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16 avril 2015

Sinistre négoce

picasso241

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Si je savais une chose utile à ma nation qui fut ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis homme avant d’être français, ou bien parce que je suis nécessairement homme et que je ne suis français que par hasard. »

(Montesquieu, « Pensées »)

L’Enarchiant Monarque continue à faire injure à Montesquieu.

Et par ricochet à moi-même, un moi-même dont je dois cependant bien reconnaître qu’il est le cadet des soucis de celui dont je considère, là où je suis, qu’il n’est qu’un paltoquet.

Oui, Ta Majesté, j’ai honte de cette nationalité qui me fut imposée voilà bientôt septante et trois ans.

Je naquis certes français au mitan de la seconde guerre mondiale, mais dans un pays dont l’immense majorité des gens avait fait allégeance au vieux maréchal qui lui-même avait fait allégeance au Führer.

Donc français dévalué autant qu’humilié dès que je m’extirpai, non sans peine et avec moult regrets, du ventre maternel.

J’avais trois ans lorsque la soldatesque française assistée de nostalgiques du vieux maréchal massacra du côté de Sétif tant et tant de ces algériens qui avaient eu l’outrecuidance d’imaginer qu’au lendemain de l’éradication de l’abomination nazie s’ouvraient à eux les perspectives de la construction d’une nation conforme à leurs aspirations.

J’ai grandi au rythme des guerres dites coloniales, ces guerres qui jalonnèrent l’écroulement de l’empire dont l’école de la République m’enseigna, contre l’évidence même, qu’il était bel et bien « français ».

J’ai atteint l’âge d’homme alors que s’achevait dans d’atroces convulsions l’ultime de ces guerres-là et avec, là encore, les crimes perpétrés par les nostalgiques du vieux maréchal.

J’ai cru, cette ultime guerre-là terminée, que le pays où j’étais né par hasard se comporterait enfin de manière vertueuse et qu’il occuperait une place de premier choix dans les seuls combats qui vaillent, ceux pour l’établissement de la paix universelle.

J’ai cru que s’en venait enfin le temps des Lumières, que les mots de Montesquieu inspireraient les consciences.

J’ai bien vite déchanté.

Sous le règne du Général aux bras si longs, les pires crapules qui soient installèrent dans la plupart des pays autrefois colonisés des pouvoirs inféodés à la vielle et décadente puissance tutélaire.

Des dictateurs, des despotes soumirent alors leurs peuples aux seules exigences liées à l’intérêt exclusif de l’ancien colonisateur.

Leurs armées furent dotées des armements vendus à prix d’or, armements grâce auxquels elles firent régner le seul ordre qui leur fut concevable, celui d’un capitalisme avide de tirer les profits les plus élevés des richesses naturelles dont disposaient ces pays.

J’ai vécu les très longues années de l’instauration du néocolonialisme sous les règnes successifs des Monarques à contrat à durée déterminée.

Georges, Valéry, François, Jacques, Nicolas.

L’industrie française de l’armement prospéra.

Grâce aux ventes imposées aux dictateurs et despotes régnant sur les jeunes nations de ce qui avait été et restait sous d’autres formes l’Afrique française.

Grâce aux contrats négociés avec tant et tant d’autres régimes corrompus ou corruptibles.

Et voilà qu’en l’an de grâce 2015, l’Enarchiant Monarque, celui qui a le culot de se dire socialiste alors même qu’il n’est qu’un avatar de la cacochyme mais ô combien prégnante machinerie étatique, voilà que cet infiniment petit personnage tire gloire de la vente d’engins de mort à un dictateur égyptien et à un nationaliste indien.

Des engins de mort fabriqués par des ouvriers français qui n’auraient d’autre souci, si j’en crois mes mes récentes lectures, de préserver leurs emplois.

Des emplois concédés par cet avionneur, qui aurait, entre autres, acheté des voix d’électeurs à Corbeil-Essonnes, avec tant des euros sonnants et trébuchants accumulés grâce à la vente de ces engins de mort.

A quoi donc se résume aujourd’hui la grandeur de la France, pays où le hasard me fit naître et dont je ne suis citoyen que par obligation ?

A ce négoce infâmant pour qui se réclame des Lumières et à la pensée de Montesquieu.

« Si je savais une chose utile à ma nation qui fut ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon prince… »

Ce pauvre pays n’aurait-il donc d’autre alternative pour assurer sa médiocre prospérité que de vendre aux fauteurs de guerres les engins destinés à semer la mort ?

Suis-je dans l’obligation de m’y résoudre et de joindre ma voix au chœur des indifférents ou, et pire encore, des sans conscience toujours prêts à vendre leur âme à la caste qui conduit l’humanité à sa perte ?

J’ai honte d’appartenir à une nation qui s’abaisse à ce point-là.

Je dissimule le bout de carton plastifié qui prétend faire de moi un français.

Je suis nécessairement homme.

Un point, c’est tout.

 

A Voce Rivolta !

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