Abstentionnistes

Comme elle serait belle la France si la cohorte des abstentionnistes s’était rendue dans les bureaux de vote pour y déposer de « bons » bulletins !

Des bulletins « républicains », bien entendu.

Gauche(s) ou droite(s), c’est tellement évident.

C’est ce que je crois comprendre non seulement en parcourant les nombreuses élucubrations concoctées au sein de la Médiatouillerie (qui a par ailleurs œuvré avec une belle constance et depuis tant d’années en faveur des tenants de la Bête Immonde), mais aussi en découvrant la foule des contributions qui trainent sur les réseaux que l’on dit sociaux.

L’abstentionniste serait donc un « républicain » sincère qui aurait sottement oublié d’accomplir son devoir électoral ?

Chacun se donne bonne conscience comme il le peut ou comme il l’entend.

Mais qu’il me soit permis de considérer que de telles allégations relèvent de l’infantilisme.

N’a-t-il mieux valu, au contraire, que la cohorte des abstentionnistes se soit abstenue (je ne doute pas que vous me pardonnerez ce recours à la tautologie) ?

Je pose donc la question qui fâche : le non-votant n’est-il pas un électeur en phase de transition vers un expression individuelle non « républicaine », un électeur qui n’a pas encore osé franchir le pas, qui culpabilise, mais que la moindre secousse pourrait faire basculer du mauvais côté ?

J’entends par là que l’ampleur du séisme se mesure non seulement par les scores électoraux réalisés par les tenants de la Bête Immonde, mais aussi par la non-expression d’un choix souhaité (mais non accompli) par toutes celles et tous ceux qui refusent désormais de se reconnaître dans les représentants des partis dits « républicains ».

L’obstination à ne pas reconnaître la société française pour ce qu’elle est devenue, une société extrême-droitisée parce qu’elle n’avait pas d’autre choix, cette obstination ne peut générer que nouvelles et cruelles désillusions.

Blâmer, moquer, injurier les non-votants aura des conséquences catastrophiques.

Ils trouveront dans les sarcasmes dont ils sont accablés la motivation suffisante qui les conduira à franchir le pas.

Celles et ceux qui se prétendent citoyens et responsables, qui se présentent sous les atours qui siéent aux « républicains » vertueux, tous ces gens de « bien » esquivent l’art de la critique de l’action politique telle qu’elle est conduite depuis des lustres par les chefs des deux clans.

Alors qu’il n’existe aucune solution, aucun autre remède pour contrecarrer les ambitions des tenants de la Bête Immonde que dans la capacité des citoyens de se réapproprier le « Politique ».

Nous en sommes très loin.

S’accélèrent au contraire la régression et l’infantilisation des masses (le recours au vocabulaire marxiste est parfois utile).

Ce qui fait obstacle au retour du « Politique » sur le devant de la scène.

Ce qui fait le jeu des tenants de la Bête Immonde.

Ce prochain dimanche, le ciel risque de s’assombrir un peu plus.

Non seulement du côté de Lille, de Marseille, mais aussi de quelques autres capitales régionales, dont celle qui me concerne directement.

Le temps est compté.

Je doute que les censeurs et les procureurs qui n’expriment qu’un point de vue stérilement moral et culpabilisant l’aient compris.

C’est donc à eux qu’il sera nécessaire, dès les premiers jours de la semaine prochaine, de demander des comptes.

A Voce Rivolta !