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21 septembre 2020

Arthur

arthur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’information me parvient par hasard.

Normal : je me suis déconnecté.

Un ami m’interroge et s’inquiète de mon silence.

Tu n’as rien à dire ? Rimbaud (et Verlaine) au Panthéon ?

Mon sang, en ce dimanche post-cévenol, ne fit qu’un tour.

Fulgurant ce tour.

Mais qui me confirma qu’une bande de zozos (soutenue par la Chambellante à laquelle Foutriquet 1° a confié la responsabilité d’endosser les oripeaux qui furent autrefois ceux d’André Malraux) se démène pour obtenir que le peu qui subsiste des charognes des deux Poètes soit transféré au Panthéon.

Voilà donc une escouade de zouaves, de nains tellectuels, qui tente de récupérer l’irrécupérable.

Arthur ?

Je m’adresse à toi que je connais beaucoup mieux que Paul, ton ami.

L’adolescent que je fus te fréquenta chez toi, qui fut également mon chez moi, à Charleville.

(Charleville qui en ces années-là n’était pas encore Charleville-Mézières, mais simplement elle-même, avec sa place Ducale et ses arcades, le Vieux Moulin et le quai qui porte ton nom, et la Meuse qui, de méandre en méandre, s’en allait vers la proche Belgique. Un bourgmestre socialiste. Le square de la gare. La pierre sur laquelle, dans le vieux cimetière, était gravé ton nom et ton prénom. L’adolescent marcha dans les rues de Charleville. Il ignora celles de Mézières, bourgade rabougrie - bien que siège de la préfecture du département des Ardennes -, sottement bourgeoise, suintant le vieux militarisme défaitiste et le papisme totalitaire.)

Une fréquentation exaltante.

Ma gratitude va à André Jolly qui non seulement m’enseigna et me donna le goût des Belles Lettres, mais qui m’assista dans ma découverte de ton œuvre, Arthur.

Une envolée vers la liberté, l’affranchissement.

Le refus de la résignation.

La révolte face à la multitude des injustices.

Tes pas, Arthur, dont subsistaient d’infimes traces.

Jusque dans les recoins si sombres de la Bibliothèque municipale.

Et voilà que quelques néantissimes personnages, des ânes bâtés prétentieux, prétendent effacer à tout jamais ces traces-là.

Les traces du brasier qui illumina mon adolescence carolopolitaine.

A peine moins morose que celle qui fut la tienne, mais ceci est une autre histoire.

Non à ta panthéonisation, Arthur  (ainsi que celle de Paul) !

Tu ne mérites pas, vous ne méritez pas cet abaissement, cette ultime humiliation, ton confinement, votre confinement dans un lieu qui ne vous ressemble pas, qui vous est étranger, qui est celui de la récupération et de l’aliénation des pensées libres.

Je te salue Arthur, face à ta tombe, comme je le faisais voilà soixante ans.

Reste à tout jamais le poète aux semelles de vent, dont la charogne finit de se dissoudre dans la glaise ardennaise, à la périphérie de la ville que tu détestas, cette glaise dans la profondeur de laquelle puisaient tes si vigoureuses racines.

L’éternité c’est la mer allée avec le soleil…

 

 

 

 

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