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8 janvier 2016

Quenottes

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Je pensais vous foutre une paix Ségolène et ne plus évoquer dans l’une ou l’autre de mes chroniquouillettes mes chicoteuses mésaventures.

A peine, et sous condition, me serais-je hasardé à glisser furtivement quelques mots sur les souffrances qu’endure Jules (mon petit-fils) suite à l’intempestive (quoique naturelle) poussée de quenottes dites de lait.

Le sort en a décidé autrement.

Souvenez-vous : Delphine et son assistante, lundi dernier, les pinces, l’extraction d’une molaire hors d’usage, le trou béant, le sang.

Mardi soir, au terme de ce que j’avais cru être l’ultime paracétamolaison, je m’étais endormi du sommeil du juste.

Convaincu d’avoir vaincu le mal.

Rasséréné.

Encouettisé.

Un gros dodo de vieux nono.

Un beau dodo interrompu aux alentours de 1h30 (soit donc le mercredi matin) par de lancinantes douleurs.

L’ensemble du maxillaire gauche jusqu’à l’oreille (de gauche, elle aussi).

Puis une lente et inexorable mutation, du lancinant jusqu’au sidérant.

(Si tant qu’il soit recevable de greffer un qualificatif pour décrire ce genre de souffrance…)

Nouvelle paracétamolaison.

Un gramme.

Retour sous la couette.

Reprise de la lecture de « Portnoy et son complexe » jusqu’à ce que survienne l’engourdissement.

De courte durée, cet engourdissement-la : aux alentours de quatre heures, les douleurs s’intensifient une seconde fois.

J’en appelle à l’assistance de Philip Roth.

Qui parvient durant une heure ou deux à apaiser mes souffrances.

Un répit.

Encore une paracétamolaison.

Toujours un gramme.

Le mal n’en a cure.

Mon maxillaire gauche est corrompu jusqu’à la moelle.

Une sorte de Cahuzac irréductible ce maxillaire.

Appel de détresse aux alentours de dix heures.

« Delphine ? »

Delphine compatit : « Urgence ».

J’accours.

Delphine se penche sur le trou béant.

Delphine y plonge ce qui ressemble à une fourchette à fondue (bourguignonne).

Delphine trifouille à l’intérieur du trou béant et en extrait des immondices que je m’interdis de regarder.

« Rincez-vous la bouche ! »

J’obtempère.

Diagnostic sans appel : « Vous me faites une alvéolite ».

Un trou, des alvéoles, un caillot de sang, des résidus zalimentaires, la pourriture, quasiment la gangrène.

Antibiotiques.

Ibuprofènaison.

Le moral dans les rangers (ceux que j’avais récupérés du côté de l’Odéon sur le cadavre d’un CRS en mai 1968).

Inusables.

(Les rangers)

Retour morose vers mon domicile.

Station de tram.

Et là, qui me toise, qui me nargue ?

L’Hercule des foires électorales !

En grand format.

L’ami de Veolia.

Le pèlerin revenu de Lourdes.

Quadricomique.

Avec sa dentition parfaite, ses cheveux désormais grisonnants (il n’a pas encore suivi l’exemple de François Mollétollande, lequel convoque régulièrement une teinturieuse chargée de conférer à sa chevelure une éternelle jeunesse) et son sourire carnassier.

Pas moins de trois portraits identiques du Baron de Machinchose.

L’émérite quoique fantasque vallsouilleur.

Je déprime.

La preuve ?

Je me replonge dans la lecture des œuvres complètes de Feu Papy Léon.

Demain, je m’efforcerai d’effectuer le décompte des quenottes qui émergent des maxillaires de Jules.

Si j’en suis encore capable.

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