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9 avril 2020

J+24

arthur 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J+24

Une nuit.

Entre lectures et rêveries.

Combien ai-je rempli d’Ausweis ?

Plusieurs dizaines, j’en suis certain.

Nom, prénom, date de naissance.

6 juin 1942.

Lieu de naissance.

Un recoin si proche de Charleville qu’adolescent je m’imaginais l’Arthur errant par ces mêmes sentiers forestiers, ceux qui m’étaient devenus si familiers qu’il m’advenait parfois de les emprunter les yeux clos, histoire de mieux percevoir les bruits et les odeurs (résolument anti-chiraquiennes) d’un univers encore sauvage.

Là où je n’ai jamais entraperçu le dormeur du val, ce val creusé par un ruisseau qui a peine émergé de sa source allait se diluer, quelques centaines de mètres plus bas, dans les eaux de la Meuse.

Un sans nom, ce ruisseau.

6 juin 1942.

Une presque anticipation, en quelque sorte.

6 juin 1942.

Surtout ne pas effectuer le décompte.

Les Ausweis.

L’Ardenne nazifiée.

Pétain prenant les eaux à Vichy.

Ausweis !

Un chien de garde aboie.

L’aboiement de l’animal dressé à mordre, à déchiqueter.

Donc les Ausweis.

Nom, prénom, date et lieu de naissance.

6 Juin 1942.

Impensable, non ? Inimaginable ?

André, Georges, Paul.

Là, si proche, effleurant le méandre de la Meuse, le quai auquel fut attribué le nom de famille de l’Arthur.

Ce quai qui vient s’adosser au Vieux Moulin, désormais Musée portant lui aussi le nom de famille de l’Arthur, là où me fut enseigné le solfège et tout ce qui l’accompagne, là où mes doigts effleurèrent les touches d’un clavier qui avait subi tant et tant d’agressions perpétrées par les mains d’enfants qui jamais n’auraient l’opportunité de décrypter la partition d’une sonate de Mozart.

 

moulin-eau-musee-rimbaud-photononstop-agefotostock

 

 

 

 

 

 

 

 

Pardonne-moi, l’Arthur, mais la confination m’interdit de te rendre cette ultime visite que j’avais projeté pour le prochain mois de mai.

Du square de la gare jusqu’au cimetière.

Charleville.

6 juin 1942.

C’est moi.

Du moins je le suppose.

Tout est écrit sur l’Ausweis publié par la Bayletterie.

 

Les ordures.

Les banquouilleurs.

Qui me rançonnent, parce qu’en cette période de confinement, j’ai eu l’outrecuidance de retirer du distributeur propriété d’une banque qui n’est pas mienne les quelques billets de dix et vingt euros nécessaires à la réalisation de mes emplettes.

Alors que, le même jour, leur machinerie béait la gueule ouverte.

Les ignobles ordures.

Je leur crache à la gueule (ouverte).

 

Le Monarque a fait vœu de silence.

Un silence provisoire.

Encore que…

Sait-on jamais ?

Le coronavirus est vicieux.

 

Ma vieille Nokia a dormi tout près de moi.

Quelques vibrations nocturnes.

Mais je ne lui ai pas fait l’amour.

 

Et la Bayletterie ?

Elle me suggère l’élaboration d’un plat original pour le déjeuner du prochain dimanche de Pâques : du gigot d’agneau en tranches à la sauce aux anchois.

Sinon, elle brandit la menace définitive, moi qui ne supporte plus d’être enfermé à l’insu de mon plein gré : Confinement prolongé au-delà du 15 avril, annonce l’Elysée.

Une pleine page destinée à me déglinguer le moral.

Où donc ai-je rangé mes trois bouteilles de vodka à l’herbe de bison ?

Déconfination ?

Déconfiture ?

Pas pour les épiciers en très très gros qui abreuvent la Bayletterie de pleines pages de publicités quadricomiques.

Des bienfaiteurs de l’humanité en souffrance, ces épiciers en très très gros.

Qui feignent de se souvenir qu’il existe une production française : viandes, fruits, légumes, vins…

Les massacreurs de la petite paysannerie.

 

Et la Jofrinette ?

Elle pue.

Elle pue des pieds de son hôte du jour.

Jean-Clown Juncker.

L’ignominie sans frontières.

 

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