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1 mars 2016

Radeau de la Méduse

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Jules-Manu Mochevalls évacue ses amertumes au tréfonds de ses braies.

Ce Rastignac qui jamais ne connut les contraintes du travail, ce copain des Mnéfieux dont il fut le redevable pressent l’imminence de son désastre.

Du paysan laborieux prêt à demander à l’un de ses bovidés de l’encorner au syndicaliste ouvrier et vindicatif, il voit la France qu’il avait cru réduite au silence accumuler bouses, pavés et pneus entonner des rengaines, lesquelles pour contradictoires qu’elles soient expriment toutefois une même et générale exaspération.

Jules-Manu Mochevalls suinte la peur.

Alors, il lâche du lest.

Un tout petit peu de lest.

Les quelques plumes de pigeons, chacune lestée de quatre ou cinq crottes de biquette, afin d’éviter à son fragile esquif gouvernemental de se fracasser prématurément entre République et Bastille.

Rien ne doit contrarier son plan de carrière.

Or, il est embarqué sur ce radeau de la Méduse dont François-Philippe Mollétollande lui confia le commandement.

Au cœur des tempêtes.

Ballotté.

Virant vers le côté dextre de l’océan.

Attiré, focalisé par l’idéologie qui ne réclame ni intelligence ni donc le moindre effort intellectuel : l’idéologie que lui inoculent les Puissants et dont il fait ses délices.

A un point tel que celui qui fut un médiocre et fort peu assidu étudiant récite sottement le bréviaire de la religion néolibérale.

Bien qu’il portât encore une chasuble sur laquelle une dame patronnesse avait autrefois peinturluré un poing et une rose.

Et qu’en la compagnie du juvénile Emmanuel, son enfant de chœur préféré,  il prêche nuit et jour sur les inestimables vertus de la modernité.

Cette modernité qui sied aux Médéfieux et qui renvoie à des temps que j’avais cru abolis.

Lorsque désormais la société n’a plus d’autre perspective que de fabriquer des ilotes, des esclaves, des serfs, des soumis, des agenouillés.

Lorsque les enfants « finissent en débutant », eux qui savent à peine sortis de leurs couches-culottes que « les douze mois s’appellent décembre ».

Quand les Puissants ne leur dissimulent ni la haine ni le mépris qu’ils leur vouent.

Quand Jules-Manu Mochevalls ressasse devant les cénacles  des familiers du Couac Quarante les louanges des charognards qui ont abîmé leur propre pays tout en trouvant en Suisse, au Luxembourg ou dans je ne sais quelle île lointaine le Paradis où ils camouflent leurs immenses fortunes.

L’ancien Mnéfieux œuvre en faveur de la cause la plus indigne qui soit : celle d’une caste qui se veut désentravée de tout respect du Bien Public.

Le socialisme ne fut jamais son affaire.

Il le fut si peu qu’il veut s’en débarrasser une fois pour toutes et que pour atteindre à ses fins il triche, il ment, il manipule, il raconte des fariboles que seuls les innocents aux mains pleines, les coglione en attente de leur pourtant si maigre pitance peuvent estimer recevables.

Ceux qui s’aveuglent au point de refuser d’admettre qu’ils sont les complices d’un crime contre la beauté et l’intelligence.

Ceux qui applaudissent à l’état d’urgence, aux droits féodaux rendus aux Médéfieux, à la soumission du peuple.

Soit donc l’antinomie du socialisme.

De prétendus socialistes qui se font sicaires, reîtres et spadassins.

Alors même que les Puissants qui sont les commanditaires de Jules-Manu Mochevalls exigent que soit éradiquée la généreuse et fraternelle perspective socialiste.

Alors que ceux-là sont empressés de forcer leur avantage et de remporter cette guerre qu’un penseur barbu qualifia voilà bien longtemps de « lutte des classes ».

Alors que deux classes sociales continuent à s’affronter : celle des Possédants et celle des Prolétaires.

Et qu’un des moyens les plus efficaces de remporter cette guerre, c’est de provoquer le plus grand nombre possible de désertions dans le camp des Prolétaires.

Quoi de plus réjouissant pour les Médéfieux qu’un pays peuplé de veaux  et de moutons !

Avec Jules-Manu Mochevalls dans le rôle du Berger.

Et l’évanescente Myriam dans celui de la Bergère.

Le bout du bout.

La fin du rêve.

Le début du cauchemar.

 

A Voce Rivolta !

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