Ne touchez pas aux Icônes

Intouchables les Icônes !

A peine Le Canard Enchainé s’est-il hasardé à rafraîchir la mémoire de ses lecteurs que les féaux d’une Incontournable de la psychanalyse s’empressent de dénoncer ce qu’ils qualifient de complot.

« Ne touchez pas à la Super Icône ! »

Françoise Dolto.

Comme si cette femme-là n’avait pas d’abord et avant tout été une femme comme les autres.

Donc un être humain capable de s’égarer vers des horizons non conformes.

L’affaire qui provoque un tumulte circonscrit aux milieux spécialisés est pourtant d’une affligeante banalité.

Voilà à peine plus de quarante ans, la psychanalyste d’enfants avait accordé une interview à la revue « Choisir la cause des femmes » (revue alors dirigée par Gisèle Halimi).

L’objet de l’interview ? La maltraitance, traitée dans un papier intitulé « Les enfants en morceaux ».

Françoise Dolto y tenait des propos qui, à tout le moins, surprennent.

Les femmes battues ? « C’est la mari qui doit être aidé et non la femme battue ».

Le viol des petites filles au sein des familles ? « Il n’y a pas de viol du tout. Elles sont consentantes ».

L’inceste ? « Dans l’inceste père-fille, la fille adore son père et est très contente de pouvoir narguer sa mère ».

(Sources : Le Monde du vendredi 17 janvier).

Des propos qui démontrent que Françoise Dolto put et se montra l’égale des femmes comme les autres, des êtres humains comme les autres.

C’est-à-dire qu’elle révèla sa capacité à s’abandonner à quelques dérapages très probablement liés au contexte idéologique de l’époque et à ce que fut alors la pression médiatique.

Donc pas de quoi fouetter un chat.

Mais aux yeux de quelques-uns (dont Fifille), il est odieux de s’en prendre de manière aussi sordide à une Indéboulonnable Icône.

Dont les moments d’incertitudes et de flottement doivent être dissimulés.

Une façon plutôt « soviétique » d’éliminer ce qui nuit à l’image si proprette et rassurante de l’Icône