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24 novembre 2016

Muraille

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C’est une muraille qui n’est pas de Chine, en dépit des liens que l’avenante ville de Montpellier entretient avec l’Empire du Milieu.

Une muraille que ceint un fossé.

Un fossé bitumé.

Auquel les gens du cru ont donné un nom étrange, « la voie rapide ».

Tant il est vrai que la notion de rapidité y relève de l’aléatoire.

Mais le fossé bitumé est bel et bien « la voie rapide ».

Chaque matin, depuis que je m’oblige à arpenter le pavé, je la franchis via un passage dit protégé.

Le piéton s’interroge : de quelle(s) menace(s) est-il protégé ?

L’écrabouillement sous les roues d’un cercueil à roulettes ?

L’empoisonnement consécutif à l’absorption d’une multitude de gaz délétères (dits gaz d’échappement) ?

Quoiqu’il advienne de lui, mort lente ou mort instantanée, il a tout de même l’illusion d’être protégé lors du franchissement du fossé bitumé.

Il n’en est pas de même pour celles et ceux qui, à l’insu de leur plein gré, s’installent à l’abri de la muraille.

Dans des appartements mis à leur disposition – du moins je le suppose – par une société spécialisée dans l’érection de logements sociaux.

Donc des abris provisoires pour des pauvres, des « sans dents », des à moitié (et même un peu plus) détruits,

Tous ceux qui font la fortune des huissiers d’injustice chargés de les expulser au moindre manquement consécutif au plus anodin incident d’un parcours qu’il serait indécent de qualifier de professionnel.

Les faiseurs de logements dits sociaux ont récupéré en bordure du fossé bitumé un bout de terrain insalubre et y ont donc érigé un bâtiment dont l’état d’insalubrité se vérifiera dans des délais très courts.

Les pauvres, les « sans dents », les dans l’attente d’un avenir meilleur y emménagent.

J’en vois, de temps à autre, qui transbordent le peu de leurs biens depuis le coffre d’une automobile jusqu’à l’accès de la forteresse.

Les premiers occupants.

Qui déjà s’initient à la magie du lieu.

Les gaz délétères.

Le vacarme.

Amplifié par une multitude de pimponneries émises en rafale par les véhicules dits prioritaires.

Ce qui relève de la plus élémentaire des logiques : le fossé bitumé étant « la voie rapide », s’y engouffrent les véhicules de pompiers, les ambulances, les paniers à salade, ainsi que les berlines qui transportent vers l’aéroport les grands personnages de l’Etat (et de ses Annexes) empressés d’œuvrer pour le Bien Public.

Derrière cette muraille, j’ai la quasi certitude que ne résideront jamais le Grand Métropolitain  et la Fée Carabosse qui pourtant dissertent sur l’impérieuse nécessité d’opérer le brassage social.

 

 

Pas plus que Marcel.

Qui n’est pas un intellectuel.

Non.

Marcel est un brasseur d’affaires.

Et à soixante-seize ans, celui qui est donc mon ainé déclare son intention d’acheter l’ancienne mairie de la sous-préfecture d’Occitanie.

Lui.

Le revitaliseur du centre de la cité.

Il l’explique dans un long et néanmoins désopilant plaidoyer publié ce jour même parmi tant d’insignifiants Gazouillis.

Marcel veut du ludique en centre ville.

Afin de mieux brasser les affaires.

Il en a causé à Phiphi, lequel Phiphi n’a pas dit non.

Le plumitif gazouillant lui passe la brosse reluire.

Logique.

En terme d’euros, Marcel pèse lourd, très lourd.

D’ailleurs, voilà déjà quelques temps de cela, quelques malfrats avaient eu la très délicate et louable idée de l’attendre nuitamment devant sa résidence, à l’heure où il espérait profiter d’un repos bien mérité.

Que se dit-il cette nuit-là entre le brasseur d’affaires et ses inopinables visiteurs ?

Le plumitif gazouillant n’eut pas l’outrecuidance d’interroger Marcel.

(Lequel Marcel s’était autrefois singularisé, à l’instar d’un autre poids lourd montpelliérain, dans le foutreballe.)

Le brassage des affaires n’induit-il pas une discrétion de tous les instants ?

 

 

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