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27 mai 2020

Temples clos

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Durant les si longues semaines de la confinaison, l’autorisation me fut accordée de me rendre dans les temples du consumérisme afin d’y effectuer non seulement les emplettes nécessaires à ma survie mais aussi à m’y livrer à des acquisitions relevant du superflu.

Avec l’obligation de présenter aux vigilants chiens de garde l’Ausweis préalablement établi par moi-même.

Dans l’éventualité où, bien évidemment.

Voilà désormais un peu plus de deux semaines que je bénéficie d’une déconfinaison conditionnelle.

Conditionnelle, puisque de nombreux Pères Fouettard n’ont jamais cessé de brandir à mon encontre la menace d’une nouvelle période d’enfermement, dans l’hypothèse où je transgresserais l’une ou l’autre des règles impératives édictées par de Savants Médicastres et approuvées par le Monarque et son Grand Chambellan.

Peu à peu, je retrouve les chemins familiers de mes errances matutinales.

Mais je continue à me heurter à des interdits.

Il en est un qui m’afflige, me consterne et me plonge dans d’irrépressibles colères : l’interdiction de passer un peu de mon temps de Vieux Lecteur à l’intérieur d’un des Temples de la Culture, ces lieux que mes ancêtres m’apprirent à révérer, affublés autrefois du joli nom de Bibliothèques et que les technocrates et les ploutocrates débaptisèrent puis leur infligèrent cette dénomination si vulgaire, Médiathèques.

Lieux irremplaçables, lieux nécessaires, lieux indispensables à la vie qui de par la volonté de Cadavéré restent clos.

(Je ne puis considérer autrement que comme une sorte de marionnette le Ci-Devant, balayeur en chef des bâtiments publics, replié dans la position du missionnaire au creux de la marmite où il subira les derniers outrages pour peu que le Peuple – je veux dire les usagers – daigne enfin se sortir de son engourdissement…)

Cadavéré qui avec une impudence sans limite mène campagne en usant et abusant de l’argent public pour tenter de préserver ses sinécures – celle de bourgmestre de la ville de Montpellier ainsi que celle de Grand Métropolitain -, Cadavéré n’a trouvé ni le temps ni les moyens de s’intéresser à la réouverture des médiathèques qui sont pourtant les lieux majeurs de la vie culturelle de la Cité.

Cadavéré arguera, je n’en doute pas, des contraintes sanitaires pour justifier de ses manquements.

Alors que les mêmes contraintes sanitaires furent en grande partie ignorées dans les temples du consumérisme lors de la si longue période de confinaison.

Deux poids, deux mesures !

Le maladroit manieur du compas et l’équerre démontre qu’il ne voit dans les lieux majeurs de la vie culturelle que des suppléments d’âme.

Lui qui ne ressent de nécessité intellectuelle que dans l’esbroufe, la démagogie et le populisme, le vrai, le dur.

Mococo Phiphi incarne ce qu’il est advenu de pire à Montpellier depuis la mort de son inspirateur, un certain Jean-Jacques Régis de C, second consul et donc cireur des bottes de Bonaparte.

 

Des sanglots !

Trois paquets de mouchoirs sacrifiés pour éponger le flot de mes larmes, un flot jailli de mes yeux au terme de ma lecture du solennel appel rédigé par Jean Mimi et publié dans « son » journal, la Bayletterie.

Le cri quasiment désespéré d’un patron de presse.

Sa « chose » est en péril.

La presse se meurt.

Ce qui n’est pas faux.

Mais si cette presse-là se meurt, c’est qu’elle est dans les mains d’affairistes, semblables à ce qu’il est, Lui, Jean-Mimi.

Notre pays va-t-il laisser mourir sa presse d’information ?

Je te le concède, Jean-Mimi (toi qui fut à la gauche ce que l’étron est à la souris) : une telle issue te serait, à toi et à toi seul, évidemment dramatique, puisqu’elle te priverait de l’outil d’un pouvoir qui n’appartient qu’à toi.

Ta presse de désinformation !

Moi, vois-tu, je suis convaincu que ce serait probablement une aubaine que la disparition de ton joujou, cette chose informe que tu as l’impudeur d’affubler du nom de journal.

Une aubaine pour le Peuple.

Une aubaine pour la Démocratie.

A l’instar de tous tes semblables, tu as transformé le journal (qui fut une chose particulièrement noble) en un infâme et malodorant torche-cul.

Tu as dompté et soumis à tes conceptions mercantiles cette corporation abêtie, résignée, conformiste, celle des journalistes.

D’une certaine façon, les journaux sont morts.

Le tien est déjà mort.

Les scribouilleux, tes scribouilleux ne sont que des croque la mort que tu rétribues plutôt mal.

La disparition éventuelle de « ton » journal ne me ferait donc ni chaud ni froid.

Mieux encore : je m’en réjouirais.

Car je sais que la nature a horreur du vide.

Ta disparition induirait très vite, j’en suis certain, une reconstruction.

Une reconstruction qui serait l’affaire non de larbins mais de femmes et d’hommes libres, animés par la volonté d’informer sans parti-pris, délivrés de toute soumission à des intérêts économiques.

La naissance d’une presse libre, en quelque sorte.

Ce que la presse d’aujourd’hui (que je feuillette mais ne lis pratiquement plus) n’est plus.

Une presse renouvelée, façonnée par des journalistes n’ayant de compte à rendre qu’à leurs lectrices et leurs lecteurs.

Loin, si loin de ton insipide jargon, celui dont tu fais usage dans ton adresse, de ploutocrate qui, lui, veut que rien ne change.

Alors même que la crise actuelle démontre qu’il est urgent de bouleverser la donne.

 

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