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20 mai 2015

Rosa rosa rosam

gaffiot

 

 

 

 

 

 

 

 

Je ne suis pas parvenu à me « faire » une vérité sur le débat qui mobilisa la Médiatouillerie, celui qui concerna la réforme des collèges.

J’ai écouté, j’ai lu, sans jamais me délivrer de la très désagréable sensation que la plupart de ceux qui traitaient doctement de cette réforme me prenaient pour un sot et (ou) un ignorant.

L’affaire fut en effet camouflée derrière un rideau de fumée : l’enseignement de deux langues que l’on dit mortes, le latin et le grec.

Il paraît en effet tellement évident qu’imposer la découverte de deux langues défuntes à mes petits-enfants ne présente aucun intérêt éducatif.

Sauf qu’il serait tout de même judicieux de se méfier des évidences.

Dans la quasi-totalité des mots dont je fais ici usage transparaissent les lointaines racines latines et grecques et qu’il peut donc s’avérer utile d’en maîtriser ne serait-ce que les rudiments.

A titre très personnel, je ne garde pas un souvenir exaltant des cours que des professeurs imbus de l’immensité de leur savoir assénaient à des gamins qui, en ces temps reculés, n’avaient d’autre droit que d’ânonner bêtement des textes auxquels ils ne comprenaient rien.

Aujourd’hui encore, et comme pour me venger, je chante en me pourléchant les babines le « Rosa » de Jacques Brel.

En particulier sa conclusion :

« C'est le tango des récompenses
Qui vont à ceux qui ont la chance
D'apprendre dès leur enfance
Tout ce qui ne leur servira pas »

Mais j’entends également ce que le Grand Jacques précise aussitôt :

« Mais c'est le tango que l'on regrette
Une fois que le temps s'achète
Et que l'on s'aperçoit tout bête
Qu'il y a des épines aux Rosa »

Et c’est bien cette question des épines qui m’interroge le jour même de la publication au Journal Officiel du texte de la dite réforme.

Une réforme dont je pressens que ses promoteurs ont soigneusement évité de lui accoler en préambule la question fondamentale : quelle mission assigner à l’école ?

Si la ministreuse et ses conseillers n’explicitent pas clairement ce que doit être cette mission, la réforme est à ranger dans le casier où s’archivent depuis des lustres toutes les mesures techniques qui n’ont servi qu’à ravauder le service public de l’éducation.

Or, dans le débat qui vient de se clore par la publication au Journal Officiel du texte en question, ce qui relevait de l’essentiel fut confiné aux marges, voire même totalement ignoré par celles et ceux qui furent les porte-voix de la ministreuse et de ses conseillers.

De vrais, d’authentiques socialistes auraient d’emblée proclamé ce que doit être la mission fondamentale de l’école : préparer le collégien (l’écolier d’hier et le lycéen de demain) à assumer ce qui constituera la partie majeure de son existence, sa citoyenneté.

Laquelle n’a d’autre corollaire que sa liberté, liberté de comprendre, d’analyser, de choisir, de décider, de cheminer en toute connaissance de cause.

Ce qui suppose que lui aient offerts le savoir et la culture.

De vrais, d’authentiques socialistes ne concéderaient rien sur ce terrain-là.

Le collégien d’aujourd’hui n’est pas en priorité un producteur en devenir, mais bel et bien l’individu émancipé mis en mesure de prendre toute sa place dans le mouvement de la société.

Cela, je ne l’ai ni lu et ni entendu, ou de façon si feutrée, si peu explicitée que je me sens obligé de rechercher les intentions cachées.

Le service public d’enseignement est en souffrance.

La réforme des collèges ne soulagera, au mieux, que quelques-uns de ses maux superficiels.

La gangrène le menace.

D’autres Diafoirus, dans un avenir pas trop lointain, lui imposeront la pharmacopée ouvertement libérale qui finira de l’achever.

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