeait sa tuyauterie intime, accroupi sur la cuvette de chiottes aux apparences républicaines.

Les valets de la Raie Publique.

Les bonimenteurs, les marchands d’illusions.

Les exquises crapules.

Mon entourage ?

Des barbelés entremêlés et des centaines de mines anticapitalistes prêtes à exploser à la gueule d’un Bolloré ou d’un Pinault (cuit).

Je me soigne selon des méthodes ancestrales.

Celles que m’enseigna ma Juliette.

Non, pas Juliette, la chanteuse et comédienne que j’aimais tant.

« Ma » Juliette, Juliette Blanchemanche, née Collard, ma mère-grand qui nourrit mon cerveau d’enfantelet de contes et de légendes, mais aussi de poésies, de chansons (qui sont souvent des poésies mises en musique).

C’est peut-être pourquoi, aujourd’hui encore, il m’advient de chanter pour passer le temps des histoires de feuilles mortes ou de cerises de Jean-Baptiste qui en avait don aux ouvriers du pays d’Ardenne.

Un grog, lait brûlant et rhum de la Martinique.

Je m’endors.

Moi aussi.

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