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2 novembre 2017

Orange pourrie

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Un déménagement.

Sur une très courte distance (environ 550 mètres selon le GPS).

Un déménagement qui me fut bien mieux qu’un révélateur : la démonstration explicite de la victoire du capitalisme et de ses féaux.

Avec comme corollaire l’écrasement des forces censées lui être opposées, leur soumission aux seuls intérêts des Maîtres du Monde.

Un déménagement, fut-ce sur une distance aussi courte, c’est l’obligation de transférer vers le nouveau logement tout ce qui concourt à vivre un quotidien à peu près normal.

Dont ce qui relève de la téléphonie.

Pour laquelle je dépends, moyennant euros sonnants et trébuchants, de feue France Telecom, devenue Orange de par la seule volonté d’un PDG dont il se murmure qu’il entretint des liens privilégiés avec Nanard, le malheureux entrepreneur qui fut spolié par le Crédit Lyonnais.

(Un modèle de vertu intransigeante, le dit Nanard).

Orange ?

Un ramassis d’ilotes.

Telle est du moins ma conviction au terme de bientôt deux semaines d’âpres négociations, de plaintes réitérées, de volcaniques colères.

Puisque s’adresser à l’entreprise Orange, c’est s’empêtrer dans un système qui a définitivement aboli les relations humaines.

Vous composez le 39 00 ?

Une voix séraphine s’obstine à vous guider vers le service a priori le mieux adapté à vos besoins.

Sauf que cette voix immatérielle s’avère incapable de comprendre les belles subtilités de la langue française.

Une voix, oui, puisque vous ne correspondez pas avec un être de chair et de sang (autrefois un ou une standardiste) mais avec une machine électroniquante ne disposant que d’un vocabulaire basique.

Donc d’incroyables difficultés, d’innombrables retours en arrière pour qu’enfin s’ouvre la barrière, celle qui protège le conseiller ou la conseillère qui va évidemment régler votre problème dans les plus brefs délais.

Sauf que le conseiller (ou la conseillère) a été programmé de même manière que la machine électronicante qui s’exprime avec une voix séraphine.

Son vocabulaire est très limité, ses capacités d’écoute pratiquement nulles, et il n’a reçu d’autre mission que de vous refiler le produit dont vous ne voulez pas.

D’où une multitude d’appels.

Une très vive irritation.

Le regret de ne pouvoir effectuer un stage chez le dernier des Mohicans.

Des allergies.

Quelques tentations néroniennes.

Avant le renoncement.

Dès lors que le constat s’avère à ce point effrayant : le capitalisme a réussi le prodigieux tour de force de conduire des milliers d’hommes et de femmes, dans une entreprise comme Orange qui fut autrefois un des fleurons du service public, de se nier en tant qu’êtres humains, d’accepter leur statut d’ilotes interchangeables gavés des gnoles infâmes que produisent les alambiques reliées aux machineries électroniquantes.

Chacun dans son coin.

Privé non seulement de l’autonomie qui devrait concourir au développement personnel mais aussi de ce peu de chaleur qui, autrefois, résultait du contact direct.

L’homme/machine.

Consentant.

Observé, épié, contrôlé en permanence par des chiens de garde.

Jeté au rebut à la première défaillance.

Réduit à une abominable solitude.

Le triomphe du capitalisme.

Qui n’a plus d’adversaire(s) à sa mesure dans ce monde où sa violence ne se contient plus.

Orange et tous les autres.

Ceux qui font se mouvoir la Marionnette de Freluquet 1°.

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