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27 août 2020

Exil 2020 2

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Samedi 18 juillet

 

La ligne bleue des Vosges est affectivement bleue. Un bleu verdâtre. Sauf que la surplombent ici ou là, en son versant sud, de splendides cumulonimbus annonciateurs de possibles orages nocturnes. Un air coulis descend des modestes hauteurs vosgiennes et effleurent les vignes plantées sur les coteaux où elles produisent les raisins dont naîtront les vins déjà évoqués. Dont ce Gewurztraminer que buvait sans jamais se livrer à l’excès Gabriel Blanchemanche, feu mon père, un vin qui accompagna mes plus récentes agapes, hier, à l’heure crépusculaire.

Lecture des DNA (Dernières Nouvelles d’Alsace). Le quotidien de l’Alsace refrancisée en 1918 (puis reteutonisée entre 1940 et 1944) avant de s’immerger de nouveau dans sa francitude en 1945. Dix centimes d’euro moins cher l’unité que la Bayletterie languedocienne. Aucune trace d’une quelconque tentative de solliciter l’argent de la prostitution sur le modèle adopté par le torche-cul sur lequel règne l’ancien sous-ministre radical des gouvernances mitterrandiennes, puis jospiniennes et même batavouilleuses. De la tenue. Une évidente rigueur morale. Seule caractéristique : des faire-part mortuaires d’une taille beaucoup plus conséquente que les petites annonces bayletteuses, celles dans lesquelles de besogneuses personnes font connaître à leurs éventuels clients les techniques les mieux à même de conduire jusqu’aux plus hautes couches de la stratosphère érotique des dégustateurs d’étreinte ne réclamant aucun engagement durable.

Marché du samedi matin à Barr, bourgade voisine de celle où je réside. Cossue, elle aussi. Qui a mis en évidence ses spécificités alsaciennes. L’hôtel-restaurant dont l’aïeul de JT (toujours rien à voir avec TF1) avait fait l’acquisition au lendemain de son retour d’Afrique du Sud, chassé qu’il fut de ce lointain Eldorado par la guerre des Boers. Consommation désabusée d’une mauvaise bière brassée, paraît-il, de l’autre côté des hauteurs de la Forêt Noire, donc bien au-delà des rives du Rhin, le fleuve dont nos ancêtres franchouillards et teutons firent la frontière entre deux contrées similaires, à ce point ressemblantes qu’il me paraît incongru de continuer à entretenir entre elles des différences liées à des appartenances nationales.

(Les frontières m’indisposent. Je milite pour leur abolition. Je rêve d’un monde grand ouvert à tous les êtres humains, d’un monde de fraternité, d’un monde de partage, délivré à tout jamais du diktat capitaliste.)

La curetaille vit dans l’opulence. Rétribuée, selon les assertions de JT, par l’Etat. Une vieille histoire de Concordat. Un comble ! Alors que les Vaticancaneurs exhibent sans vergogne tous les signes de la leur puissance (jusqu’à un immense crucifix planté devant l’entrée de l’école communale du village où je réside !). Je ne parviens pas à trouver ne serait-ce qu’une parcelle de beauté aux monuments qui constituent le repère central de chacun des villages arrimés aux coteaux.

Léger frisson ventouilleux (j’écris à l’ombre d’un bouleau-pleureur, à quelques pas de la rivière qui, toujours selon JT, se plaît à se transformer en torrent au terme d’épisodes orageux ou de la fonte inopinée des neiges hivernales).

Je m’en vais dégoupiller deux ou trois grenades afin de convaincre quelques truites de s’extraire des excavations sous lesquelles elles se dissimulent aux heures les plus chaudes de la journée. Truites qui grilleront ensuite par-dessus les braises du barbecul. Ainsi va la vie qui se nourrit, ne l’oublions jamais, de la mort.

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