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8 juillet 2015

Grenouille

philippe_saurel_affiche_municipales_2014_38

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Son regard a croisé le mien.

Ce matin.

Un portrait quadricomique à la une de l’hebdo de référence d’ici.

Quelque peu débraillé.

A n’en point douter, la volonté de se donner des apparences ibères ou hellènes.

Un rictus.

Qui autorise tout de même la découverte d’une dentition quasiment parfaite.

Une cinquantaine d’exemplaires encore empilés sur le présentoir installé pourtant en bonne place dans l’officine du dépositaire de presse chez lequel je m’arrête chaque matin.

Six jours après la mise en vente du n° 1411 de l’hebdo.

Phiphi ne ferait-il plus que moyennement recette ?

Lui, le pas très bien élu ?

Donc son regard.

Comme absent.

Comme si Phiphi n’ignorait pas qu’en dépit du titre (« Saurel : pourquoi il y va), il serait plus sage de ne pas y aller.

Aller où ?

Aux élections régionales de décembre prochain, bien entendu.

A la tête d’une liste composite, mais très certainement fortement droitisée, qui ne disposera que d’un espace politique réduit entre les deux listes qui se disputeront le pouvoir : celle des fans de Nicolas et celle des résignés à subir les ultimes trahisons du hollandisme décadent.

Une candidature qui irrita son ami Manu : je lus l’information en Corse, en ces instants si particuliers au cours desquels je dégustais quelques fines tranches de lonzu.

Mais Phiphi n’a pas retenu les enseignements de Monsieur Jean de la Fontaine.

Lui qui fut en ses vertes années une grenouille (de bénitier, si j’en crois certaines confidences) a laissé croître à une vitesse à mes yeux vertigineuse des ambitions qui ne connaissent désormais plus de limites territoriales.

Le voici qui veut se faire plus gros que le bœuf.

Lui, l’humble serviteur qui prétendit autrefois n’être rien d’autre que « le maire à plein temps » de Montpellier !

Certes, l’appétit vient en mangeant.

Mais tout de même !

Passer du statut de jardinier municipal, de ramasseur de poubelles et de soudeur de rails (entre autres) à celui de Prince Consortable du Grolanguedoc, voilà qui dépasse bel et bien l’entendement.

Certes, Phiphi s’en alla plusieurs fois quérir à Toulouse le soutien du sieur Baylet, lequel s’avère incapable d’entretenir la flamme d’un radicalisme tombé en état de désuétude.

Mais le sieur Baylet est un homme avisé.

Il sait, lui, quelles sont les limites à ne pas franchir.

Car il a l’obligation, lui, le sieur Baylet, de maintenir debout son très fragile empire de presse qui associe « sa » Dépêche à ce si peu Libre Midi dont il vient d’acquérir les ruines.

Une obligation qui le conduit à tenir compte de l’avis de ces parisiens qui font la pluie et le beau temps jusques en ces terres sur lesquelles il régna si longtemps.

Le Canard fournit aujourd’hui même des informations susceptibles de réfréner les ardeurs de Phiphi.

Une brève intitulée « Baylet cale en rase campagne » laisse entendre que le château de cartes si péniblement érigé s’écroulera au premier souffle d’une brise élyséenne : « Baylet s’apprête à faire allégeance à la candidate désignée par le PS, l’ex-secrétaire d’Etat Carole Delga. Il a obtenu l’assurance de pouvoir disposer d’un nombre confortable de candidats PRG sur les listes Delga. »

Phiphi risque donc très vite de se retrouver Gros Jean comme devant.

Rendu à ses fonctions initiales (jardinier, balayeur, soudeur…).

Condamné à recopier cinq cent fois sur ses cahiers d’écolier, durant ses vacances estivales, la fable de Monsieur Jean de la Fontaine.

« Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point.". La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages. »

 

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