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16 novembre 2015

Larmes

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« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand… »

Les mots de Missak Manouchian.

Arménien, exilé en France après la mort de ses parents, victimes du premier génocide de l’autre siècle.

Poète.

Communiste.

Résistant.

Français.

De la plus belle France qui fut, celle de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité.

« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand. »

Les derniers mots qu’il écrivit à Mélinée, sa compagne, avant d’être fusillé par les nazis le 21 février 1944.

La haine, que j’ai fortuitement rencontrée, lue, entendue ce matin-même.

La haine à l’encontre d’Autres, à l’encontre d’Exilés.

Libellée en belle et bonne langue française sur des feuilles de papier qui furent ensuite affichées sur des poteaux électriques et sur le portail d’une confortable demeure.

Exprimée sans le moindre complexe par des gens que l’on dit ordinaires, de probables français de bonne et belle souche, entre le bar où je m’en vais chaque matin boire mes deux petits noirs et le tram qui me véhicule jusqu’à mon domicile.

La haine, comme un prélude au désir à peine refoulé d’exterminer les Autres, les pas ressemblants.

Comme une ignoble façon de signifier une seconde mort à celles et ceux qui furent les victimes du plus effroyable carnage que la ville de Paris ait connu depuis un certain 17 octobre 1961.

Carnage absout celui-là.

Je naquis le 6 juin 1942.

Depuis ce jour où je me suis extirpé du ventre de ma mère, je n’ai pas cessé d’entendre le fracas des bombes et celui de la mitraille.

Il n’y eut pas un seul instant de ma déjà longue vie qui ne fut scandé par le vacarme des guerres.

Il n’y eut pas un seul jour où quelque part sur cette planète qui se meurt ne s’amoncelèrent les cadavres d’innocentes victimes.

Aucun répit.

Le carnage perpétré à Paris ne constitue que l’antépénultième épisode de cette succession de ce qu’en termes pudiques nous qualifions, vous et moi, de « drames ».

Aujourd’hui, lundi 16 novembre, je n’ai pas observé de minute de silence.

J’ai choisi d’écouter le « Requiem » de Mozart et de penser aux millions de morts « pour rien ».

Ou, et plus exactement, pour que tous les systèmes d’oppression, d’asservissement fussent en mesure de poursuivre leur macabre entreprise.

En tout premier lieu le système capitaliste.

Toutes les belles vies anéanties au cours de l’effroyable, de la terrifiante nuit parisienne le furent au nom d’une cause qui ne peut se réduire à ce qu’assène la propagande officielle.

Celle d’un groupe des fous d’un dieu détenteur de l’unique vérité.

Ce groupe est la conséquence directe des politiques aberrantes conduites au Moyen Orient par les puissances occidentales depuis un quart de siècle.

Des politiques dont les objectifs sont, aujourd’hui encore, camouflés derrière un rideau de fumée.

Tant il importe de duper les peuples des quelques pays qui prétendent conduire le devenir de l’Humanité.

Les guerres américaines et françaises au Mali, en Irak, en Afghanistan n’ont jamais eu pour visée d’aider les peuples de ces pays-là à vivre « la » démocratie et donc à se débarrasser des tyrans.

L’objectif est beaucoup plus trivial : assurer la continuité de l’approvisionnement de la machinerie capitaliste en matières premières indispensables à son bon fonctionnement.

Dont le pétrole et l’uranium.

Les puissances occidentales, dont la France, ont obtenu à un prix exorbitant, au cœur du Moyen Orient, le soutien d’autres tyrans, ceux qui d’une main de fer n’ont jamais cessé d’asservir des peuples pour lesquels l’émergence de la démocratie ne relève même pas du rêve.

L’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats Arabes Unis…

Etats croupions mais si riches qu’ils s’autorisent à tout acheter.

Dont cette multitude des armes que la France de Valls leur vend.

Alors que le groupe des fous d’Allah bénéficia de leurs largesses.

Des groupes qui surent faire usage de tous les arsenaux offerts par les puissances occidentales à des « rebelles » auxquels nos idéologues à nous prêtèrent d’étranges vertus.

Voici qu’en plein cœur de Paris les réalités s’imposent de la plus sanglante des façons.

Voici que les braves gens découvrent qu’une guerre oppose deux parties qui font usage, chacune à leur façon des armes dont elles disposent.

La terreur « chirurgicale » pour les uns, ceux qui ne précisent jamais le nombre des innocentes victimes non comptabilisables parmi tous les cadavres consécutifs aux bombardements.

La terreur « aveugle » pour les autres, barbares endoctrinés qui visent celles et ceux qui ne sont pas en mesure de comprendre le pourquoi de cette guerre.

Mensonges.

Manipulation des consciences.

Forfaiture.

Le Moyen Orient est à feu et à sang.

Les conditions furent créées, de Bush en Obama, de Sarkozy en Hollande, pour qu’il en soit ainsi.

La France qui n’est pas mienne s’enclot, au lendemain du nouveau carnage, dans un processus dont je redoute qu’il ne conduise à un désastre politique.

Le Matamore de Matignon ne cesse de jeter de l’huile sur le feu.

Des français  de bonne et belle souche extirpent de ses propos l’aliment de cette haine dont j’ai rencontré de furtives mais ô combien significatives traces ce matin.

Un peu plus de guerre.

La guerre dont les échos ne sont perceptibles que par l’intermédiaire des insignifiantes traces que laisse percevoir une Médiatouillerie asservie.

La guerre intérieure, celle que des français de bonne et belle souche appellent de leurs vœux afin d’en finir une fois pour toutes de la menace diffuse que ferait peser sur eux la multitude des Exilés, des pas ressemblants ?

Je survis dans un monde à la dérive.

Je suis ancré à une terre, la terre de France, exsangue d’avenir, n’ayant d’autre perspective que de gérer un quotidien sinistre, soumis aux contingences d’un capitalisme qui n’a plus d’autre ennemi que lui-même.

Je pleure les pauvres morts de Paris.

Je pleure les pauvres morts de toutes ces guerres qui ont jalonné mon existence.

 

Pace è Salute !

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