Abstinence

Je m’autoflagelle.

Je prononce à l’encontre de moi-même des sentences implacables allant jusqu’à la réclusion à perpétuité assortie d’une période dite de sécurité de mille années.

Pas moins.

Comment ai-je pu me laisser berner à ce point par le Foutriquet qui tant fit bouger à gauche que la voici enlisée dans les sables mouvants d’une idéologie droitière qui réjouit au plus haut point les Médéfieux et la clique des nantis, lesquels s’empiffrent sur le dos des damnés de la terre de France ?

Pis qu’impardonnable : injustifiable !

Pas plus tard que ce récent mercredi, lors d’une zigzagante lecture de quelques brèves, je découvris une information dont le contenu me parut se placer sous le signe du bon sens : la Frivolette en charge de notre santé acceptait enfin que les homosexuels soient autorisés à donner leur sang aux organismes chargés de la collecte.

J’opinai.

Mollement.

Mais j’opinai tout de même.

Jusqu’à ce que je découvre la phrase qui accompagnait cette concession : « … à condition qu’ils se soient résolus à une pleine année d’abstinence… » (je résume sans trop le travestir le propos de Marie-Sol).

De la pure vaticancanerie, une papistouillerie éhontée !

« Tu restes un an sans baiser et nous, en notre immense magnanimité, nous daignerons récolter trois gouttes de ton sang… »

Une tartufferie sans nom.

Dont il ressort que les homosexuels sont toujours considérés comme des sous-citoyens tout juste bons à recevoir la bénédiction républicaine si l’envie leur vient de succomber aux délices des épousailles.

Une immonde canaillerie.

Inspirée par qui, sinon par les tenants de l’ordre moral ?

De la vieille droite si peu républicaine aux crapauds de bénitiers en passant par les serviteurs des dieux dont les chamailleries restent la cause première de toutes les guerres qui nous sont infligées.

Lâcheté.

Conformisme.

Stupidité.

Vulgarité.

Puisqu’il n’est rien de plus vulgaire que de mépriser à ce point les citoyens.

La clique des fossoyeurs du socialisme.

Que de gentils socialistes d’en bas soutiennent encore.

Alors que François, Manu, Yves et consorts destinent tous leurs mauvais coups à celles et ceux qui n’ont rien (ou presque rien).

Etrange paradoxe, mais ô combien révélateur de l’état de délitement du parti qui n’a plus rien de socialiste.

Au-delà de l’affront fait hier ou avant-hier par la Frivolette en charge de notre santé aux homosexuels, ce sont toutes les dérives qui affectent le quotidien des couches populaires qui devraient générer la colère et l’indignation.

Or, et à quelques exceptions près, je ne constate que la résignation qui s’accompagne parfois d’inconséquentes tentatives de justification des violences faites aux humbles.

L’ultime étape du renoncement.

Qui me confirme que la clique qui gouverne la France est bel et bien la principale responsable de la pourtant résistible ascension de la Bête Immonde.

Pour en revenir aux propos de Marie-Sol, je ne vois qu’une manière de clamer mon indignation et d’entrer (trop tardivement ?) en résistance : la pratique assidue, la pratique permanente de l’abstinence électorale.

A Voce Rivolta !