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5 janvier 2016

Chicots

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Les douleurs s’édulcorent sans que se comble le trou.

Près d’un hectolitre de sang recraché dans l’évier de la cuisine, la cuvette des toilettes, le lavabo de la salle de bain.

Et toujours ce trou que ma langue n’ose effleurer.

Paracétamolaison.

Encore et toujours.

Nono bobo.

Beaucoup moins bobo toutefois.

Je me suis donc concédé un bon d’entrée/sortie pour la Médiathèque Emile Zola.

Motif : renouvellement du stock de romans.

Mon haquique quotidien.

Mes substances hallucinogènes.

Tramaison.

Dialogue révulsif avec la boutiquière de service dès mon entrée dans l’établissement.

J’y suis en effet considéré comme un apatride.

(J’ai eu la malencontreuse idée d’égarer, quelques jours avant Noël, mon porte-cartes. Donc plus de sésames. Donc inconnu en ce temple de la culture, tout autant que le soldat devant le tombeau duquel se recueille trois ou quatre fois l’an le camarade Mollétollande.)

Une cheffesse compatissante intervient puis me rétablit dans mes droits.

Un sésame immaculé grâce auquel je dispose enfin du droit de rendre et d’emprunter des livres.

Quelques pas dans le hall.

Et, tout-à-coup, un regard.

Un regard par-dessus un sourire carnassier.

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Le sourire de l’Hercule des foires électorales, celui de cet homme qui avait promis juré, voilà deux ans, d’assumer les fonctions de maire à plein temps de la ville de Montpellier.

Le ratatiné des régionales, qui avait péleriné jusqu’à Lourdes, brûlé moult cierges, imploré Bernadette plutôt que de s’adresser directement à Dieu le Père.

Le Baron de Machinchose.

Son regard rivé sur ma nuque pendant que, agenouillé, je compulsais les rares ouvrages consacrés à Jaurès.

Le sourire.

Une dentition parfaite.

Fort utile pour mordre et lacérer jusqu’aux viandes les plus coriaces.

La dentition du louveteau.

L’animal politique n’en est qu’à ses débuts.

Vallsouilleur émérite.

Doté de l’équerre et du compas.

Mitonneur de ratatouilles éculées et insipides auxquelles il adjoint les fades épices de l’archaïque modernité.

Rendu à la cité qu’il déserta le temps d’une longue et éreintante campagne de batelage.

Et qui, en une de « son » mensuel de propagande, clame l’immensité de ses mérites : « - 10% sur le prix de l’eau en 2016 ».

Ce qui s’avérera peut-être une foutaise.

Mais en cette saison des vœux, je lui concède l’absolution.

Par anticipation.

Quoique…

Les loups sont toujours dans la bergerie…

Veolia qui retraite les eaux usées.

Transdev qui concourt efficacement aux dysfonctionnements des trams.

Le filleul de Tonton Léon en est réduit à la portion congrue, à la gouttelette d’eau, celle qui ne fera pas déborder le vase.

Lui qui pourtant préside désormais au bon fonctionnement de la régie « publique ».

Nul n’est autorisé à faire ombrage à la gloire de l’Hercule des foires électorales, le danseur mondain qui vallse aussi bien sur trois que sur cent ou sur mille temps.

Même et surtout pas le descendant de la plus belle et la plus grande des lignées d’authentiques et vertueux révolutionnaires.

Le sourire.

Carnassier.

Omniprésent dans le temple de la culture.

Jusqu’à l’entrée de l’espace qui recueille les récessives productions grâce auxquelles Veolia engrange de fabuleux profits.

De belles dents bien blanches.

Toutes ses dents.

Alors que mes dix doigts me suffisent pour effectuer le décompte de mes chicots.

Alors qu’il ne me reste que l’espoir de la pose du bridge provisoire pour recommencer à croquer la croûte de mon pain quotidien.

N’est-ce pas Delphine ?

Le sourire.

Le sourire d’un homme.

A moins qu’il ne s’agisse d’une grenouille, puisque cet homme-la confessa qu’il fréquente les bénitiers.

Ma vue baisse.

Je cataracte de l’œil gauche.

Le sourire.

D’un arracheur de dents.

Non point les miennes.

Que nenni !

Celles des naïfs qui continuent à croire aux boniments.

Bon, je m’en vais recracher un ou deux hectolitres de sang supplémentaires.

A peine moins pire que de recracher de la bile.

 

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