Couronnement

Le Roitelet fut intronisé.

En ce jour où les Vaticancaneurs génuflexionnent et s’aspergent d’eau rancie.

Je n’ai point suivi les « grandes » étapes du Couronnement d’Emmanuel 1°.

Je suis et reste viscéralement antimonarchiste.

Je milite pour l’abolition de la monarchie.

Je chante les vieilles rengaines révolutionnaires, dont celles où il est question de lanterne.

Donc aucun goût, aucun intérêt, aucun penchant pour les rituels monarchiants.

Fussent-ils affublés d’oripeaux républicains.

Sauf qu’en ce dimanche, alors que j’accordais tous mes soins à de robustes asperges, la foule des Médiatouilleurs ne cessa pas de me harceler.

Avec tant et tant de flagornerie que j’en restai sidéré.

Comment et pourquoi cet asservissement, cette soumission, cette larbinerie ?

Sinon pour flatter et complaire au nouveau Maître ?

Alors même que ce nouveau Maître n’est, de fait, qu’une marionnette manipulée par d’infiniment plus puissants que Lui.

Oui.

Qui fit illico, peut-être l’avez-vous remarqué, allégeance aux Engalonnés, le Sabre restant le pilier central de la Machinerie étatique.

J’ai savouré mes asperges.

J’ai rendu à l’état de carcasse un poulet aveyronnais.

J’ai aspergé ma glotte de généreuses cascades  d’un sidérant rouge de Cabardès.

Puis j’ai siesté.

Avant de retrouver Camille Laurens.

Puis, quelques heures plus tard, de m’enclore une seconde fois en cuisine.

Une banale omelette mais agrémentée de petits poivrons verts rissolés dans un peu d’huile d’olive et rafraichie, la dite omelette, d’une rougette enrichie d’ail frais, de cébette et de persil.

Et toujours ce Cabardès gouleyant qui accompagna de bien belle manière de savoureuses gariguettes.

Le tout contrarié par le déversement ininterrompu de commentaires ineptes, d’analyses infantiles, de louanges serviles.

(Le pire, le plus vil, le plus abjecte fut susurré par le Monarchiste et amuseur public Stéphane B dont il se dit qu’il est un familier du Roitelet Emmanuel 1° et de sa Dame Brigitte !)

Avant que le sommeil ne m’enclose dans un univers de rêveries érotiques dont je subodore qu’elles résultèrent de la fréquentation – exclusivement littéraire – de Camille Laurens.

Mais voilà que depuis les aurores de ce nouveau jour, les mêmes Médiatouilleurs déversent dans leurs micros leurs communes angoisses.

Qui donc le Roitelet Emmanuel 1° installera-t-il dans les fonctions de Grand Chambellan ?

En ce début d’après-midi, alors que je libelle cette chroniquouillette, le Roitelet n’a toujours pas publié l’édit qui confirmera la nomination de ce Grand Chambellan.

Les Médiatouilleurs frétillent.

Les Médiatouilleurs s’émervouillent de l’éventualité de la nomination à cette haute fonction d’un Résidu très droitier des troupes éparpillées de celui qui fut le si Trépidant Monarque.

Un état de chose qui évoque en moi une sorte de mollettisation récessive.

Un brutal et inopportun retour en arrière.

La modernité archaïque.

La seule qui soit toutefois en mesure de rassurer les esprits obtus des Médiatouilleurs, mécaniques soumises et rampantes qu’il m’advient peut-être d’écraser lors de mes rêveries les plus insensées.

A Voce Rivolta !