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2 novembre 2020

(re)J+1

grain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(re)J+1

 

Ca ne me dit rien.

Rien du tout.

Si ce n’est le pressentiment.

Le pressentiment du pire.

Aux yeux des Enarchiants, le livre n’est pas un « produit » de première nécessité.

Ils confirment ainsi les décisions arbitraires qui de mars à mai 2020 avaient conduit à la fermeture de ces lieux de « fermentation » culturelle que sont les librairies et les bibliothèques.

Un seul mot d’ordre édicté par cette caste qui depuis belle lurette a renié la défense du Bien Public et n’entretient d’autre vision politique que celle de l’interdit et donc de l’infantilisation de celles et ceux auxquels ils doivent les généreuses sinécures sur lesquelles ils se gavent sans vergogne.

Un seul mot d’ordre : Mort à l’intelligence !

Donc enclore l’esprit dans des geôles où ne parviennent que les reflets des vomissures exhalées par les lucarnes télévisuelles au cœur desquelles s’agitent les marionnettes chargées de malaxer le réel jusqu’à ce qu’il ne soit plus le réel mais une pâte molle, inconsistante et sans saveur destinée à nourrir les foules consentantes, celles des Veaux si chers au cœur du Général aux bras si longs.

Un magma pestilentiel.

Librairies et bibliothèques ont une seconde fois refermé leurs portes.

Ainsi l’ont décrété les Enarchiants qui espèrent transférer vers les chiottes que sont les espaces dédiés à la « grande » consommation les attentes de celles et ceux qui n’en ont pas.

Les Enarchiants ne lisent pas, ils consultent les notes de lecture.

Les Enarchiants mâchouillent, ils ne dégustent pas.

Les Enarchiants se sont approprié ce qui ne leur appartient pas, le pouvoir dont il n’est, selon la Constitution, qu’un détenteur légitime, le Peuple.

Larbins, zélés serviteurs de la finance et du capitalisme mortifère, ils pantouflent au gré des circonstances et de leurs affligeantes ambitions.

Ils « bambochent » en famille, leur famille, repliée sur la défense d’intérêts qui sont ceux de leurs Maîtres.

Ils pirouettent lorsque les vents leurs deviennent contraire.

Ils incarnent l’ignorance, la médiocrité, la veulerie.

Ils ont acquis l’art de se camoufler dans des poubelles.

Ils sont la sottise.

En dépit des grands airs qu’ils se donnent.

Plus que leur résister, il devient d’une extrême urgence de les combattre.

J’ai besoin de livres, parce qu’humain, ce qu’ils ne sont pas, eux qui entrouvrent nos portes aux barbares.

Je suis un lecteur.

Je sais, à l’instar de qu’écrit aujourd’hui Philippe Lançon dans le quotidien que je ne fréquente que de manière anecdotique, qu’en tant que lecteur je suis un être minoritaire.

Oui, je suis seul quand je lis.

Et grâce aux libraires, je suis effectivement seul quand je choisis.

Non pas seul face au vide et dans le vide que cette société bruyante fait en lui (moi), mais librement, intensément, richement seul.

Dans ce lieu paisible, amical et ouvert qu’est la librairie, je peux en effet naviguer sans être contrôlé, sans être administré.

J’ai aussi une chance d’échapper à la redoutable caricature de moi-même que ce monde paraît devenir. Ces petits océans de mots, de nuances, d’images fixes et de papier sont désormais fermés.

Une décision inique, brutale, inhumaine.

Barbare.

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